Les performances des Rafale en Libye n’ont pas convaincu le Brésil qui repousse à 2012 ses décisions d’acquisition (ou non) de ces appareils. Cela peut émouvoir les anciens militaires de l’Air qui, par ailleurs, sont moins désinvoltes au sujet de la Libye que la toute fraîche ministre de l’Économie et des Finances.
Patrick Haimzadeh, ancien pilote de chasse, qui a publié un Au cœur de la Libye de Kadhafi (éds J.-C. Lattès), fort de son expérience d’ancien diplomate à Tripoli, n’est pas très tendre pour le clan familial à la tête du pays mais pas non plus très chaud pour la politique de la canonnière menée jusqu’à présent.
Son ancien frère d’armes et supérieur en grade, un temps diplomate lui aussi, Jean-Vincent Brisset, estime pour sa part que les soutiens intérieurs de Kadhafi ont été sous-estimés et que la Libye n’avait pas forcément « vocation à rester unie » (Le Point).
Comme d’autres l’ont dit et répété au sujet de l’Afghanistan, il considère qu’il aurait été précieux de consulter « de vrais connaisseurs de la Libye avant de s’engager. ».
Les chefs d’escadrille n’ont sans doute été consultés que sur la faisabilité immédiate. « Vous pouvez le faire ? ». « Oui, Mesdames et Messieurs, ils peuvent le faire ! » : si le Sar du sketch de Francis Blanche et Pierre Dac pouvait dire, les aviateurs pouvaient certes faire quelques semaines ou mois. Au besoin en posant en catastrophe des appareils à Malte, ce qui se produit de temps à autres. L’usure n’est pas que financière.
Faute de pouvoir réduire encore les capacités opérationnelles du régime libyen, les dépenses, les frappes, visent à maintenir le moral des troupes de Benghazi et du djebel Nefoussa et non accessoirement à casser celui des partisans des Kadhafi ou plutôt, de rendre intolérable la vie des civils de Tripoli afin que – enfin ! – ils laissent quelques groupes rebelles avoir les mains libres après le couvre-feu de fait.
Ces groupes existent. Les envoyés spéciaux de la presse anglophone ne les ont pas vraiment rencontrés (si ce n’est à l’occasion un « représentant » autoproclamé isolé), mais ils en ont constaté l’activité sporadique. Ils ont attesté que la population des quartiers populaires de Tripoli n’était pas forcément rangée derrière le « Guide ». Résultat, ils se sont fait expulser : déjà deux envoyés spéciaux du seul Guardian ont regagné Londres contraints et forcés. Bien d’autres sont renvoyés.
Bien évidemment, un correspondant de guerre dans un pays en guerre civile ou sous dictature va s’empresser de contacter l’opposition. Tout comme il est du devoir de l’officier prisonnier de s’évader. C’était le « jeu » dans les ex-pays de l’Est, ce fut le cas en Roumanie, pays de plus en plus délabré à la fin du règne des Ceausescu. La Roumanie montre d’ailleurs à quel point une population peut rester longtemps résignée… jusqu’à ce qu’une révolution de palais plutôt bien coordonnée lui donne l’occasion d’aspirer au changement.
Comparaison n’est pas raison, et Tripoli, où un mouvement « spontané » (préparé lui aussi, tout comme en Syrie), s’est manifesté, n’est pas tout à fait Timisoara. On peut faire descendre quelques centaines de manifestants dans les rues, tout comme Philippe-Égalité l’avait fait à Paris, en 1789. Pour que l’émeute ou la manifestation tourne à la révolution, il faut la conjonction de plusieurs facteurs, et c’est ce qu’étudie notamment la sociologie de la mobilisation. En Libye, tout comme en Syrie (et au Maroc…), il existait et subsiste un terreau : inutile de soutenir, comme le fait le clan Kadhafi, que seuls des traitres et des mercenaires auraient chamboulé les esprits. Mais, pour de multiples raisons, Tripoli n’est pas Tunis, tout comme Alep et Damas-centre ne sont pas Hama.
Ce n’est pas pour soutenir le clan Kadhafi que l’Algérie et la Tunisie, lourdement affectées par le conflit, appellent à un cessez le feu et des négociations entre les diverses parties. Leurs observateurs constatent bien que les forces de l’est et du sud de Tripoli ont opéré des avancées, mais aussi que le terrain pris risque d’être de nouveau perdu : les troupes de Tripoli n’ont pas retourné leurs armes contre leurs propres généraux.
Cela s’explique de diverses manières, dont la peur qu’une désertion vous soit plus fatale qu’une blessure au front n’est pas à exclure. Mais tous les Tripolitains n’ont pas oublié que Goldman Sachs avait dilapidé 98 % des fonds obtenus auprès de la banque centrale libyenne et que la première mesure de Benghazi fut de créer une banque rivale qui, elle, ne menace pas de lancer des actions judiciaires internationales, ce qu’envisageait la Libye contre aussi Palladyne (Pays-Bas), BNP Paribas (France), HSBC (R.-U.) et le Crédit suisse…
Croit-on vraiment que si les manifestants initiaux avaient instauré « La Commune de Tripoli » sur le mode de la Commune de Paris, l’Otan se serait précipitée à leur secours ?
Ce qui se produit est une guerre civile et la situation dans le djebel Nefoussa le démontre : certains villages sont désertés par leurs habitants de crainte des représailles des forces loyalistes, d’autres sont vidés par les insurgés qui considèrent peu fiables leurs populations « libérées ».
C’est ce qui fait craindre à Dominique de Villepin (et d’autres) qu’une intervention au sol conduise à « continuer à s’enliser, à aller dans un engrenage. ».
Refaire la bataille d’Alger dans certains quartiers de Tripoli, nettoyer les metchas (ici, les grottes ou les hameaux isolés) de peur qu’elles ravitaillent des maquisards, créer des camps de regroupement ? Repousser, dans les localités du grand sud, des razzias sporadiques ? Quels seraient les objectifs d’un corps expéditionnaire coalisé ?
Il est dit et redit que l’absence de troupes coalisées au sol prolonge la durée des opérations dont l’objectif patent, avoué, est le renversement du régime de Kadhafi. Pour laisser place à quoi ? L’épuration ?
Christophe Boltanski, envoyé spécial du Nouvel Observateur côté loyaliste, est bien persuadé que des groupes anti-Kadhafi se manifestent à Tripoli. Mais il fait aussi part, pour Beni Walid ou Syrte, de son impression que « pas mal de monde reste fidèle à Kadhafi. ». Ces civils, devenus armés, seraient-ils devenus moins civils que l’essentiel des troupes de Benghazi qui vont peut-être les affronter ?
Les « observateurs » militaires appuyant les troupes alliées des coalisés font-ils vraiment remonter à leurs hiérarchies respectives ce qu’ils constatent ou ce qu’il convient de rapporter pour satisfaire les états-majors ? Les observateurs civils que sont les rares journalistes tentant de circuler autour de Tripoli sont très partagés dans leurs appréciations.
Les troupes loyalistes utilisent des bâtiments agricoles pour s’abriter et tirer. Que font donc d’autre les forces d’en face ? Pour le magazine Afrique-Asie, Gilles Munier s’est rendu à Tripoli. Dans une lettre ouverte aux parlementaires français, il relève : « je suis arrivé à Tripoli le 8 juin, au lendemain du plus important bombardement qu’ait connu la ville depuis le début de la guerre : 60 frappes dites ciblées causant la mort de 31 civils et de nombreux blessés. J’y ai appris que cette opération n’avait pas seulement été lancée pour détruire des sites dits militaires, mais parce que le 7 juin est… le jour anniversaire du colonel Kadhafi. ». Il se réfère aussi au rapport d’une commission d’enquête menée par le préfet honoraire Yves Bonnet. Ce rapport est librement consultable.
Phrase essentielle, parmi d’autres mettant nettement en cause les milieux mafieux de Benghazi : « La “révolution” libyenne n’est donc pas une révolte pacifique. Le mouvement n’est pas né dans la capitale et n’a pas de racines socio-économiques. ».
Cela n’empêche pas que de très nombreux civils s’étant armés et voulant la chute des Kadhafi soient sincères, épris de liberté, de démocratie. Mais, indique ce rapport, « si tant de dignitaires du régime ont abandonné Kadhafi, ce n’est pas en raison d’une soudaine conversion à la démocratie, mais par opportunisme. ». Lorsque la charte du nouveau pouvoir prévoit que « les principes de la charia islamique sont la source de ses lois, » on peut redouter quelles seront ses interprétations quand on voit ce que certaines monarchies ou le pouvoir iranien en font. « L’ambiance en Libye orientale » est marquée par l’intégrisme : « les nombreuses femmes intégralement voilées, les hommes portant la barbe, imposent la comparaison avec l’Iran des ayatollahs. ».
« Le but véritable de l’opération (…) est surtout la lutte contre la pénétration chinoise sur le continent noir (…) Washington veut renverser Kadhafi parce qu’il souhaite clairement bouter la Chine hors de Libye. ». Autre objectif du Qatar et de l’Arabie saoudite, la création d’une « monarchie pétrolière senoussi » (tendance très forte à Benghazi : favoriser la restauration de la monarchie senoussi).
Ce rapport du Centre international de Recherches et d’études sur le terrorisme et l’aide aux victimes du Terrorisme (Ciret-Avt) fait l’objet d’un quasi black-out dans la presse. Du moins en tant que tel, car les envoyés spéciaux, y compris à Benghazi, émettent aussi des doutes sur la composition du futur régime, ses visées réelles.
L’opinion française bascule, mais la minorité parlementaire socialiste et radicale de gauche semble vouloir se boucher les oreilles. Personne ne souhaite le maintien au pouvoir du clan Kadhafi, encore moins une reconquête par Tripoli du djebel Nefoussa ou de Tobrouk et Benghazi. Mais quand les faubourgs de Tripoli seront – s’ils le sont – bombardés aux canons et de roquettes, dira-t-on encore que c’est pour protéger les civils ? Croit-on aussi que le rétablissement rampant d’une monarchie se produirait sans heurts ?
Mais peut-on, après être allé aussi loin, croire Alain Juppé qui, depuis Addis-Abeba, ce dimanche, déclare que la France « recherche une solution politique » ? Ce qui impliquerait un cessez le feu mais… après la chute de Kadhafi. En attendant, la pression militaire sera maintenue. L’Éthiopie, où Alain Juppé a dû remercier Meles Zenawi (depuis 20 ans au pouvoir) pour son accueil, est un pays littéralement pillé de ses ressources par les investisseurs étrangers.
Les aspirations à la liberté de très nombreuses Libyennes et Libyens sont indéniables. Il n’est pas sûr qu’ils restent longtemps dupes des intentions de ces pays qui leur veulent tant de bien, ou de celles de leurs dirigeants « provisoires ».
Bonjour,
SVP: évitez les amalgames et le jugement hâtif nous avons une responsabilité vis à vis de nos cyberlecteurs ,
Ce qui se passe en LIBYE n’est pas pas une guerre civile
c’est une insurrection et à fortiori armée contre un dictateur régnant 42 années
durant les quelles ils a su utiliser tous les moyens pour fausser la réalité.
Avez vous vu une tribu(i existe environ 130 tribus) combattre une autre?
Régles d’or:
Ne jamais se fier des informtions livrées par des anglais!
Il s’agit bel et bien aussi d’un conflit d’intérêt : USA vs EU ou € vs $
Votre collègue reporter dans la même boite qui se tient à votre disposition pour tout éclaircissement.
Fils de Carthage
Mel : [email protected]
[b][i]« Le but véritable de l’opération (…) est surtout la lutte
contre la pénétration chinoise sur le continent noir (…)
Washington veut renverser Kadhafi parce qu’il souhaite
clairement bouter la Chine hors de Libye. ».[/i][/b]
ENTIEREMENT D’ACCORD !
[i] »Il s’agit bel et bien aussi d’un conflit d’intérêt :
USA vs EU ou € vs $ » [/i]
PAS D’ACCORD !!!!!!!!
De Thierry Portes, envoyé spécial du Figaro dans le djebel Nefoussa :
« [i]Entre Yefren et Zenten, le hameau de Ryana, divisé en deux gros bourgs où vivaient avant guerre quelque 20 000 personnes, est un autre exemple de cité fantôme du Djebel Nefousa. Un peu plus complexe, car la population s’est divisée, quasiment à part égale, entre supporteurs de Kadhafi et partisans de la rébellion. »
[/i]
Sinon, d’autres localités sont totalement désertées : les unes car suspectes d’être peuplées de partisans de Kadhafi, d’autres pour la raison inverse.
On dirait que l’entourage de Sarkozy « découvre » ce qui se savait, comme en Afghanistan, de longue date.
D’où tout à coup les timides déclarations de Longuet (Défense) et Juppé (Aff. étr.) sur une éventuelle négociation.
Le problème, c’est que l’adage « qui casse paye » s’appliquera ou non.
(avec ses habituelles incidentes : aide contre contrats, l’aide générant ou non des contrats, qui ne sont pas forcément passés avec ceux qu’on croit).
Le véritable but est évidement la pénétration chinoise sur le continent noir et bel et bien aussi d’un conflit d’intérêt.Et certainement pas humanitaire comme on voudrais nous le faire croire, Jamais une guerre n’a été humanitaire c’est toujours pour l’intérêt de quelque chose
LE GYGOLO RIGOLO !
Après avoir juré que Kadhafi devait partir à tout prix,
Paris envisagerait maintenant son maintien dans le pays.
Sarko c’est un vrai cow boy en plus il fait tout de travers et n’importe quoi
PEAU POUR PEAU !
ACCORD AU SOMMET !!!!!!!!!!!!!
Sarkozy defend une stratégie de la durée pour mener des frappes
en Libye et enverra des Rafales sur une base de l’Otan en Sicile
(Gérard Longuet).
La stratégie de L’Iran consiste à « fixer » le plus longtemps
possible les Occidentaux sur le théâtre libyen, dans l’objectif
d’amoindrir leur capacité à réagir face à la répression en Syrie,
allié majeur de l’Iran au Moyen-Orient.
Prof. Dr. Haydar Çakmak :
[b] » La politique libyenne de Sarkozy est très grossière, sans aucune finesse.
On voit clairement qu’il porte un objectif impérialiste et qu’il ne ressent
pas le besoin de le cacher. [/b]
[b]La France va certes bénéficier du partage des richesses de la Libye par sa
nouvelle politique mais ceci détériorera les relations franco-arabes « [/b]
j’ajoute : si tant est qu’il arrive à ses fins , ce qui est loin d’être sûr !