Des habitants de la Warshefana ont violemment affrontés des milices de Zawiya (Az-Zawiyah), les combats ayant déjà fait « au moins six morts », selon Associated Press. Il s’agit, comme à Misrata et Tawergha, de « querelles de voisinage ». La région de Warsehefana est distante de 30 km de Tripoli, et la ville de Zawiya de 45. Les affrontement ont débuté jeudi dernier et semblent ce poursuivre ce lundi 14 novembre, en dépit d’une trêve décrétée et l’interposition de milices tripolitaines.

 

La ville de Zawiya (ou Zaouia) s’estime en état de siège du fait de ses voisins de la Warshefana (ou Ourashavana). Chaque camp accuse l’autre de comporter d’anciens loyalistes mais ceux de Zawiya accusent ceux d’en face d’héberger Seif al-Islam Kadhafi, ce qui semblerait pour le moins insolite, à une si faible distance de Tripoli. Mais, à Tripoli même, des escarmouches ont impliqué des miliciens venus des villes de Zintan et de Misrata, les brigades entendant conserver une présence dans la capitale pour se disputer des postes. Les brigades tripolitaines observent ou interviennent, selon les cas.

 

Comme à Syrte, les milices de Misrata incendient des immeubles en partie déjà détruits par les tirs et les bombardements à Tawergha, afin que les réfugiés ayant fui les sièges ne puissent refluer. À Tripoli, la situation est plus délicate. Ainsi, les milices de Jadu (berbères) ne veulent pas désarmer et regagner leur localité proche de celle de Zintan tant que les milices de Zintan (« arabes ») ne concèdent à faire de même.

En fait, tout le monde suspecte tout le monde d’intentions hégémoniques ou, pour le moins, de vouloir prendre localement le dessus. Le CNT tente de s’interposer mais n’est guère écouté. Chaque jour, des personnes « disparaissent », rapporte Franklyn Lamb, soit qu’elles soient enlevées, soit qu’elles aient fui, craignant pour leurs vies. D’autres tentent d’émigrer car les subsides du CNT s’évaporent, du fait de la corruption, des intermédiaires prélevant plus que leur dîme.

À Tripoli, des troupes venant de Benghazi ou dotées de nouveaux uniformes d’une armée nationale ont été déployés ces dernières heures. Un nouveau gouvernement transitoire devrait être composé dimanche prochain, selon Abdel Hafidh Ghoga. Le mufti de Libye, cheikh Sadok al-Ghariani, avait annoncé dimanche dernier que tout retard à mettre en place un gouvernement, « même d’une semaine (…) pourrait plonger le pays dans la violence et la guerre civile. ». Il aurait aussi, sans les nommer, condamné des individus de s’être appropriés les dotations de voitures de police neuves qui avaient été convoyées par mer à Tripoli. Invité aussi tous ceux qui se sont appropriés des propriétés privées, des villas, à les rendre à leurs propriétaires. Il semble que la charia invoquée ne soit pas perçue unanimement par les ex ou futurs combattants, qui, selon les cas, considèrent que les confiscations sont acquises ou abusives.

Afin de tenter de contrôler d’éventuels trafiquant d’armes, le CNT se préparerait à instaurer des visas pour les ressortissants algériens, mauritaniens, égyptiens, syriens, soudanais, tchadiens et nigériens, marocains (mais non pour les tunisiens ou les turcs). L’Algérie a fait savoir qu’elle envisagerait dans ce cas la réciprocité.

Si la France s’est déclarée favorable à l’envoi d’observateurs de l’Onu en Syrie, mais il n’est pas question de renforcer les délégations des Nations unies en Libye, alors que l’Union européenne vient d’un ouvrir un bureau. S’il faut en croire les inquiétudes exprimées par le mufti de Libye, il faut craindre que d’autres options devront être envisagées.