Moustapha Abdeljalil: un opportuniste?

 

Jusqu’ici, les insurgés libyens s’étaient toujours montrés très dociles à l’endroit des occidentaux. Ceci, au regard des énormes sacrifices qu’ont consenti ces occidentaux dans la révolution libyenne. En effet, les officiels français ont reconnu cette semaine avoir dépensé plus  de 300 000 euros dans cette affaire. Aussi, cette générosité inhabituelle de la France ne devrait tromper personne, dans la mesure où tout le monde sait ce que représente la Libye au sein des états producteurs d’hydrocarbures. C’est ainsi que de nombreux observateurs ont vu en cette implication personnelle de Nicolas Sarkozy dans le conflit libyen la ferme volonté de la France de se positionner au lendemain de la chute de Kadhafi au rang des premiers partenaires économiques de la Libye. Et jusqu’ici, tout semblait aller sereinement dans ce sens. Pourtant !

Il a donc fallu attendre la chute totale de Mouammar Kadhafi pour que le CNT affiche clairement ses ambitions. L’ancien guide libyen a été assassiné vendredi dernier dans des circonstances troubles ; et juste deux jours après, les libyens ont proclamé la chute totale de l’ancien régime, et ont annoncé leur volonté de pencher désormais vers la mise sur pied d’une nouvelle Libye. Cependant, à la surprise de tous, plutôt que de s’attaquer à certains problèmes fondamentaux que sont la réconciliation et surtout le désarmement, Moustapha Abdeljalil s’est précipité au cours de son allocution à  faire savoir aux libyens comment la nouvelle loi fondamentale libyenne ne sera fondé que sur la Charia. Une Charia que l’on sait hostile aux  libertés et surtout aux droits de l’homme. Une déclaration qui confirme finalement les ambitions islamistes qu’on prêtait déjà à ces insurgés. De ce fait, l’on a finalement compris que les dirigeants du CNT n’étaient en réalité que des islamistes radicaux déguisés qui ont voulu profiter du printemps arabe pour instaurer un pouvoir islamiste en Libye. Après cette annonce d’Abdeljalil, de nombreuses chancelleries occidentales ont commencé à afficher leur inquiétude et leur crainte vis-à-vis de ces insurgés. Toute chose qui laisse croire que les islamistes auraient roulé totalement l’occident dans la farine. Aussi, il n’est plus désormais impossible qu’une grave crise éclate dans les tous prochains jours entre le CNT et les occidentaux.

L’occident qui a soutenu mordicus cette révolution libyenne se trouve ainsi interpellé. Lui, qui devrait à présent soit laisser les libyens quitter une dictature modérée  pour une autre plus féroce ;  ou alors,  pousser les libyens à faire une nouvelle révolution dans la révolution.