Il semblerait que chaque fois que l’on aborde, de près ou de loin, un sujet touchant la religion les débats s’enflamment et des propos intransigeants, voire haineux jaillissent rapidement. Ces propos, proférés tant par les athées que par les pratiquants d’une religion battent en brèche l’idée que l’on se fait de la liberté d’opinion, du respect de l’autre et de la tolérance qui semblait pourtant un des acquis majeurs de la fin du siècle passé.

Le but de ce billet n’est donc pas de débattre une fois encore de l’existence ou de la non-existence de Dieu, le très bon article de supertitom « Dieu : Doit on réellement y croire? » agite d’ailleurs actuellement les colonnes de Come4News, mais bien de se poser la question si l’idée de Dieu, qu’on y croit ou non, reste un symbole d’amour et de fraternité pour les hommes.

Ainsi, alors que l’on m’a toujours enseigné que Dieu était amour et pardon, que le devoir des prophètes était de guider les brebis égarées vers le Seigneur, force est de constater que souvent ceux qui parlent du haut de leur croyance n’ont que la violence au bout des lèvres.

Et ce qui est vrai pour la religion catholique l’est aussi pour les autres religions puisqu’on qu’on assassine autant au nom de Rome que de l’islam.

Bien entendu, le message de la Bible est clair, il faut aimer son prochain, partager avec les autres, s’intégrer dans la communauté de manière honnête et se tenir éloigné de la tentation et des péchés.

Mais il existe d’autres textes dans la Bible, des textes plus violents dont certains attribuent même des meurtres directement au Seigneur !

Le plus célèbre d’entre eux concerne évidemment l’Exode ou la fuite du peuple élu hors d’Égypte. On se souvient sans peine des sept plaies d’Égypte et du départ des Juifs vers la Terre promise.

Exode 12-29

Au milieu de la nuit, l’Éternel frappa tous les premiers-nés dans le pays d’Égypte, depuis le premier-né de Pharaon assis sur son trône, jusqu’au premier-né du captif dans sa prison, et jusqu’à tous les premiers-nés des animaux.

Exode 12.30

Pharaon se leva de nuit, lui et tous ses serviteurs, et tous les Égyptiens; et il y eut de grands cris en Égypte, car il n’y avait point de maison où il n’y eût un mort.

Exode 12.31 Dans la nuit même, Pharaon appela Moïse et Aaron, et leur dit: Levez-vous, sortez du milieu de mon peuple, vous et les enfants d’Israël. Allez, servez l’Éternel, comme vous l’avez dit.

Exode 12.32

Prenez vos brebis et vos boeufs, comme vous l’avez dit; allez, et bénissez-moi.

Exode 12.33

Les Égyptiens pressaient le peuple, et avaient hâte de le renvoyer du pays, car ils disaient: Nous périrons tous.

Exode 12.34

Le peuple emporta sa pâte avant qu’elle fût levée. Ils enveloppèrent les pétrins dans leurs vêtements, et les mirent sur leurs épaules.

Exode 12.35

Les enfants d’Israël firent ce que Moïse avait dit, et ils demandèrent aux Égyptiens des vases d’argent, des vases d’or et des vêtements.

 

Exode 14.21

Moïse étendit sa main sur la mer. Et l’Éternel refoula la mer par un vent d’orient, qui souffla avec impétuosité toute la nuit; il mit la mer à sec, et les eaux se fendirent.

Exode 14.22

Les enfants d’Israël entrèrent au milieu de la mer à sec, et les eaux formaient comme une muraille à leur droite et à leur gauche.

Exode 14.23

Les Égyptiens les poursuivirent; et tous les chevaux de Pharaon, ses chars et ses cavaliers, entrèrent après eux au milieu de la mer.

Exode 14.24

À la veille du matin, l’Éternel, de la colonne de feu et de nuée, regarda le camp des Égyptiens, et mit en désordre le camp des Égyptiens.

Exode 14.25

Il ôta les roues de leurs chars et en rendit la marche difficile. Les Égyptiens dirent alors: Fuyons devant Israël, car l’Éternel combat pour lui contre les Égyptiens.

Exode 14.26

L’Éternel dit à Moïse: Étends ta main sur la mer; et les eaux reviendront sur les Égyptiens, sur leurs chars et sur leurs cavaliers.

Exode 14.27

Moïse étendit sa main sur la mer. Et vers le matin, la mer reprit son impétuosité, et les Égyptiens s’enfuirent à son approche; mais l’Éternel précipita les Égyptiens au milieu de la mer.

Exode 14.28

Les eaux revinrent, et couvrirent les chars, les cavaliers et toute l’armée de Pharaon, qui étaient entrés dans la mer après les enfants d’Israël; et il n’en échappa pas un seul.

Exode 14.29

Mais les enfants d’Israël marchèrent à sec au milieu de la mer, et les eaux formaient comme une muraille à leur droite et à leur gauche.

Exode 14.30

En ce jour, l’Éternel délivra Israël de la main des Égyptiens; et Israël vit sur le rivage de la mer les Égyptiens qui étaient morts.

Exode 14.31

Israël vit la main puissante que l’Éternel avait dirigée contre les Égyptiens. Et le peuple craignit l’Éternel, et il crut en l’Éternel et en Moïse, son serviteur.

 

Quelle violence, après avoir massacré d’innocents enfants, l’Éternel s’en prend ensuite à toute une armée alors qu’il aurait été si simple de ne tuer que Pharaon ! D’ailleurs, certains spécialistes de la bible font une comparaison non dénuée d’intérêt entre l’Apocalypse et la sortie d’Égypte. En effet, on y retrouve deux croyances qui s’affrontent où ne seront sauvés en fin de compte que ceux qui auront suivi l’appel de Christ.

Ainsi, la Bible ne parlerait une fois encore que de faits passés et non de l’avenir de la race humaine. D’ailleurs, ces mêmes spécialistes affirment que la bête dont parle la Bible, bête dont on connaît le nom ou le nombre de son nom (666), n’est autre que Néron et non un futur prophète de l’Apocalypse. Néron, qui avait jeté l’anathème sur les rares chrétiens en les accusant d’avoir provoqué l’incendie de Rome.

Après les meurtres attribués à Dieu, il y a tous les autres attribués à ceux qui prétendaient parler en son nom.

Ainsi, il y a eu les croisades, l’inquisition, les colonisations où des peuples entiers ont été soumis ou massacrés puisqu’ils n’avaient pas d’âme et que l’Église venait les sauver, et voilà maintenant les prophètes de tous bords qui nous annoncent l’arrivée de l’antéchrist avant la fin des temps et la perte de l’humanité puisque ne seront sauvés que ceux qui auront suivi l’appel du Christ. Car, en effet, d’après ces prophètes de mauvais augure, hors du Christ il n’y aurait de rédemption.

Certains nous annoncent l’arrivée de l’antéchrist pour 2012, mélangeant ainsi légende chrétienne et calendrier maya. Remarquez que si vous remplacez le nom du Christ dans cette annonce de fin du monde par n’importe quel autre nom vous aurez une très bonne définition d’une dictature. Quel choix nous proposent-ils en effet ? Ou nous nous soumettons au Christ, ou nous succomberons à l’antéchrist et périrons avec le monde !

Pour rappel, et bien qu’à l’origine le mot antéchrist désignait uniquement les judéo-chrétiens qui ne reconnaissaient pas le caractère divin du Christ et qu’il n’évoquait donc nullement un usurpateur ou un prophète annonçant la fin des temps (d’ailleurs ce terme était utilisé au pluriel : les antéchrists), soulignons que le mot antéchrist n’apparaît pas une seule fois dans tout le texte de l’Apocalypse et que la version moderne du terme désigne – dans la mythologie populaire chrétienne – l’adversaire du Christ.

En fait, on ne parle que quatre fois de l’antéchrist dans la Bible :

Jean 2.18 : Petits enfants, c’est la dernière heure, et comme vous avez appris qu’un antéchrist vient, il y a maintenant plusieurs antéchrists: par là nous connaissons que c’est la dernière heure.

Jean 2.22 : Qui est menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l’antéchrist, qui nie le Père et le Fils.

Jean 4.3 : et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de Dieu, c’est celui de l’antéchrist, dont vous avez appris la venue, et qui maintenant est déjà dans le monde.

Jean 1.7 : Car plusieurs séducteurs sont entrés dans le monde, qui ne confessent point que Jésus Christ est venu en chair. Celui qui est tel, c’est le séducteur et l’antéchrist.

 

Mais pour en revenir à cette fin du monde, encore une fois nous retrouvons un Dieu qui ne pardonne rien, et qui, plutôt que de guider les égarés vers lui, les abandonne au feu éternel. D’accord, ceux qui jusqu’au bout refusent le message divin ne méritent sans doute aucune compassion, mais on aurait pu espérer quelque chose de mieux qu’une réaction purement humaine de la part d’un Dieu d’amour.

Il me semble qu’on peut également aisément constater que plus il y avait de dieux ou de croyance en Dieu, plus l’homme était violent, comme si la cruauté humaine était directement proportionnelle au nombre de ses divinités ou à la force de sa foi. Voyez les Romains avec leur kyrielle de dieux à tout faire, mais qui se rendait en famille le dimanche voir des esclaves se massacrer.

Voyez le Moyen Âge soumis à l’Église catholique, le Moyen Âge et ses horreurs, son obscurantisme, ses chasses aux sorcières, ses bûchers, et tous les instruments de torture, plus incroyables les uns que les autres, issus de l’imagination fertile et du désir de faire souffrir propre à la race humaine.

Et puis il y eut les révolutions, les doutes concernant l’existence de Dieu, les droits de l’homme, l’abolition de l’esclavage, la Croix-Rouge internationale, une place de plus en plus importante laissée aux femmes dans nos sociétés athées, l’abolition ou la lutte contre la peine de mort, des élans spontanés de générosité lors de cataclysme naturel frappant des populations situées parfois à l’autre bout de la planète, comme si le concept d’humanité ne pouvait prendre réellement son essor qu’avec la mort des dieux.

N’est-il pas étonnant de constater qu’au 21e siècle les derniers grands conflits se fassent encore au nom de Dieu ?

Personnellement, je préfère croire en l’homme, en l’homme avec ses faiblesses, ses bassesses, mais aussi avec ses larmes, son regard tourné vers l’avenir, vers les étoiles, son cœur capable de dérober, mais également de donner ; l’homme avec une main tendue, l’homme qui rêve d’une société meilleure, cet homme qui a su se créer des dieux pour justifier ses erreurs et qui finira bien par s’en libérer pour créer, enfin, le meilleur des mondes.

Ainsi, si je pense que la Bible apportait vraiment une avancée morale aux êtres humains il y a 2000 ans, je crois qu’elle est dépassée aujourd’hui et que la Justice des hommes apporte plus de pardon et de compréhension que la Justice de Dieu qui avait malgré tout parfois la main assez lourde, qu’on observe pour s’en convaincre certains commandements de l’Éternel :

Lévitique 20.15 : Si un homme couche avec une bête, il sera puni de mort ; et vous tuerez la bête.

 Lévitique 20.16 : Si une femme s’approche d’une bête, pour se prostituer à elle, tu tueras la femme et la bête ; elles seront mises à mort : leur sang retombera sur elles.

Exode 21.15 : Celui qui frappera son père ou sa mère sera puni de mort.

 Exode 21.16 : Celui qui dérobera un homme, et qui l’aura vendu ou retenu entre ses mains, sera puni de mort.

Exode 31.15 : On travaillera six jours ; mais le septième jour est le sabbat, le jour du repos, consacré à l’Éternel. Celui qui fera quelque ouvrage le jour du sabbat, sera puni de mort.

 Lévitique 20.13 : Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable ; ils seront punis de mort : leur sang retombera sur eux.

 Lévitique 24.16 : Celui qui blasphémera le nom de l’Éternel sera puni de mort : toute l’assemblée le lapidera. Qu’il soit étranger ou indigène, il mourra, pour avoir blasphémé le nom de Dieu.

 

En conclusion, je dirai que le problème majeur et connu des religions est qu’elles sont condamnées à s’exclurent mutuellement, puisqu’elles ne peuvent prétendre détenir la vérité tout en reconnaissant que la religion concurrente la détient également… et sont donc sources de conflit.

Pour terminer, voici quelques citations d’hommes célèbres concernant Dieu ou la religion, citations qui provoquent à mon sens une réelle réflexion.

Kant :

Puisque le chemin sur Terre est empli d’épines, Dieu a offert trois choses à l’homme : le sourire, le rêve et l’espérance.

Il est indispensable de se persuader de l’existence de Dieu, mais il n’est pas nécessaire de vouloir démontrer que Dieu existe.

La raison pure est incapable de prouver l’existence de Dieu.

Hugó Chavez : « Jésus Christ est le premier des communistes. »

Victor Hugo : « L’oeil ne voit bien Dieu qu’à travers les larmes. »

Proverbe russe : « Prie Dieu mais continue à nager vers le rivage. »

Marx :

« La détresse religieuse est en même temps l’expression de la vraie détresse et la protestation contre cette vraie détresse. La religion est le soupir de la créature opprimée, le coeur d’un monde sans coeur, tout comme elle est l’esprit d’une situation sans spiritualité. Elle est l’opium du peuple ».

 

Sources :

– Cattolicesimo e pensiero moderno, Armando Carlini, 1953

– Court traité de Dieu, de l’homme et de la béatitude, Spinoza, 1650

– L’unique fondement possible d’une démonstration de l’existence de Dieu, Kant, 1763

– Sur le mysticisme et les moyens d’y remédier (1790)., Kant, 1790

– Contribution à la Critique de la Philosophie du Droit de Hegel, Marx, 1894

– La fin des temps. Méditation sur la Philosophie de l’Histoire, Joseph Pieper, 1953

– The Antichrist Legend. A Chapter in Christian and Jewish Folklore , W. Bousset, 1999

– La Bible