Des Warfallah (ou Werfellah) de Tripoli ont envahi dimanche le parlement libyen à Tripoli tandis que ceux de Benghazi, dans la nuit de dimanche à lundi, ont saccagé le siège de la chaîne Libya Al-Hurra. Cette tribu et d’autres habitants de Bani Walid, siège de violents combats, accusent le gouvernement et les médias qui lui sont liés de prendre prétexte de la présumée présence d’un fils Kadhafi, Khamis, annoncé tué, et de l’ex-porte parole de l’ancien régime, Moussa Ibrahim, annoncé capturé à Tarhouna mais fuyant Bani Walid, dans la ville présumée aux mains de « kadaffistes ». Prétexte en fait, selon les Warfallah et les habitants pour laisser les mains libres aux milices de Misrata afin qu’ils annexent la ville ou la purgent de ses habitants.

Après avoir chaudement salué la résistance de Misrata face aux troupes de l’ancien régime libyen, Bernard-Henri Lévy va-t-il s’apitoyer sur le sort de Bani Walid et d’autres localités assaillies par des milices « révolutionnaires » ?

Plusieurs fois, diverses sources « autorisées » avaient annoncé la capture de Moussa Ibrahim, l’ex-porte parole du régime. Révélations aussitôt démenties. Puis volte-face des autorités. Là, une nouvelle fois, le doute subsiste. Mais les mêmes sources, relayées par des médias qui leur sont proches, avaient aussi annoncé la mort d’un fils Kadhafi, Khamis, présumé décédé lors de son transfert de Bani Walid à Misrata. Prouvez-le, prouvez que nous sommes le refuge des kadhaffistes, montrez les photos de Khamis mort, ont protesté les Warfallah de diverses villes et des habitants de Bani Walid.

Avec l’assentiment tacite, voire l’appui, d’une partie de l’armée, les milices de Misrata, qui s’étaient déjà illustrées en nettoyant totalement la ville de Tawarga (ou Tawargha), devenue ville fantôme, ont assiégé et bombardé ces derniers jours la ville de Bani Walid.

Ses habitants et les Warfallah disséminés dans diverses villes, dont Benghazi ou Tripoli, dénoncent la diffusion « de fausses informations pour justifier une tuerie ». La ville qui comptait de 79 000 à 100 000 habitants se vide. Officiellement, il y aurait une vingtaine (au moins 22… ou 26) de morts et dix fois plus de blessés. La ville est aussi privée de gaz et d’électricité.

L’encerclement fait suite à la demande des Warfallah de voir la ville mieux représentée dans les gouvernements qui se succèdent mais aussi à la détention de l’assassin présumé de Kadhafi (mort dans un hôpital parisien des suites de blessures infligées à Bani Walid, selon la version officielle), en juillet dernier.

Bien évidemment, les frappes sur la ville ne visent que des objectifs militaires et les familles qui veulent fuir sont bloquées et prises en otages par les kadhaffistes, selon un politicien de Misrata, Sweheli. 

Le président libyen par intérim, Mohammed Megarief, avait déclaré samedi dernier que la Libye n’était pas encore totalement libérée.

Dans la Tunisie voisine, l’opposition et une partie de la société civile clament que le pays est à présent « occupé » par les islamistes radicaux ou modérés. Les partis au pouvoir accusent le parti Nidaa Tounès d’être au mains de « benalistes », ce parti les accusant d’avoir délibérément fomenté l’assassinat de l’un de ses représentants à Tataouine. L’adoption de la constitution marque le pas, la date du 23 juin 2013, initialement retenue pour des élections générales, est rejetée. L’ancien premier ministre Beji Caïd Essebsi (Nidaa Tounès) dénonce : « les protestations économico-sociales, alors que la misère était au cœur des facteurs de la révolution, n’ont cessé de se multiplier, en particulier dans le centre déshérité du pays. ».

En Libye aussi, où la redistribution de la manne pétrolière suscite des controverses, les différents économiques et les questions sociales, qui semblent en retrait du fait des conflits armés ouverts, divisent l’opinion. La recomposition politique est balbutiante et la cohésion gouvernementale peu assurée. La Libye n’est certes pas aux bords d’une guerre civile ou de conflits régionaux de forte ampleur, mais plus la cohésion nationale tarde à se manifester, ce qui s’est révélé avec la valse des ministres, réfutés par les uns et les autres sur des bases aussi régionales, plus le risque croît.