L’Hérault… Plus qu’un fleuve, une âme.

L’Hérault, est un fleuve côtier long de 160 kilomètres. Il prend sa source sur le versant sud des Cévennes, sous le Mont Ai­goual, à 1.288 mètres d’altitude au Plat Peyrot. Il parcourt le dépar­tement du Gard puis traverse, du nord au sud, le département de l’Hérault auquel il donne son nom. Il termine son périple fluvial à Agde, illustre cité grecque, plus précisément au Grau d’Agde et à La Tamarissière où il se jette dans la Méditerranée.

 

 

L’Hérault reçoit de nombreux affluents dont l’Arre, la Vis, le Rieutord, la Buèges, le Lamalou, la Lergue, la Boyne, la Peyne, et la Thongue venant grossir ses eaux calmes. Son bassin versant s’étend, en comptant les bassins des affluents, sur 2.900 kilomètres carrés.

 

L’Hérault, un fleuve côtier méditerranéen.

 

 

Le torrent impétueux, sautant de cascade en cascade, dévale plus de 1.000 mètres de dénivelé sur ses dix premiers kilomètres. A Valleraugue, entrant dans une profonde vallée, le fleuve perd de sa fougue et de sa pétulance. Au fur et à mesure de sa progression, dans les garrigues calcaires, le relief devient moins accidenté et le climat Méditerranéen s’installe. Il coule ensuite lentement, déroulant ses méandres, et, à Agde, approchant de son embouchure, il devient encore plus calme…

Comme tous les cours d’eau soumis aux irrégularités du climat méditerranéen, l’Hérault est un fleuve capricieux. Il est coutu­mier des brusques augmentations de débit et des crues soudaines, souvent liées aux précipitations printanières et automnales dévalant du massif de l’Aigoual. Pour réguler ces débits monstrueux, souvent meurtriers, liés aux phénomènes pluviaux cévenols, pouvant dépasser 1.500 mètres cubes par seconde, des barrages écrêteurs ont été construits : l’un à Clermont-l’Hérault, sur le Salagou, l’autre à Vailhan, sur la Peyne.

 

Les gorges de l’Hérault, un lieu préservé et particulière­ment sauvage.

 

 

Après avoir dévalé les pentes granitiques raides et très escarpées du Mont Aigoual, et pénétré dans le département de l’Hérault, près de Ganges, le fleuve et ses crues érodent les calcaires des Causses, creusant ainsi des gorges impressionnantes au fil des millénaires. Véritable canyon, d’une profondeur variable de 200 à 300 mètres, incisé au cœur des garrigues, c’est à Saint Guilhem le Désert qu’elles sont les plus étroites, les plus vertigineuses et les plus spectaculaires.

Dans un décor splendide, la saignée serpente depuis le Pont du Diable jusqu’aux abords de l’abbaye de Gellone. Les roches y paraissent avoir été déchirées, lacérées, taillées et sculptées par les burins d’un artiste fou adorateur de paysages sauvages. Et, jalonnées de marmites de géants et de gouffres impressionnants, les gorges, calmes ou colériques, offrent un spectacle fascinant.

 

Les paysages karstiques de la vallée de l’Hérault.

 

 

Le creusement du défilé de l’Hérault, au pied du Causse du Larzac, est un facteur déterminant de la formation de nombreuses cavités souterraines dans le karst dolomitique. En effet, les régions karstiques comportent des formes de relief, inter-dépendantes les unes des autres, bien particulières. De véritables paysages sont façonnés dans les roches solubles carbonatées : dolines et ouvalas,poljés et ponors, canyons, défilés et gorges, lapiés, crevasses et leisines, avens et gouffres, cavités et grottes, vallées sèches ou encore pertes et résurgences.

Des dizaines de kilomètres de réseaux se sont formés grâce à l’action de l’eau s’infiltrant dans les fractures de la roche, circulant dans les fissures et usant chimiquement, par l’effet de corrosion, ces anfractuosités. Témoignage du temps, les grottes de la Clamouse et des Demoiselles en sont les cathédrales.

 

Le fleuve Hérault, source de vie.

 

 

Une ceinture de grands arbres à feuilles caduques, certes étroite mais humide et fraîche, implantée tout le long du fleuve, en précise ses contours. Les frênes, les aulnes, les peupliers…, voire les platanes, par mimétisme avec les plantes des garrigues et les figuiers, s’y développent sans devoir s’adapter aux contraintes du climat méditerranéen.

Royaume de la truite fario, du vairon et du chabot, il est aussi celui de la vipère aspic et du plus grand serpent européen, la couleuvre de Montpellier, et, sur les étangs de la Tamarissière, le domaine privilégié des flamands roses …

Ce qui est moins connu c’est que l’on trouve aussi de l’or dans le fleuve Hérault! Son nom, Auroris, au I° siècle avant Jésus-Christ, Aréror au Moyen Age, puis Hérault depuis 1790, en découle.

 

De tous temps, le fleuve Hérault a été un obstacle pour les hommes.


 

Cependant, de mémoire d’homme orale ou écrite, le fleuve, source de vie, a toujours représenté un obstacle. Pour le franchir, les hommes ont utilisé des gués, des bacs et… des ponts.

Le plus antique de ces ouvrages d’art connus est le Pont d’architecture romaine de Saint-Thibéry, avec ses 9 arches, le pont le plus long de tout le tracé de la Via Domitia. Il permettait le franchissement l’Hérault pour rejoindre l’antique Cessero. Le pont a été ruiné, en 1963, par une crue du fleuve.

Construit sous l’égide de deux abbayes, Anianes et Gellone, le Pont du Diable, sur la commune de Saint-Jean-de-Fos, marque l’entrée des Gorges de l’Hérault. Il est vieux de plus de mille ans et attire chaque année, en été, de nombreux touristes.

De nos jours plus de 50 ouvrages d’art enjambent le fleuve et, parmi les plus dignes d’intérêt architectural, ceux de Gignac, de Florensac, de Ganges, de Cazilhac, de Saint-Etienne-d’Issensac…


Les usages anciens du fleuve.


 

Tout au long des siècles, l’homme a utilisé l’eau du fleuve pour irriguer les terres, alimenter en énergie la minoterie et l’industrie textile, produire de l’électricité ou extraire des sables et granulats…

Dès le Moyen-âge, moteurs essentiels de la vie villageoise, une trentaine de moulins, fariners ou bladiers, à blé ou à huile, utilisant la force motrice de l’eau, sont construits. Ils représentent le symbole de la puissance des seigneurs et ils attirent la population paysanne qui vient y moudre son grain contre redevance.

Dès le XIII° siècle, les trahandiers, tireurs de soie, s’installent dans d’anciens moulins, l’eau étant nécessaire au processus de transformation de la soie. La force motrice de la roue hydraulique, étant un facteur déterminant, ils pérennisent, ainsi, les filatures.


Le fleuve Hérault, un univers en dehors des temps.


 

La vallée de l’Hérault, bien plus qu’un simple cours d’eau, est une formidable curiosité naturelle. Le long de ses berges s’égrènent des sites historiques et d’intérêt culturel, – tels Anianes, Saint-Guilhem-le-Désert… -, et des monuments remarquables, des barrages hydrauliques et des bases nautiques…

Un petit patrimoine, témoin séculaire d’un territoire voué à la culture de la vigne et de l’olivier, – près de 3000 exploitations agricoles -, retrace le passé, représente le présent et préfigure l’avenir de toute une région aux mille visages.

 

Raymond Matabosch

 

3 réflexions sur « L’Hérault… Plus qu’un fleuve, une âme. »

Les commentaires sont fermés.