Études et organismes sensibilisent les Français sur cet acquis démocratique chahuté actuellement.

 

 

Cette année encore, le classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières est sans appel. Aucune grande puissance économique ne figure dans le top 20. La France, 31ème, est devancée entre autres par l'Estonie, Trinité-et-Tobago ou le Ghana. Un paradoxe pour le pays à l'origine des droits de l'Homme, et plus particulièrement de la liberté de la presse. Certes, aucun journaliste n'est incarcéré dans l'hexagone. « Cependant, de nombreuses inquiétudes demeurent en raison de cas de censure persistants, de perquisitions dans des rédactions et d’un manque de garanties concernant la protection du secret des sources », prévient l'ONG.

 

Journaliste mis en examen

L'exemple du traitement infligé à Denis Robert en est la preuve la plus récente. L'ancien journaliste de Libération a été mis en examen pour « recel de vol et abus de confiance », suite à ses investigations sur l'organisme financier international Clearstream. Inculpé en France et au Luxembourg, il croule sous de lourdes procédures judiciaires: une trentaine ont été engagées après ses publications. Samedi 10 novembre, le « comité de soutien à Denis Robert » organise une soirée à Florange (Moselle). Objectif : récolter des fonds et réunir la communauté journalistique. Plus de quatre cents professionnels et personnalités, dont Guy Bedos, ont répondu à l'appel.

 

 

Hégémonie (ou suprématie) médiatique

Autre événement : l'appel lancé par le Rassemblement pour la Démocratie à la Télévision (RDT) pour « une journée nationale sans Sarkozy dans les médias », le 30 novembre. L'ambition de l'association ? « Pas une image, pas un son, pas une ligne sur les faits et gestes de Nicolas Sarkozy ne doivent sortir ce jour-là des rédactions ! Ni éloge, ni critique, ni commentaires ! » Aucune rédaction n'a pour le moment déclaré ouvertement son soutien. Le mois dernier, l'Institut national de l'audiovisuel publiait son baromètre des journaux télévisés. Le président de la République y est apparu 224 fois entre mai et août, contre 75 pour Jacques Chirac en 2002. RDTdéplore cette surexposition du chef de l'État. Il met en garde contre « la dictature médiatique » et plus largement, contre la restriction de la liberté d'expression.

 

Quelle valeur doit-être donné à cette accumulation d'initiatives ? Hasard du calendrier ou frémissements d'une prise de conscience ? Aujourd'hui, des personnes tirent la sonnette d'alarme. Comme pour rappeler, arguments à l'appui, que la liberté d'expression et le droit à une information indépendante sont un combat perpétuel. Le dernier en date : un sondage LH2-Libération. Selon le quotidien national : 62 % du panel de Français interrogés estiment que les médias sont soumis au pouvoir politique.