Voici peu, c’était, au sud, des affrontements entre Toubous et d’autres Lybiens, à présent, alors que Bernard-Henri Lévy se félicite encore de son rôle dans le renversement des Kadhafis, ce sont des combats meurtriers qui ont opposé, à l’ouest, les Berbères de Zwara et les Arabes de Ragdalein. Deux femmes et un bébé sont au nombre des 17 victimes de ce nouvel incident qui semble devoir en précéder d’autres…

17 morts, c’est sans compter les blessés. Côté Berbères de Zwara (ou Zuwara, ou Zouara), ils seraient une cinquantaine selon un responsable municipal. Les deux localités de Zwara et Ragdalein sont proches de la frontière tunisienne. Les affrontements font suite à la capture d’une vingtaine ou d’une trentaine (selon les sources opposées) de Berbères de Zwara par des milices de Ragdalein à la suite d’exactions et de pillages. Bien évidemment, les Berbères considèrent Ragdalein en tant que refuge pour les Kadhafistes…

Plus de 3 850 Libyens se sont réfugiés ou sont passés en Tunisie en transitant par Dhéhiba, un point de passage plus au sud de la zone des combats, en deux jours seulement. Mais ce chiffre n’aurait rien d’alarmant. Pour se gagner les faveurs de la population, le gouvernement transitoire vient d’allouer une « allocation touristique ». On va donc faire quelques courses en Tunisie histoire de se faire tamponner son passeport et la toucher. Cependant, dans le nombre (supérieur encore à passer par Ras Jedir), on trouve aussi nombre d’habitants de Bani Walid ou de banlieues tripolitaines soumises à des pillages ou des arrestations arbitraires.

La situation se stabilise aussi pour les Ukrainiennes et Ukrainiens arrêtés systématiquement ou presque, depuis septembre dernier. Le CNT parvient à présent à les faire libérer. Mais c’est beaucoup plus difficile pour les prisonniers africains qui restent parfois détenus sous des prétextes divers.

Au Sud, le bilan officiel des combats entre Toubous et habitants de Sabha serait de 150 tués. Ce serait le partage des subsides alloués par le gouvernement central qui aurait surtout motivé le conflit. Du coup, les Toubous ont déclaré leur autonomie, tout comme une partie de la Cyréanique.

Outre les conflits interethniques, les élections de juin prochain (enfin, annoncées en juin) pourraient voir s’affronter des groupes islamistes radicaux. Un scénario somalien ou soudanais n’est plus exclu par divers observateurs.

L’université d’Oxford a mené un sondage en Libye auprès de 2 000 personnes. 16 % des répondants se disaient prêts à recourir à la violence pour arriver à leurs fins, 35 % espéraient qu’un « homme fort » prenne la tête du pays et restaure la sécurité, seulement 29 % se déclaraient en faveur d’une démocratie représentative à l’occidentale.

Au temps pour Bernard-Henri Lévy qui, à présent, semble appeler de ses vœux un printemps arabe pour l’Algérie, ne sait plus trop qui au juste il soutient dans l’opposition syrienne, et se félicite toujours de son rôle d’accélération du conflit libyen : « c’est une très belle page de notre histoire récente, » a-t-il estimé.

Récemment, le vice-premier ministre libyen, Mustafa Abushagur, s’est félicité (dans le Nouvel Observateur) que le nombre des crimes en Libye soit moindre qu’avant la révolution. Les combattants hors de tout contrôle ne commettent, eux, que « des actes répréhensibles ». Ils seraient le fait de criminels « que l’ancien régime avaient libérés ». Il est ministre, dit-il, sans être membre du CNT. Bref, si cela reste opaque aux yeux des Libyens, on peut comprendre pourquoi. Chaque personnalité semble ne représenter qu’elle-même, ou une famille élargie, parfois un petit clan.

Sur le plan international, le Premier ministre libyen, Abdel Rahim al-Kib, déclare à présent que la Russie est de nouveau bienvenue en Libye et que les anciens contrats seront réexaminés mais vraisemblablement repris. On ne sait trop vraiment qui est prêt à se vendre aux plus offrants, y compris dans le cadre du conflit au Mali.

« Gouverner, c’est prévoir, » dit-on. On attend toujours de savoir ce qu’avait au juste prévu Nicolas Sarkozy. Peut-être de faciliter les relations publiques de la famille régnante du Qatar ? Dans ce cas, c’est réussi. Pour le reste, on s’interrogera encore longtemps.