Introduction
Ceci n’est pas un article de fond__ je ne prétends pas à l’exhaustivité ; je veux seulement faire part de mon point de vue sur des questions essentielles . Je vais d’abord définir la liberté d’expression et la liberté de penser__ puis j’aborderai la loi Gayssot dans son rapport avec le génocide juif. Enfin je parlerai des médias et de la pensée unique. La seconde partie sera, elle, consacrée au « politiquement correct ». C’est à dessein que je n’utilise pas le « nous » de politesse; je dois assumer mes écrits.
Première partie : liberté d’expression et liberté de penser
« Se faire sa propre opinion, n’est déjà plus un comportement d’esclave. » Jean-Jacques Rousseau.
Définitions et loi Gayssot
Par liberté d’expression, j’entends le droit de s’exprimer sur un sujet quelconque, sans restriction autre que la loi. Cela suppose qu’on puisse discuter de tout avec n’importe qui. Par liberté de penser, j’entends le droit d’émettre les jugements les plus divers sur les sujets les plus variés. Là encore, c’est la loi qui fixe les limites. Dans un cas comme dans l’autre, notre liberté est relative, jamais absolue : de fait, on ne peut ni tout dire ni tout penser. Cependant, avec la loi Gayssot[1], la justice s’infiltre en territoires illégitimes. Sans entrer dans des considérations historiques (pour lesquelles je ne suis pas compétent, non plus que nos politiciens) interdire de nier le génocide juif ne modifie pas l’Histoire. Si génocide il y a eu, il n’a plus cours maintenant__ et s’il n’a pas eu lieu, à quoi bon légiférer là-dessus ? Le rôle de la justice n’est pas de ratifier une version plutôt qu’un autre du passé. Laissons les historiens[2] faire leur travail et les magistrats le leur. Quand le maraîcher se mêlera de viandes et le boucher de fruits et légumes, je reconsidérerai ma position. Il est pourtant des sujets où le législateur (en vérité l’exécutif) n’a pas rendu illégal tout autre point de vue que le sien. L’on peut toujours remettre en cause la version officielle des attentats du onze septembre et de la mort de Mohammed Merah__ du moins pour l’instant. Il n’est pas à exclure, toutefois, que Hollande termine l’œuvre de son prédécesseur à l’Elysée, en relation avec le génocide arménien.
Les journalistes et la pensée unique
« C’est par la grâce de Dieu que nous avons ces trois précieuses choses : la liberté de parole, la liberté de penser et la prudence de n’exercer ni l’une ni l’autre. » Mark Twain. La connivence de la classe journalistique et de la classe politicienne n’est plus à prouver ; l’on sait par ailleurs qui détient les journaux. Néanmoins, il ne faut pas tomber dans la conspiration. Comme le rappelle Robert Ménard[3], les journalistes croient ce qu’ils publient. Ils ont fait leur la pensée unique__ ils ont intégré l’autocensure. Pourquoi leur faire subir des pressions ? ils sont leurs propres inquisiteurs. Le portrait qu’en dresse Monsieur Ménard est à cet égard significatif : ils votent à gauche, ils ne lisent pas, sinon les résumés de Charlie Hebdo, ils pensent pareils et leurs dirigeants sortent des mêmes écoles. Vous leur direz en vain qui est « fréquentable » ou non__ ils le savent déjà. C’est cette similitude de vues, ce formatage intellectuel, ce manque de curiosité qui sont les sources de la pensée unique. Il y en a d’autres[4]. La pensée unique sous toutes ses formes est une atteinte à ma liberté dans la mesure où elle m’impose des valeurs et des idées qui lui sont propres, sans aucun modèle alternatif. Elle ne m’interdit pas d’exprimer mon point de vue, mais elle fait en sorte qu’il ne soit pas visible par le plus grand nombre__ donc marginale. Cela explique en partie pourquoi la presse traditionnelle est condamnée. Un autre facteur non moins important de la pensée unique est le « politiquement correct », qui, on va le voir, participe lui aussi du blocage de l’intellect.
Seconde partie : le « politiquement correct »
« La parole a été donnée à l’homme pour cacher sa pensée. » Cité par Stendhal en tête du chapitre 22 du roman Le Rouge et le Noir.
« Fondamentalement hypocrite » ou « politiquement correct »
Parler de « politiquement correct » est en soi politiquement correct. En lieu et place de cette expression, on pourrait aussi bien dire « fondamentalement hypocrite »__ qui se rapproche plus de la réalité. Dire de quelqu’un qu’il est politiquement correct, c’est dire qu’il se complaît dans l’euphémisme et la périphrase afin de ne blesser personne[5]. Il s’agit en fait pour les adeptes de ce jargon (au premier rang desquels les journalistes et les politiques) de sauvegarder leur confort intellectuel, que la crudité du langage met en péril. C’est avant tout l’instrument d’une élite ou d’une caste, qui cherche à dissimuler sa pensée sous des mots inoffensifs, tels des fauves qu’on aurait amadoués. Mais le politiquement correct ne se limite pas aux seuls politiciens et universitaires__ il se répand jusques dans les couches les plus aisées de la population, en particulier les bobos, qui eux aussi retirent un certain apaisement à renvoyer à la case « minorités visibles » les Arabes et les Noirs. Ainsi, ils se sentent libres, leur responsabilité n’est pas engagée__ pas linguistiquement du moins. Au-delà du confort, c’est de l’hygiène intellectuelle[6].
Petit lexique à l’usage des xénophobes et autres fachos
Afin d’illustrer mon propos__ voici trois échelles du « politiquement correct ». A chaque fois, je monterai ou descendrai d’un cran dans ce qui est acceptable. On ne doit plus employer le terme "négroïde"__ c’est banni, du moins dans l’administration. Si jamais vous souhaitez faire référence à une personne "de couleur"[7] (politiquement très correct), veuillez utiliser "Black"[8] (politiquement correct) ou, à la rigueur, "Noir" (correct, mais vous risquez d’être pris pour un raciste). De la même manière, on dira plutôt « Beur » (politiquement très correct) que « Maghrébin » (politiquement correct) ou « Arabe » (jugé raciste)[9]. Enfin, évitez de dire « Chinois » ; à sa place, employez le terme « Asiatique », qui englobe plus de nationalités. En tout cas, restez gris. Conséquences On peut multiplier sans fin ce genre d’échelle. Les conséquences sont diverses. A mon avis, la plus grave est le manque de rigueur, de précision. En effet, alors qu’il existe des termes fidèles à notre pensée, qui vont droit au but, on emprunte des chemins de traverse, tel l’euphémisme et la périphrase, qui au mieux alourdissent le propos, mais à tous les coups lui font perdre en exactitude. Il y a par ailleurs quelque chose de traître__ quelque chose d’efféminé dans cette langue. On ne prend pas la réalité à bras le corps, on la maintient à distance__________ comme pour ne pas se salir. J’ai l’impression qu’on parle avec des gants. Or, toutes les figures de style mises bout à bout ne changent rien : il y aura toujours des chômeurs (« sans activité »), des clochards (« sans domicile fixe »), des aveugles (« non-voyants »)__ des handicapés (« à mobilité réduite »)[10]. Il y aura toujours des cancres (« en échec scolaire »), des femmes de ménage (« techniciennes de surface »)__ et des idiots utiles (« militants de gauche »). En guise de conclusion Le « politiquement correct » prive la réalité de ses couleurs__ il la rend fade et insipide. De l’hypocrisie, il fait une vertu, et de l’imprécision, une qualité. Il cherche à appauvrir la langue française par des termes « axiologiquement neutres » (Michéa), qui portent en eux l’inexactitude et la confusion. . Cependant, tout le mal qu’il fait, c’est par « humanisme », presque par charité ; il s’inspire en cela des « guerres humanitaire » que l’Occident mène contre des peuples souverains. La bataille qu’il livre à la langue de Flaubert, Proust et Céline est pour nous d’un enjeu capital. Sans notre langue, nous ne pouvons « formuler la résistance »__ nous ne pouvons faire preuve d’esprit critique. Quand le français devient une langue étrangère aux natifs eux-mêmes, c’est de mauvais augure. Réapproprions-nous notre langue ! Yacine Zerkoun
Périphrase (étymologiquement, parler par circonlocutions) : expression formée par un groupe de mots dont on se sert pour exprimer une idée qui pourrait l’être par un seul terme ». (Larousse, Dictionnaire de la langue française, Lexis.)
Bon papier !
Hélas, c’est ainsi. Les diverses associations de la bonne pensée et de la bonne parole, qui ont pignon sur rue, représentent des électeurs qu’il faut toujours flatter !
Pour autant, doit-on laisser toutes les opinions s’exprimer?
Que préconisez-vous alors?
[b]« On peut rire de tout, mais pas avec TOUT LE MONDE. »
et pour paraphraser Pierre Desproges :
» on peut parler de tout mais pas avec n’importe qui ! »[/b]
Nguyen. Comme je l’ai dit, c’est la loi qui doit fixer les limites de la liberté de parole, sans pour autant lui porter atteinte. Par exemple, on ne doit pas pouvoir insulter quelqu’un, ou diffuser des infos sur sa vie privée.Mais l’on n’attaque personne en particulier, et j’insiste sur le « particulier », quand on dit par exemple que les Arabes sont des voleurs. on devrait avoir le droit de dire ça, même si l’on est pas d’accord.
….Que les Arabes sont des voleurs… Alors, peut-être suis-je bobo (mais certainement pas de gauche) sans le savoir, ou bien ma pensée est déjà embrigadée, mais en tout cas cette phrase me choque profondément (même lorsque c’est de l’humour). Il existe une notion, que dis-je, une valeur qui tend à disparaître, c’est celle du respect de l’autre. J’éviterai donc toute sorte de généralisation. Mais, en revanche, il est certain qu’il peut y avoir des voleurs qui soient arabes, inutile de le cacher !
[b]J’espère qu’il n’y a jamais eu d’arabes esclavagistes au moins[/b]