Le moins qu’on puisse dire c’est que ces derniers temps le patriarche Bechara Raï a ratissé large pour servir la bonne cause ! Il n’a pas ménagé ses efforts pour dénouer le noeud gordien responsable de la vacance présidentielle ; après quoi, des séances parlementaires se sont vainement succédées. Prenant son mal en patience, le locataire de Bkerké a multiplié sans relâche contacts et négociations ; Samir Geagea, Henri Hélou, candidats déclarés se sont notamment prêtés de gaiété de coeur à cette ultime tentative de sauvetage. Selon les dires du premier, les deux hommes auraient réfléchi ensemble de tous leurs neurones pour sortir le pays de l’impasse à quelques heures de l’expiration des délais constitutionnels : l’ exercice a été infructeux et pas la moindre ébauche d’idée n’a pu voir le jour.
Après s’être ainsi démené, Béchara Raï s’est envolé direction Terre sainte via Amman où il a rencontré le pape François et ses ouailles. Un début de périple inédit qui a défrayé la chronique locale : lors d’une interview accordée au dignitaire à Amman par un journaliste de France 24, ce dernier, désireux de tirer les vers du nez à son interlocuteur afin de comprendre les tenants et aboutissants de la dimension politique de ce pèlerinage s’est fait vivement rabrouer (vidéo ci-dessous); apparemment assimilée à un crime de lèse-majesté, la question moult fois posée à propos de cette démarche dite "suicidaire" est restée sans réponse ; le patriarche martelait invariablement son droit à mener sa barque à sa guise avec pour seule exigence l’aval du président et du Premier ministre ; les autres, simples intrus n’ont pas à lui dicter la conduite à tenir !
Et de mettre l’accent sur la dimension exclusivement spirituelle de cette visite paroissiale : "les fins commerciales, politiques, économiques, militaires" n’en faisant pas partie, ressassait-il à l’envi ! Au programme, célébration de messes dont celle bien haute en couleurs qui vient de se dérouler en Israël en présence de tous les anciens membres de l’ASL, (armée du sud Liban supplétive de l’Etat hébreu)…
Ainsi à travers ses pérégrinations, aurait-il rappelé à ceux qui ne s’en soucient guère l’arabité de cette terre et sa volonté de ne pas s’en laisser conter ! Dire que tout penaud, le journaliste s’est fait envoyer sur les roses pour avoir voulu apporter un éclairage sur un voyage qui exhale un enivrant parfum de politique.
Le dignitaire pour avoir plaidé au passage la cause palestinienne, s’est vu décorer de l’Etoile de Jérusalem par le président de l’Autorité palestinienne. Cette même cause si chère au Hezbollah, lequel s’est pourtant montré réfractaire à ce voyage. C’est dire si sous ces cieux on n’est pas à une incohérence près ! Chacun veut faire cavalier seul, alors qu’on raconte que l’union fait la force. En définitive, hautement galvaudée, cette pauvre cause que l’on s’arrache à tout va pour se redorer le blason ne voit toujours pas même le bout du tunnel. Hasard de calendrier, après la fervente "résistance" du patriarche, Benjamin Netanyahu a juré que Jerusalem ne sera plus jamais divisée…
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