Il faut se rendre à l’évidence : les Français et les Britanniques travaillent à conforter le pouvoir du CNT qui semble tenir solidement l’Est de la Libye, comme s’il s’agissait de créer un territoire, dont la capitale serait Benghazi… en attendant de lutter pour détrôner Kadhafi du territoire qu’il lui resterait !
Un pas a été franchi en envoyant « des conseillers militaires » auprès des rebelles. Ainsi le conflit s’internationalise encore un peu plus et la présence de cette force ne peut que consolider l’occupation d’une partie du territoire par les rebelles. Donc d’un côté, Kadhafi tient Tripoli et de l’autre le CNT récupère Benghazi et les villes de l’Est. Comment ne pas penser à la partition du pays qui se profile ? N’oublions pas qu’une bonne partie des gisements pétroliers se trouve dans la région, plus exactement au sud de Benghazi. Région qui est aujourd’hui pratiquement sous le contrôle des rebelles avec le soutien occidental !
Nul doute que Britanniques et Français concentrent leurs efforts pour soutenir les rebelles dans l’occupation de cette région ! C’est sans doute là leur première priorité. Même si l’éviction du guide de la Libye demeure d’actualité, cela ne semble pas la première priorité. Tout se passe comme s’il fallait d’abord conforter le pouvoir du Conseil National de Transition de la Libye, dans une zone qui serait enfin libérée, en attendant la suite des événements. L’ombre du fonds libyen de 200 milliards de dollars gelé par les occidentaux plane aussi sur la future Libye, on ne sait pas si une partie ne servira pas à monnayer le retrait de Kadhafi sur le territoire de l’ouest avec des pouvoirs très limités, en attendant la suite ! La partition qui se dessine ne sera probablement pas la fin de la guerre en Lybie, qui s’annonce maintenant plus longue que prévue.
Le Président français semble aussi se comporter comme s’il envisageait déjà qu’une partie du pays serait libérée ! Nicolas Sarkozy aurait déjà donné son accord de principe pour aller rendre visite aux insurgés, peut-être à Benghazi… Il pourrait s’y rendre en compagnie du Premier ministre britannique, David Cameron. Une visite secrète et de courte durée qui pourrait avoir lieu courant mai.
Il apparaît donc de plus en plus certain que sur le terrain, les rebelles n’iront pas jusqu’à Tripoli. S’ils parviennent à faire reculer les forces de Kadhafi sur Misrata, on ne sera plus très loin d’une situation de blocage sur le terrain militaire. La sécession de « la Cyrénaïque », (région libyenne), pratiquement aux mains des insurgés, pourrait être une sortie de crise susceptible d’arrêter les massacres.
Plusieurs majors pétroliers se comportent eux aussi comme si la partition de la Libye était entamée. Ils ont déjà envoyé des émissaires auprès du CNT pour négocier ou renégocier leurs contrats à l’Est Libyen… cela confirme si besoin était que les Occidentaux ont fait le pari de la partition de la Libye. Tout se passe comme s’ils tentaient de se positionner au mieux, pour en tirer quelques bénéfices le moment venu. De quoi donner des arguments à ceux qui répètent que cette guerre n’a pour finalité que la main mise des occidentaux sur la manne pétrolière !
Dans une interview de France Inter, le 21 mars 2011, l’amiral Jacques Lanxade, déclarait déjà "On est de fait dans une partition"… Il concluait par« la partition de la Libye est donc le scénario le plus évident ». L’évolution du conflit semble lui donner raison. Reste à savoir si cela ira jusqu’à une négociation avec Kadhafi par laquelle il acceptera la situation « de gré » ou « de force ». Mais le problème ne sera pas pour autant résolu définitivement. Restera à déterminer quel sera son sort à l’avenir !
Faudra voir ce que donnera la médiation russe. Si elle a quelque chance de se concrétiser.
J’avais évoqué cette possibilité de partition pratiquement dès le lendemain des frappes, je me ravise quelque peu si, effectivement, les villes de l’ouest ne se vident pas totalement de leurs civils et restent aux mains des insurgés. Mais pas sûr qu’à l’horizon de deux-trois semestres cela tienne.