Jouer au aux d’échecs alors que son pays est frappé de plein fouet par une guerre civile. Quelle meilleure manière pouvait trouver l’homme le plus traqué au monde pour narguer ses  ennemis ?

Le symbole est d’autant plus ravageur que Kadhafi  s’adonne à ce jeu à la télévision nationale, et aux prises avec le président de la fédération internationale des jeux d’échec.  Un jeu qui nécessite à la fois ruse, intelligence, sagesse et patience. Dans une sérénité qui affiche complet comme si tout portait à croire que s’était plié pour la coalition internationale dont la défaite n’était qu’une question de temps.  

C’est que le guide libyen avait promis une longue guerre à la coalition internationale dont la France en tête de file. Une coalition qui visiblement peine à venir à bout du régime libyen isolé de tout part.  Et d’avis d’observateur, nous courons insidieusement vers l’ « irakisation » de la Libye. Cela fait en effet quatre mois depuis le 18 mars, début des frappes aériennes su le pays que les puissances occidentales dont l’optimisme a fait confondre vitesse et précipitation, est en peine dans le désert libyen, à la recherche de solution miracle. A chaque nouveau bombardement des sites stratégiques dont la destruction devrait le fragiliser, Kadhafi, toujours inflexible campe et fait plus que résister. Ses troupes au sol avancent malgré tout et font subir de sévères revers à la rébellion soutenue et reconnue comme seul interlocuteur légitime du peuple libyen. Et dans les coulisses, les enthousiasmes de départ commencent à céder au désespoir, à telle enseigne que certains pays comme la Norvège ont pris la résolution de retirer leurs avions  à partir du premier Aout. C’est un revers cinglant dont les médias n’ont pas fait grand écho. Mais pour ceux qui savent lire le sens diplomatique que traduit le retrait de la Norvège au moment même où une marche arrière n’est plus possible, une victoire de la coalition sur Kadhafi est vraiment compromise. Et même si elle arrivait à l’être, la Libye serait plongée dans la même catastrophe qu’a connue l’Irak après l’arrestation de Saddam Hussein. C’est fort de cela que Kadhafi qui à vrai dire à l’habitude de ces grands moments avec les puissances occidentales, peut affirmer par le président  de la fédération internationale des jeux d’échec, le russe Karsan Ilioumjinov le dimanche dernier des propos qui tranchent avec le souhait de ses ennemies de le voir partir du pouvoir. « Je ne suis ni premier ministre, ni président, ni roi. Je n’occupe aucun poste en Libye. C’est pourquoi je ne dois renoncer à aucune fonction. » A-t-il déclaré en substance.

Ces démêlés des années plutôt avec les puissances occidentales, notamment les USA, qui lui ont valu un embargo pendant une décennie sur son pétrole, sa réputation d’homme incontournable en Afrique et dans le monde arabe, et surtout sa sympathie pour les réseaux terroristes, ont fait de Kadhafi un roc à part entière pour ces bourreaux. Lesquelles possèdent les armées les plus puissantes au monde, et se constituent maitres absolus de la terre. « Vous ne pouvez pas mettre vos pieds sur notre territoire (…) vous allez mourir et nous vous promettons une guerre longue ». Ces paroles fortes aux premières heures de la guerre en Libye sont en passe de se réaliser aujourd’hui, et de nous montrer les limites des occidentaux.

Mais mieux de leur faire comprendre qu’ils ne peuvent parfaire le monde. Car si hier, on a attaqué le guide libyen afin de mettre fin au massacre des civils, aujourd’hui force est de reconnaitre que dans une situation qui perdure, la coalition est aussi coupable que Kadhafi de tous les tas de cadavres d’innocents tués depuis.