Lorsque j’ai intégré ma nouvelle entreprise il y a un mois de cela, j’y suis entrée en même temps que deux autres personnes, une femme de quarante-sept ans et un homme de trente-huit ans. J’ai tout de suite sympathisé avec cette femme qui aurait pu être ma mère. Un petit bout de femme extrêmement courageux du haut de son mètre cinquante.

 

Notre travail : le re-conditionnement de pièces automobiles. 

J’ai vingt-sept ans et je trouve ce travail extrêmement difficile alors j’ose à peine imaginer la difficulté supplémentaire en ayant un âge plus avancé. Pourtant durant ces cinq semaines qui se sont écoulées, je ne l’ai jamais entendu se plaindre ou baisser les bras. Bien au contraire. Elle s’est accrochée comme elle l’a pu, ne prenait pas le temps d’aller en pause par crainte de ne pas boucler sa production (pour informations, il faut que nous fassions une production de 420 minutes par quart…), elle restait concentrée et ne parlait à presque personne…

Et puis, en milieu de semaine dernière, les responsables nous ont annoncé qu’étant donné que l’activité était en baisse, ils ne pouvaient se permettre de garder tous leurs intérimaires, priorité à ceux qui venaient tout juste de signer un contrat jusqu’au mois d’août… Etant dans les dernières arrivées, nous savions que nous n’allions pas faire longtemps malgré tous les efforts fournis. 

Pris en aparté, notre responsable nous a annoncé qu’elle me gardait mais pas ma collègue du fait des chiffres… Les chiffres, toujours les chiffres, sans même prendre en compte l’aspect humain comme toujours ! Parce qu’excusez-moi du peu, je trouve qu’il est bien plus aisé de faire une production de 420 quand on a vingt ans de moins que les autres ! 

Déçue, elle l’a été d’autant plus qu’elle a aussi bien besoins de travailler… Même si la responsable lui a dit qu’elle serait dans les premières à être rappelé au vu de ses efforts, rien ne dit quand elle sera rappelée… Malgré tout, alors que certains n’auraient rien fait pour les derniers jours, elle a bouclé sa semaine avec sa production ! 

Tout cela pour dire que lorsque je vois des petites jeunes qui ne font rien ou presque rien du seul fait qu’elles viennent de signer leur contrat jusqu’au mois d’août, qui discutent toute la nuit sans se préoccuper du travail et bien je suis hors de moi ! Sandrine avait une conscience professionnelle, et on l’a mit dehors ! Elle doit travailler pour nourrir sa famille et non pour se faire de l’argent de poche. Quel choix incompréhensible, je souhaite vraiment qu’ils la rappellent très vite car elle mérite sa place bien plus que certains et a prouvé qu’elle avait la volonté de s’accrocher.