Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs d’Algérie, n’éprouve pas davantage que moi-même de la sympathie pour le clan Kadhafi. Elle n’en nourrit guère mieux pour certains insurgés se qualifiant de révolutionnaires. À Annaba (ex-Bône), devant la salle du théâtre régional, elle a estimé que nombre de révolutionnaires sont « des groupuscules armés et encadrés par l’Otan qui dirige toutes les opérations ; il fallait en finir avec Kadhafi quitte à massacrer des populations civiles à Syrte ou à Bani Walid… ». Pas que dans ces deux villes. Mais la forte présence de la presse internationale à Tripoli a épargné à la capitale le sort de nombreuses localités qui tentaient de préserver leur neutralité ou étaient considérées largement loyalistes. Ailleurs, des objectifs vitaux pour l’avenir du pays ont fait l’objet de frappes aériennes ciblées ou de destructions dues à des « dérapages » des milices ou des brigades.
« Le CNT est là juste pour faire de la figuration (…) c’est la voix des armes qui a parlé et non celle du peuple, » L. Hanoune. Des forces coalisées, elle estime qu’elles détruisent tout « pour ensuite envoyer leurs entreprises (…)En Libye, le coût de cette reconstruction est évalué à 200 milliards de dollars (…) le montant exact des fonds souverains libyens déposés dans les banques occidentales. ». La facture des 28 000 sorties ou frappes aériennes, financées par les contribuables des pays coalisés, sera réglée par les Libyennes et les Libyens, mais à d’autres… C’est fort dommage pour « nos frères libyens », aussi pour nous qui avons très majoritairement laissé faire.
Pourtant, depuis le début de cette guerre civile qui a pris des populations en otages et dont l’insurrection armée initiale fut favorisée par la France et d’autres pays, ce qui apparaît actuellement pouvait être constaté. À présent, Libération, corroboré par l’AFP et d’autres agences, rapporte l’ampleur des destructions à Syrte. Outre les 200 morts du convoi dans lequel se trouvait Kadhafi, dues en large partie au largage de deux bombes détruisant une vingtaine de véhicules, sauf le « bon » et une quarantaine d’autres, on ne retrouve pas à Syrte que des cadavres (plus de 500 jusqu’à pire « nouvel ordre ») de combattants. Une ONG libyenne pointe du doigt les destructions dues indubitablement à des frappes aériennes, dont celle d’un immeuble effondré dont les gravats couvriraient une cinquantaine de cadavres de civils, femmes et enfants inclus.
Passons sur les exécutions sommaires de masse de « nos frères libyens ». Quelles aient été spontanées, fruit amer de la rancœur découlant de massacres antérieurs, ou soigneusement préméditées, pour faciliter les pillages ou des nettoyages ethniques, n’est certes pas indifférent. Mais il s’agissait rarement de détruire les infrastructures pour procurer un emploi local qui, de toute façon, sera le principalement fait d’une main d’œuvre extérieure (par exemple, le Bangladesh facilite le rapatriement en Libye de milliers de ses ressortissants).
De Bani Walid, où des exécutions ont été le fait des deux camps, mais principalement des loyalistes, semble-t-il, il ne reste que des ruines désertées. Comme à Syrte, la ville comportait des habitants favorables au CNT ou, du moins, à un changement de régime. Il est commenté pudiquement qu’ils sont décontenancés par l’ampleur des destructions et des pillages. Georges Jonas, du National Post (Toronto), rapporte que des Warfalla, des Zintan ou des Megrahi proclament vouloir « lutter jusqu’à la mort » et se coaliser davantage. Cette rhétorique ne m’est guère inconnue : j’avais entendu la même chose en Irak, lors de la guerre des Six jours, en 1967, près des localités bombardées par les Mirage israéliens. C’est le pendant de celle de Seif al-Islam Kadhafi qui promettait un « bain de sang », non pas à tout Benghazi, mais aux membres du CNT et aux brigades islamistes avec lesquelles, d’ailleurs, pour certaines, il avait tenté de négocier.
Les révolutions dévorent souvent leurs enfants et la lucidité, l’appréciation objective des faits, en est souvent la principale victime immatérielle. D’une part, la fiction selon laquelle il n’y avait pas de troupes occidentales ou autres au sol commence à être sérieusement ébréchée. D’autre part, il apparait qu’un consultant britannique, par exemple, avait pu inspecter 72 sites bombardés par l’Otan ou ses alliés : seulement huit étaient des installations militaires. Si ce ratio reflétait l’ensemble, il ne ferait plus aucun doute que, si des fils Kadhafi arrivaient vivants devant la Cour pénale internationale, quelques réalités pas trop conformes avec la couverture de la presse internationale ces derniers mois pourraient émerger.
Ce ne sont pas seulement pour des raisons budgétaires que les pays de l’Otan ont décidé de mettre fin à leurs interventions militaires ce 31 octobre. Au cas où des très fortes dissensions apparaîtraient entre diverses factions, les cibles communiquées par les uns ou les autres risquent fort de ne pas être toujours celles qui conviendraient pour préserver l’avenir.
Outre la brutalité de son régime, le clan Kadhafi a commis une erreur fondamentale. Laisser près d’un tiers de la population sans emploi en garantissant un niveau de vie à peu près décent à des désœuvrés qui ne pouvaient pas tous prétendre à s’employer en tant qu’ingénieurs et dédaignaient de n’être que des contremaîtres, laissant ces postes à de la main d’œuvre étrangère. Parmi ceux qui se résignaient à des emplois trop peu lucratifs à leurs yeux (chauffeur de bus, taxi, simple employé), beaucoup ont pris les armes et ne sont pas trop enclins à reprendre leurs occupations antérieures.
Certains décisionnaires de l’intervention ne connaissaient sans doute à peu près rien aux réalités libyennes. Certains futurs bénéficiaires, plus informés, ont sans doute influé, estimant que le risque pouvait être minoré. Quelques opérations de relations publiques, comme celle de Bernard-Henri Lévy, proclame à présent que les Libyennes et les Libyens s’accommoderont mal de « la férule d’une conception archaïque de la loi. ». Comme partout, il y a la loi et ce qu’on en fait. Le 18 octobre, BHL réclamait « justice pour les libérateurs de Syrte… ». Des promotions et des médailles aussi pour les pilotes de l’Otan ?
En 1832, à la fin des sept ans de guerre des insurgés grecs, soutenus par le Royaume-Uni, la France et la Russie, contre l’empire ottoman, Londres réclama à la Grèce un « prêt » de 30 millions de livres. Si la future Libye (qui, au juste ?), ne peut ou ne veut rembourser, il sera toujours possible d’arguer que c’est parce que Kadhafi a « laissé un pays exsangue, sans aucune structure. ». Effectivement, au lieu d’acheter des Rafale, il avait un peu trop consacré de budgets au fonctionnement, et pas assez aux investissements « productifs ». Enfin, on peut toujours le voir ainsi. Et y croire très fort.
Ah oui, pour la Grèce, Nicolas Sarkozy assure à présent qu’il n’avait été pour rien dans son admission dans l’Union européenne. Difficile d’arguer d’un côté de la solidarité gouvernementale et non de la partisane de l’autre. La Grèce fut admise en 2001. En 1999, Sarkozy était président du RPR. En 2002, il soutient Jacques Chirac lors de la présidentielle et devient ministre régalien (de l’Intérieur). Et au fait, elle a été admise dans l’UE du jour au lendemain, la Grèce ?
Pour l’intervention en Libye, c’est plus clair. La facture, voire la fracture, est là. Le retour sur investissement est beaucoup plus incertain…
Heureusement qu’il y a la Libye ! Que feriez-vous sans ?
[u]relativisme [/u]
[b]Au fond pas chère cette guerre n’importe quel milliardaire pourrait se l’offrir ……..[/b]
Le Parisien révèlait ce matin que la guerre en Libye avait déjà coûté 87 millions d’euros à la France. L’administration Obama estime elle que le coût de six mois d’intervention s’élevera au final à 773 millions d’euros. Au Royaume Uni, ce chiffre pourrait atteindre 1,13 milliards d’euros.
Lionel Messi vaudrait 250 millions sur le marché des transferts…
La fortune de Kadhafi s’élèverait à 120 milliards de dollars, dès lors gagner la guerre en dépensant quelques milliards , c’est déjà une réussite…..
Les localités autour de Zintan, peuplées par les Mushashya sont vidées de leurs occupants. Selon les Nations unies, environ 8 700 Mushashya ont été déportés.
L’Otan ne les protégera pas.
[i] »e chef de l’Etat syrien note que les pays occidentaux
« vont faire monter la pression »
mais il rappelle que la Syrie est un
« élement central désormais dans la région ».
« Il existe une ligne de faille et si vous jouez avec la Terre
vous risquez de provoquer un séisme, affirme-t-il.
Voulez-vous connaître un nouvel Afghanistan ou
même des dizaines d’Afghanistan ?
La Syrie n’hésitera pas à embraser toute la région.
Si l’idée de ( Brzeziński )est de diviser la Syrie,
cela reviendra à diviser toute la région. »[/i]