En France, il ne se passe pas de semaine sans que les gendarmes ne soient alertés par une famille victime de mystérieux « esprits frappeurs.Des milliers de rapports, tous plus inexpliqués les uns que les autres, existent. Quelle est cette force mystérieuse qui lance les objets les plus lourds à travers l’espace ? Faut-il exorciser les victimes de ces esprits frappeurs ? Une enquête aux frontières du mental et du physique. 

Des bruits mystérieux, ces craquements sinistres, des odeurs infectes, des meubles qui s’envolent, des courants d’air glacés, des bruits de voix inexplicables, des jets de pierres, des lévitations involontaires, des installations électriques qui tombent en panne, des  objets qui disparaissent  les «esprits frappeurs » ont une imagination féconde quand ils veulent manifester leur présence.

On appelle poltergeists ces phénomènes anormaux. Le mot est très ancien  il vient du folklore allemand et dérive de polter «( bruit ») et geist «( esprit »). Avec un peu  plus de rigueur, les chercheurs en parapsychologie ont proposé de définir toutes ces manifestations d’esprits frappeurs par le  concept de psychokinésie spontanée récurrente, ou PKSR.

Les premières relations de poltergeists viennent d’Allemagne  peu avant l’an 1000, des chutes de pierre, des coups et des grands bruits ont troublé la tranquillité de Bingen, une petite ville des bords du Rhin. A partir du xiiè siècle, sous l’influence de l’Église, on classe les poltergeists dans la catégorie des phénomènes d’origine diabolique.

En 1184, au pays de Galles, le domicile d’un certain William Nott est ravagé par une force mystérieuse qui lacère les tentures et répand des ordures. Au XIIIe siècle, Gerald of Walles note l’existence d’un «( esprit ) qui apostrophe les gens. En 1599, Martin del Rio tente de classer tous les incidents connus  il  compte dix-huit sortes de démons, chacune  se spécialisant dans le déclenchement d’un  trouble particulier.

D’après lui La seizième sorte de démons se compose de spectres qui, à certains moments et en certains lieux, notamment dans des maisons, sont susceptibles de créer des bruits et des troubles divers. Je ne donnerai pas d’exemples ici, ce phénomène étant parfaitement connu. Certains réveillent le dormeur en cognant sur le matelas et en faisant tomber ledit dormeur du lit.

L’étude scientifique des cas de poltergeists commence. On se demande alors si certains épisodes de la Bible ne relèveraient pas de cette classe d’incidents. Simultanément, la PKSR joue un rôle notable dans l’histoire du méthodisme, une doctrine affiliée au protestantisme anglo-saxon.

Pendant deux mois, en décembre 1716 et en janvier 1717, le presbytère d’Epworth (où habite le jeune John Wesley qui fondera  l’église méthodiste), est le théâtre de coups violents frappés par un esprit. Pourtant, à cette époque, John est absent du presbytère. Son père est plusieurs fois repoussé par une force mystérieuse qui bloque son chemin. Il lui arrive même d’être soulevé de son lit. En  fait, l’affaire semble due à l’influence de la sœur de John, Hetty, alors âgée de dix-neuf ans.

Petit à petit, pourtant, On allait délaisser l’explication des cas de PKSR par l’influence de « certains éléments » pour se tourner alors vers des hypothèses beaucoup plus « naturelles). Dans les années  quarante, on commence à expérimenter la psychokinésie, ou PK, au laboratoire de parapsychologie de  l’université de Duke, aux Ètats-Unis. En Angleterre. Les recherches sur les phénomènes de PKSR sont menées par la Société pour la  recherche psychique.

En France, enfin  quelques cas célèbres ont longtemps défrayé la chronique, notamment celui du fameux Curé d’Ars, régulièrement poursuivi par des esprits frappeurs, incendiaires ou destructeurs. Quand ils  n’étaient pas tentateurs … La plupart des  données contemporaines sont centralisées par la Gendarmerie nationale, qui les étudie  attentivement et qui leur a consacré un petit bureau d’études.

Généralement, un effet de poltergeists se fait annoncer par une série de coups mystérieux. Les exemples abondent et il est inutile je les détailler. Il peut arriver, pourtant, que des poltergeists débutent par des déplacements d’objets ou par d’autres manifestations insolites.

On cite souvent le cas d’une famille allemande de Neudorf dans l’état de Bade  qui a vu une série de clous apparaître au plafond tomber un à un. Ces clous se trouvaient, l’instant d’avant, dans une armoire fermée à clé. Cette même famille a pu apercevoir le fait est certifié par le maire de Neudorf les cintres qui prenaient leur vol à angle droit ou des objets qui sortaient des murs en étant chauds.

Cette chaleur est rapportée, en France, dans la plupart des cas de PKSR, par les témoins qui ont ramassé des pierres mystérieusement jetées …

Les voix non identifiables sont un des aspects le plus spectaculaires de ces poltergeists

La combustion spontanée est très souvent associée à une activité de PK SR : il existe de nombreux témoignages d’incendies déclenchés en l’absence de toute tentative volontaire directe.

Dans tous les cas, à de rarissimes exceptions près, ces phénomènes de PKSR paraissent donc liés à des jeunes gens en âge pubertaire. Est-ce le passage à l’âge adulte qui détermine l’arrivée de ces esprits frappeurs. N’est-ce pas, plutôt, un phénomène lié à une certaine tension sexuelle ? Les réponses demandent à être nuancées.