En cette ère où l’environnement est de plus en plus menacé par les actions de l’homme, une des facettes les plus aberrantes de notre façon de vivre est sans aucun doute l’étalement urbain. Ce problème est particulièrement visible au Québec à travers l’agrandissement des banlieues des grandes villes, mais il cause aussi problème dans les municipalités de taille moyenne.
L’étalement urbain est intrinsèquement lié au modèle de la maison individuelle, communément appelée bungalow. Ce mode d’habitation ne permettant qu’une densité de population très faible, il ne permet pas la mise en place de services de proximité à la population, et est très difficile à desservir en transport en commun. Cela a pour conséquence que chaque déplacement doit se faire en voiture, même pour effectuer des achats courants ou se rendre à un centre sportif par exemple.
Cela met en place un cercle vicieux qui perpétue le règne de l’automobile : l’automobile devient essentielle à la vie de tous les jours, on retrouve souvent deux véhicules ou plus par famille et il y a donc de plus en plus de véhicules sur les routes. Pour permettre une circulation relativement fluide, de nouvelles routes plus larges sont construites, et, ces routes occupant un espace considérable, la densité de population baisse encore, accentuant l’étalement urbain.
Les conséquences néfastes sont donc multiples : au niveau environnemental, la quantité de CO2 émise dans l’atmosphère est énorme, accélérant ainsi le réchauffement climatique, et l’étalement urbain empiète de plus en plus sur les milieux naturels. Notre qualité de vie diminue, comme nous consacrons de plus en plus de temps et une plus grande part de notre budget personnel aux transports, à travers l’essence mais aussi les frais de stationnement où la quasi-nécessité d’avoir plusieurs véhicules par famille. De plus, les transports actifs deviennent quasiment impossible, ce qui nuit à la santé globale de la population et occasionne donc un coût pour la société à travers notre système de santé. Enfin, il faut noter que les routes, égouts ainsi que la connexion au réseau électrique des zones à faible densité de population coute très cher aux municipalités, qui ne peuvent investir cet argent dans les services à la population.
Que faire pour stopper ce problème? Il faut commencer par construire les nouvelles villes de façon plus dense, ce qui, comme nous allons le constater, amène de multiples avantages. Imaginons une banlieue utopique de Montréal qui, dans son plan d’urbanisme, remplace complètement les quartiers de bungalows par des blocs d’habitations d’un maximum de 3 étages, mais permettant tout de même une densité de population bien plus élevé. Cela permet l’implantation d’un service de transport en commun efficace (pouvant éventuellement faire la navette de la banlieue vers la grande ville, comme la densité de population de la banlieue est suffisante) et de services de proximité de qualité et rentables. De plus, avec l’argent économisé comme seule une superficie plus petite doit être équipée (route, égouts…) la ville aménage plusieurs centre culturels et sportifs ainsi que de grands espaces verts accessible à tous à une distance raisonnable à pied et qui répondront de façon plus qu’adéquate aux besoins de la population.
Dans un contexte, on remarque que les avantages de la maison individuelle se font moins nombreux ; qui a besoin d’une piscine dans sa cour arrière lorsqu’une piscine publique est accessible à pied? Qui a vraiment besoin de son jardin lorsqu’un jardin communautaire se trouve au bout de la rue? Aussi, ce modèle permet d’éliminer plusieurs problèmes dans le domaine des transports, comme une densité de population plus grande augmente la compétitivité des transports en commun et du transport actif face à l’automobile, aussi bien sur le plan monétaire, de la durée ou sur le plan fonctionnel, à savoir quel système est le plus pratique et agréable à utiliser.
Nous savons depuis plusieurs années que le modèle actuel menant à l’étalement urbain, selon lequel les villes sont bâties, est un modèle insoutenable aussi bien de par les problèmes environnementaux qu’il cause que par les coûts faramineux qu’il occasionne à notre société. Il est urgent d’agir, mais comme nous l’avons constaté, il faut avoir une vision politique commune et une planification urbaine qui voit à long terme au lieu de ne voir que les redevances à court terme que versent les entrepreneurs aux municipalités en échange du droit de construire. Notre sagesse collective est elle suffisante pour résoudre ces défis?
[b]L’expansionnisme à tout va ? et même au delà …[/b]