Les messages chiffrés communiquant des informations sur des objectifs ou sur les méthodes de fabrication de bombes artisanales sont de plus en plus fréquents sur la Toile. C'est pour cette raison que 27 pays se sont réunis à Lisbonne afin de coordonner leurs efforts pour lutter contre ce nouveau moyen de communication pour les terroristes et pour en terminer avec cette facilité avec laquelle ceux-ci se déplacent dans l'espace cybernétique.
Franco Frattini, Vice-Président de la Commission européenne et chargé des affaires relevant du domaine de la "Liberté, sécurité et Justice ", a préparé plusieurs dispositifs et tout un lot de mesures qui devraient permettre aux autorités de lutter contre ce type de délinquance. L'ensemble des mesures prévues pour lutter contre le cyberterrorisme a beaucoup de chance d'être adopté par Bruxelles en novembre, par exemple, la fermeture de sites islamistes qui prônent le radicalisme. S'il faut défendre les libertés, a déclaré Frattini à la presse, autoriser l'échange d'information concernant la fabrication de bombes et garantir les libertés d'expression sont deux choses totalement distinctes.
Et c'est cette affirmation qui fait craindre le pire aux défenseurs des libertés individuelles, parce qu'a tout vouloir contrôlé on en arrive bien vite à limiter les libertés, et s'il faut contrôler les messages qui s'échangent sur Internet, comment garantir le respect de la vie privée ? À cause des terroristes, ne nous dirigeons-nous pas vers la nécessité de créer une sorte de "Big brother " qui contrôlerait les faits et gestes de chacun d'entre nous ?
Même si Bruxelles veut nous rassurer en nous affirmant le contraire, il est à craindre qu'il nous faille bientôt choisir entre libertés individuelles et sécurité.
Menace terroriste, armes artisanales
En ce qui concerne les menaces terroristes majeures, l’opinion est focalisée sur les risques nucléaire, biologique, chimique ou radiologique. Pourtant, les progrès effectués par diverses organisations terroristes dans la maîtrise des explosions diffuses (thermobariques, FAE) peut faire craindre l’usage d’armes improvisées aussi redoutables que simples à fabriquer et à mettre en œuvre.
Les termes « thermobarique », « fuel-air explosive » (FAE) et « explosion diffuse » désignent un même procédé : l’utilisation de l’oxygène de l’air ambiant comme comburant dans une réaction explosive. Rappelons que, dans l’immense majorité des cas, une réaction explosive peut être comparée à une combustion extrêmement rapide, plusieurs centaines de mètres à la seconde dans le cas d’une déflagration, plusieurs kilomètres à la seconde dans le cas d’une détonation. Une réaction de combustion se produit lorsque de l’oxygène se combine à un corps réducteur en libérant de l’énergie sous forme de chaleur, et lorsque la chaleur produite suffit à entretenir la réaction. C’est ce qui se passe dans un poêle, une cheminée, une bougie, un incendie de forêt, etc.
On distingue traditionnellement les explosifs, selon leur composition, en deux classes : les mélanges explosifs et les explosifs simples. Dans les mélanges explosifs, on associe un ou plusieurs produits avides d’oxygène (carburants) à un ou plusieurs produits propres à en libérer lorsqu’ils sont chauffés (comburants). C’est, par exemple, le cas de la poudre noire [1], des mélanges nitratés, comme celui utilisé à Oklahoma City, ou des mélanges chloratés bien connus des enfants turbulents. Dans les explosifs simples, une seule molécule contient le comburant et le carburant. Le comburant est simplement fixé au carburant par une liaison faible, facile à rompre avec une faible énergie. Lorsqu’une telle molécule est rompue, et si la température de combustion est atteinte, elle se recompose en plusieurs molécules à liaisons fortes, en libérant beaucoup d’énergie. Cette énergie libérée est suffisante pour rompre plusieurs autres molécules et fournir la chaleur nécessaire à la combustion des « morceaux » de carburant produits avec l’oxygène libéré de ses liaisons faibles. Dans cette catégorie, on trouve la plupart des explosifs militaires (TNT, pentrite, hexogène…) et certains explosifs civils, comme la nitroglycérine utilisée dans les dynamites. La plupart des explosifs simples sont de type nitré. En général, les mélanges explosifs, à moins d’être très fortement amorcés, déflagrent. [2], tandis que beaucoup d’explosifs simples détonent assez facilement
Les thermobariques sont une catégorie particulière de mélanges explosifs. Leur particularité est d’utiliser comme comburant l’oxygène disponible dans l’air ambiant. L’idée générale est de reproduire délibérément les phénomènes à l’œuvre dans les explosions accidentelles de gaz, les « coups » de grisou, de poussier [3], les explosions de silos… On peut aussi évoquer ce qui se passe dans le moteur de votre voiture : l’essence, ou le gasole, est mélangé à de l’air. Le mélange comprimé fait explosion et une infime quantité de carburant peut ainsi déplacer un véhicule de plus d’une tonne. Tout l’intérêt de l’affaire est d’économiser le poids et le volume du comburant, qui constituent la majeure partie du poids et du volume d’un explosif « classique » [4]. Pour fixer les idées, dans les meilleures conditions de mélange et d’allumage, un kg d’essence libère en brûlant plus de dix fois l’énergie libérée par l’explosion d’un kg d’explosif militaire standard.
Usage terroriste
Il semblerait qu’en France, une première tentative d’utilisation des explosions diffuses à des fins terroristes ait été effectuée par Action Directe ou un groupe apparenté au début des années 70. Des recharges de « camping-gaz » avaient été utilisées à l’intérieur d’une fourgonnette, apparemment sans autre effet que de détruire le véhicule. Vers la fin des années 70, un attentat eut lieu dans un grand magasin parisien. Les témoignages ayant fait mention de deux explosions très rapprochées, ainsi que le type de dégâts et de blessures générés font penser à un essai de thermobarique artisanal. Les effets ayant été assez réduits, on peut penser soit que la charge était de très faible puissance, soit que la dispersion était mal maîtrisée [8], soit les deux. Depuis lors, chacun sait, par les reportages télévisés, que les différents FLNC ont coutume, lorsqu’ils veulent démolir un bâtiment, d’utiliser des bouteilles de gaz reliées à une charge initiatrice… avec un certain succès.
Une nouvelle étape semble avoir été franchie avec l’utilisation, en Tunisie, d’un camion de gaz contre du personnel sortant d’une synagogue. Manifestement, les terroristes prennent conscience de l’intérêt et du potentiel des munitions artisanales thermobariques, aussi ai-je décidé de rédiger cet article. Je pense, en effet, qu’il vaut mieux « paranoïer » avant que « déprimer » après.
On peut supposer que, même sans avoir lu les publications spécialisées sur les aérosols explosifs, publications destinées à éviter leur formation accidentelle, tout terroriste confronté à une explosion de gaz comprend l’intérêt qu’il peut avoir à la reproduire. Les bonbonnes de gaz sont en vente libre, les charges initiatrices relativement aisées à fabriquer [9] et le résultat dépasse de beaucoup l’effet produit par un même poids d’explosif classique. Quelques essais pour trouver la bonne charge initiatrice [10], car il faut à la fois qu’elle produise un mélange le plus homogène possible et qu’elle le mette à feu ni trop tôt ni trop tard, et hop : application pratique.
Il serait surprenant qu’aucun Islamiste n’ait entendu parler de l’explosion du camping « Los Alfaques ». Rappelons que le 12 juillet 1978, à San Carlos de la Rápita, en Espagne, un camion citerne contenant de l’oxyde de propylène a explosé à proximité d’un camping jouxtant une plage. L’oxyde d’éthylène est, avec l’oxyde de méthylène, le comburant le plus souvent utilisé dans les munitions thermobariques militaires. L’oxyde de propylène est un produit similaire. Bilan : 150 morts, 500 brûlés graves, douze bâtiments détruits, dont une discothèque. Des malheureux qui avaient cru échapper à la mort en se réfugiant dans la mer furent bouillis vifs. Or, des semi-remorques d’oxyde d’ethylène circulent sur nos routes sans escorte et avec la mention de leur contenu inscrite en toutes lettres sur la citerne. Un homme seul peut menacer ou tuer le conducteur, détourner le véhicule vers un marché, un bal populaire, un spectacle en plein air… et, avec quelques dizaines de kg d’explosifs, provoquer un désastre sans même avoir à se suicider.
Rien n’est gratuit même pas la perversité!
@ drew …..Tout ceci est bien intéressant….D’un autre côté pour quoi révéler ces « procédures »? Pour donner des idées à des petits malins? Rien n’est gratuit!
Lib