Dimanche dernier, 62,1% des électeurs Irakiens se sont rendus aux urnes pour leurs élections législatives, bravant du même coup les menaces qu’avait fait peser Al Quaida sur ceux qui auraient l’index teinté d’encre, signe de participation au vote. Les Français, eux aussi appelés aux urnes dimache prochain pour le scrutin régional, feraient bien de s’en inspirer.
Les électeurs Irakiens se sont déplacés dimanche dernier aux urnes pour leurs élections législatives. Selon les premières estimations, le premier ministre sortant Nouri Al-Maliki arriverait en tête devant l’ancien chef du gouvernement Iyad Alawi. Les résultats finaux devraient être connus d’ici le 18 mars. En dehors de ces considérations du jeu politique, la principale satisfaction vient toutefois de la participation au scrutin qui s’établirait à 62,1 %. Elle est certes moins élevée qu’il y a cinq ans, lorsque les premières élections de l’ère post Sadam Hussein avaient réuni près de 76% des citoyens Irakiens, mais la situation ne s’est pas vraiment améliorée en une demie décennie.
Depuis 2005, les rêves se sont en effet quelque peu évanouis dans un pays rongé par la corruption, le plus corrompu au monde même selon Transparency International. Pourtant les Irakiens sont allés voter, sans doute plus pour le geste démocratique que pour choisir un parti mais ils ont montré que le peuple pouvait s’exprimer en Irak, qu’il y avait un peuple en Irak.
Malheureusement, le pays est loin d’être guérie et les violences font encore aujourd’hui partie intégrante du paysage de l’ancienne Mésopotamie et ce, à moins d’un an du retrait des soldats américains. Ainsi, pour la seule journée du 7 mars – le jour du scrutin – on a dénombré 38 morts et 110 blessés à travers le pays. Al-Quaida, qui avait annoncé des attentats contre les Irakiens se rendant aux urnes, a donc tenu parole. Mais les tirs de roquettes n’ont pas entamé la volonté électeurs, peut-être ont-il donc fini par se faire à cette violence quotidienne? C’est ce que semble laisser penser Arabiya Al-Samarrai, 46 ans, professeure d’anglais lorsqu’elle déclare, « C’est notre destin. Nous Irakiens, ne connaissons pas notre avenir mais pour nous aujourd’hui les bombes sont des vétilles »
A Fallouja, ancien fief de l’insurrection, un électeur a même osé lancé, « Votez contre Al-Quaida! Ils nous ont terrorisés pendant plusieurs années. Il faut les chasser, il font du tort à notre pays. »
Malgré cela, le peuple s’est donc exprimé en démocrate, comme en France, le pays des Lumières, premiers penseurs de la démocratie. Aujourd’hui, les choses ont pourtant changé dans l’Hexagone comme dans la plupart des pays occidentaux d’ailleurs. Bien sûr, il n’y a pas de fraude – ou peu – ni de violence contre les électeurs, mais voter n’est plus une priorité dans un pays pourtant connu pour son caractère protestataire.
Ainsi, les élections régionales qui se présentent les 14 et 21 mars apparaissent sans saveur.
La faute à qui?
Certainement aux hommes et aux femmes politiques. Eux-mêmes qui, pour tenter de faire pencher la balance de leur côté, ont eu recours à des méthodes qui sont loin de leur faire honneur. On pense à Francis Delattre et Sebastien Meurant qui ont été cherchés des condamnations imaginaires contre Ali Soumaré ou encore à Vincent Peillon qui les a imité en ressortant des dossiers de fond de tirroir sur Patrick Devedjian et Alain Madelin.
La faute aux citoyens aussi qui, selon les sondages, ne se déplaceront qu’à un sur deux environ dimanche 14 mars pour ces élections régionales. Élections donc peu importantes pour beaucoup de Français alors qu’il est apparu que la plupart ne discernent pas leur utilité.
La faute aux médias enfin, qui ne joueraient pas leur rôle d’information? Peut-être aussi.
Mais en Irak, les politiques, souvent corrompus, sont sûrement plus décevants et les médias moins accessifs.
La France doit donc prendre cette fois-ci exemple sur le peuple Irakien, un peuple qui se bat aujourd’hui pour la démocratie comme des Français l’ont fait en leur temps, consacrant alors la France comme un exemple pour les peuples opprimés. Chose à ne pas oublier dimanche.
Dimanche 7 mars, Irak, des femmes exhibent leur index teinté d’encre, signe affichant leur participation à l’élection.
C’est vrai qu’ils nous ont donné une bonne leçon de courage et de civisme. Mais l’avenir est bien sombre pour eux.
« Dans le pays, les élections n’ont pas données un seul espoir de changement sur la vie quotidienne qui, malheureusement, ne fait que se dégrader de jour en jour depuis 2003. L’Irak, qui était un des pays les plus riches du monde avec sa grande classe moyenne, n’en est plus qu’un pâle reflet. Aujourd’hui le pays obtient de piètres résultats au niveau de l’éducation, l’électricité, la santé, l’eau potable mais aussi dans le respect des droits humains et sociaux. L’Irak est le 4ème pays le plus corrompu au monde : dans le secteur clé du pétrole qui ne cesse de se privatiser, personne ne sait dans quelles mains les recettes peuvent atterrir. C’est la classe politique imposée par les occupants qui crée cette nouvelle oligarchie. Elle légalise le vol et le démantèlement des institutions publiques à travers une législation régressive ; dés lors le concept de citoyenneté perd de sa valeur, l’Etat disparait et donc les hommes et les femmes sont beaucoup plus sujets à l’arbitraire et au désespoir » […]
« En Afghanistan, tout comme en Irak, le commandement militaire américain estime important de faire un exemple en punissant une ville à population importante connue pour être un centre de résistance à l’occupation et en faisant parvenir le message à tout le pays qu’une telle résistance est futile et qu’on y répondra par le massacre et la destruction.La tuerie est officiellement justifiée au nom de la lutte sans fin contre le terrorisme. Au-delà de la propagande, la force motrice de la guerre en Afghanistan, comme la guerre en Irak, se trouve la tentative de l’élite dirigeante américaine de contrer la crise du capitalisme américain par le recours à la force et par la saisie de positions stratégiques dans le Golfe persique et en Asie centrale, deux régions renfermant de vastes réserves énergétiques. » […]
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