Lettre à Lynda Lemay

Je l’ai fait. J’ai écrit à Lynda Lemay. Bon un email parmi des milliers d’autres, certes. Mais un fan ne réagit pas comme ça. Le fan se sent unique en face de l’idôle, alors que c’est bien-entendu l’inverse qui se passe. Tant pis, c’est en tant que fan que j’ai écrit à Lynda, statut que j’assume pleinement. Voici cette lettre. 

Bonjour Lynda,

Je suis très content de m’adresser à toi, depuis le temps que j’y pense. Je te tutoie car, tu le fais bien toi dans tes chansons. D’une certaine manière, on est d’égal à égal désormais. Tu est certes un peu plus connue que moi, mais à part cette différence, il s’agit bien de deux êtres humains « au bout du fil ». Je te remercie par avance du temps que tu vas consacrer à lire cet email, à moins qu’il faille remercier ton attaché de presse.

J’avais déjà essayé de t’écrire, via un blog qui existait il y a pas mal d’années, en vantant notamment les copies et le téléchargement illégal car oui, Lynda, je t’ai découverte (ainsi que ma femme) grâce à une sélection que m’avait fait ma sœur en P2P.  Depuis, j’achète à peu près tous tes disques. La conclusion était une autre façon de considérer le téléchargement dit « illégal ». La censure était passée par là et je n’avais jamais vu mon article publié…

Je voulais ici te parler de l’avant dernier disque « Allo c’est moi » (ou j’ai un peu de retard, mais je l’ai retrouvé  en prenant une poignée de cd à écouter lors d’un « business trip »). J’ai finalement découvert ces chansons qui n’avaient à priori pas passé le stade de la 1ère écoute. Pourquoi ? C’est la question. Ce n’était peut-être pas le bon moment, pas le bon état. Car tes disques, Lynda, ça ne s’écoute pas d’une oreille distraite comme on peut écouter du Souchon ou je ne sais quelles variétés internationales. Il faut être conditionné, il faut être prêt. Tu as une faculté extraordinaire de ne pas nous laisser indemne. Comme les chansons tristes attristent  plus que les chansons gaies rendent gai, il vaut mieux avoir un bon moral avant de t’écouter. Condition sine qua none !

 Ton disque est une réussite et en parler et évoquer ces chansons me donnent déjà des frissons.

Le vieux pot. C’est important les vieux pots car on est sûr d’y trouver des bonnes soupes. Et dans un disque de Lynda Lemay, on cherche du Lynda Lemay, du bon Lynda Lemay et je l’ai trouvé. Les chansons qui nous retournent même si on n’est pas concerné. Tes chansons nous emmènent dans ton univers et on prend la place du chanteur, ta place. Et là tu es vraiment unique. Tu électrises l’auditeur et il se télé transporte alors dans ton théâtre, prend la peau du personnage principal. Non, tu n’es pas unique Piaf le faisait et Brel aussi. On n’est pas divorcé, mais on se dit en t’écoutant que c’est si vite arrivé, et on pense déjà aux souvenirs que l’on garderait et l’amertume nous envahit. En revenant de mon déplacement, je retrouve ma femme et pense à immortaliser l’instant présent.

Tu as de l’humour toujours. Et toujours excessive dans les situations qui nous ramènent aux films légendaires des Monty Pythons. Et toujours aussi à te venter de tes performances sexuelles (« Le dard »). C’est bon Lynda, profile bas ! De toute façon, c’est l’homme qui fait tout et c’est lui qui doit se gérer. Pas vous, mesdames.   

La musique nous berce comme d’habitude. Les notes de piano nous accompagnent,  appuient là ou ça fait mal, mais nous protègent aussi, nous enveloppent. Et c’est aussi ta signature Lynda de jouer avec les notes. Dans « Tu ne verras plus l’hiver», tu te permets une chanson douce pour un thème dramatique. Cette fois, tu allèges la souffrance de l’enfant et celle de nos pensées en compensant la tristesse de la situation par la musique. Mais du coup, je me dis que tu (la mère) prends du recul, elle (toi) est presque joyeuse (car délivrée). Ca me dérange presque, cartésien que je suis.

C’est aussi la mort qui t’obsède toujours et peut-être de plus en plus avec ce satané compte à rebours qui commence à se vider (comme nous tous, on est d’accord….).

Malgré tout, tes chansons tristes, et bien, on ne veut pas que ça s’arrête. On est un peu obligé d’être maso pour t’aimer, Lynda.

Le cristal qui sort du four encore brûlant.  Par rapport à tes albums précédents, j’ai trouvé aussi de la nouveauté, de l’innovation. Plus (dans le sens +) de musique. Longue introduction dans  « la Partouze » (si je peux me permettre), cordes quasi symphoniques dans « Rumeurs sur le père Noël ». C’est bien, tu fais durer le plaisir. J’avais plus le souvenir que la musique s’arrêtait nette avec tes mots par le passé, à ma grande frustration. Incontestablement, ce n’est plus le cas dans cet album.

Et puis, Lynda dans ta musique, tu es quand même plus rock’n’roll. Ca déchire (« La grande classe » – là on baisse le volume – « Si j’étais optimiste », « Les cools et les cons »).

Aussi plus pessimiste justement que précédemment avec des histoires d’amour qui se terminent mal (… en général), on était pas habitué à ça et des histoires tout court où l’on sent qu’il n’y a pas de porte de sortie (fatalistes en quelques sortes), si ce n’est le regret. L’exception est peut-être dans  « Rend moi ma bicyclette» dont la petite fille croit tellement à son sermon qu’on ne voit pas comment il ne peut pas se réaliser.

Ma chanson préférée. « Rend moi ma bicyclette » car c’est aussi ton empreinte (et oui on en revient au vieux pot) : partir d’un petit fait divers (le vol) et t’en servir pour déjouer la satyre sociale, sous fonds d’histoire d’amitié voire d’amour enfantine naissante. Et puis j’adore la musique Et enfin, c’est étrange, dans certaines chansons comme dans celle-ci, tu arrives à couper presque la musique, dans tes couples,  et avoir une petite voix un peu nasale d’enfant ou d’adolescent. Je ne sais pas si c’est volontaire ou pas, mais c’est assez surprenant.

Bon, ben voila. Quand j’aurais écouté encore une dizaine de fois ce CD là, je me mettrais à « Blessée ».

Si tu es allé jusque là dans la lecture, je me permets aussi de rebondir sur ma petite personne (ben oui, tu n’es pas la seule à avoir un ego). Je suis compositeur amateur et j’ai écrit quelques chansons pour mes enfants que j’envisage d’enregistrer (home studio) plus pour eux que pour le public car j’ai une voix de casserole, voire même de faire un livre pour enfant, sonore. Mon problème, c’est le temps. Pourquoi ? Je suis directeur financier et le % consacré aux loisirs après boulot et famille est peau de chagrin. C’est là-dessus que je vais conclure. Tu n’as jamais fait, je crois, de chanson sur le directeur ou le DRH qui, sous pression des actionnaires, est obligé de délocaliser (‘y a une superbe dramatique là), du style « le blues du Businessman ». Si tu n’es pas inspiré, n’hésite pas à me demander un texte. ‘Y a moyen que je réfléchisse à quelque chose. Si tu n’es pas trop pressée, évidemment.

Avant de te quitter,Lynda, je te donne si tu as l’occasion d’y passer, mes liens vers mes sites (pas très sexy, mais ça me permets d’avoir un support pour conserver et partager musiques et chansons) :

 http://sites.google.com/site/mistertshap/

https://sites.google.com/site/tonhistoire/

Je t’embrasse, bonne promo et… pense à ne pas trop délaisser tes enfants et ton homme (oui, je le mets en dernier l’homme. Je vous connais les femmes : il passe toujours en dernier, bandes de castratrices !!!!). Rendez-vous peut-être au prochain album.