L’Hôtel de la Marine est un superbe monument parisien situé place de la Concorde. Il héberge actuellement la Marine Nationale et doit bientôt changer de fonction. L’organisation de sa future utilisation a suscité de vives polémiques loin de la réalité de l’Hôtel de la Marine.
Pour résumer, l’Etat a lancé un appel à projets dans le cadre de partenariats public privés (PPP) afin de louer le bâtiment (sous de nombreuses conditions) à un privé contre le financement total des travaux de rénovation. De nombreuses personnes outrées se sont alors exprimées contre l’idée même de PPP pour l’Hôtel de la Marine, certain allant jusqu’à parler de "prostitution culturelle".
Connaissant personnellement pour des raisons familiales (ma femme y travaille comme secrétaire) l’Hôtel de la Marine et ayant suivi de très près la polémique, je peux témoigner que ces palabres sont un luxe que l’on ne peut pas se permettre tant le bâtiment (à l’exception de 3 salons pour les cérémonies officielles et les journalistes) est largement délabré. De nombreuses salles sont complètement condamnées, dans les couloirs, des gravats tombent du plafond, les murs sont pourris, j’en passe et des meilleurs…
Bref, l’Etat n’ayant pas les moyens (il faudrait environ 200 millions d’euros pour redoner sa superbe au bâtiment) dans un contexte mondial de restriction budgétaire, nous n’avons pas d’autre choix que de faire appel à des capitaux privés sous peine de voir le monument s’effondrer carrement d’ici une cinquantaine d’année !
Partant de ce constat, j’ai essayé de comprendre comment des personnes, a priori interessées par ce sublime bâtiment, pouvait souhaiter sa mort en luttant contre tout PPP. Mes observations m’ont conduit à définir deux catégories d’opposants au projet de location de l’Hôtel de la Marine : d’une part les militaires de la Marine Nationale, attachés émotionnellement au bâtiment et peu tournés vers le modernisme qui espèrent en vain (le projet de déménagement à Ballard n’est absolument pas remis en cause par qui que ce soit) que leurs différentes pressions leur permettront de rester sur place.
D’autre part, différents donneurs de leçons qui n’ont aucune prise avec la réalité et qui n’ont jamais mis les pieds dans le bâtiment, des lectrices du "Firgarôôô" magazine, comme les décrit à merveille un article de Rue 89 sur le sujet :
"Moi je choisis la vie, la création, le commerce, avec leurs bonnes et leurs mauvaises surprises. Et c’est un vrai conservateur qui vous le dit ! Le conservatisme, c’est garder tout ce qui marche, et ne changer que ce qui ne marche pas. Vu l’état de décrépitude et l’utilité sociale nulle de l’actuel Hôtel de la Marine, il est temps de changer, non ?
J’espère que le président Sarkozy reviendra sur sa juste intention première et ne se laissera pas effrayer par la mobilisation des vieux barbons de la France moisie et du Figarôôô magazine. Une indication intéressante, parmi d’autres, sur l’orientation réformatrice ou conservatrice de la fin du quinquennat."