Dans cet article, je ne vais pas revenir sur la crise qui secoue l’équipe de football qui représentait notre pays à la coupe du monde de football 2010, ni sur la qualité de la sélection, du jeu, ou de l’état moral des joueurs (d’autres journalistes plus spécialisés dans le sport l’ont déjà fait), mais sur ce qui s’est passé juste après le coup de sifflet final qui marquait le sort et l’exclusion de notre équipe.

Ainsi, alors que l’équipe de football sud-africaine était — malgré sa victoire — éliminée tout comme la France, l’entraîneur Carlos Alberto Parreira traversa la pelouse pour venir saluer Raymond Domenech, son collègue de l’équipe adverse.

C’est une pratique habituelle sur les terrains de football du monde entier, et tandis que les joueurs échangent leurs maillots, les entraîneurs se serrent la main. Cette habitude « sportive » n’est d’ailleurs pas l’exclusivité du football, puisqu’elle est répandue dans toutes les compétitions comme au tennis, également d’actualité, ou les joueurs après la partie montent au filet pour se congratuler.

Mais voilà, tout comme le coup de tête de Zinédine Zidane reste l’image-choc de la coupe du monde 2006, la main tendue de Carlos Alberto Parreira que Raymond Domenech refuse ostensiblement de serrer risque d’être celle que la France laissera lors de cette coupe du monde.

Les nombreux journalistes présents lors du dernier match de notre équipe n’en reviennent toujours pas, tant la scène semble irréelle : alors que Domenech tourne le dos à la main tendue de l’entraîneur de l’équipe d’Afrique du Sud, on voit Alberto Parreira prendre l’entraîneur français par le bras, tenter en vain de le raisonner, il semble même vouloir forcer le Français à lui prendre la main, mais Raymond Domenech s’obstine dans son refus, expliquant à son adversaire l’inexplicable et argumentant l’indéfendable.

Lors de la conférence de presse qui suivit la partie, les journalistes ont immédiatement questionné l’entraîneur français sur son attitude, mais Domenech a refusé de répondre. Sous l’insistance des reporters, l’entraîneur a clos le débat par cette phrase : « Si c’est toutes les questions que vous avez à me poser, je vais vous laisser, on n’est pas dans le même monde ».

Il fallut donc aux journalistes se rabattre sur Carlos Alberto Parreira, l’entraîneur brésilien de l’équipe sud-africaine, pour avoir le fin mot de l’histoire et enfin savoir ce que le coach français lui avait dit. Parreira n’a pas voulu s’étendre sur cette affaire, mais a quand même précisé que Raymond Domenech lui avait reproché l’exclusion de Yoann Gourcuff avant d’insulter l’Afrique du Sud et son équipe.

Doit-on le croire, je ne sais, mais le geste en lui-même était suffisamment insultant. Les réactions n’ont d’ailleurs pas tardé à pleuvoir dont celle d’Aimé Jacquet, l’entraîneur de l’équipe victorieuse de 1998 : « Peu importe que l’on gagne ou que l’on perde, ce que l’on ne doit jamais perdre, c’est le respect ».

L’équipe de France de football est en effet loin de l’idéal sportif de Pierre de Coubertin, et les joueurs comme leur entraîneur semblent avoir oublié les mots du père des Jeux olympiques modernes : « L’important dans la vie ce n’est point le triomphe, mais le combat, l’essentiel ce n’est pas d’avoir vaincu, mais de s’être bien battu ».

En attendant, l’image qui est passée en boucle sur les chaînes de télévision étrangères, est celle de la main tendue de Carlos Alberto Parreira ignorée par Raymond Domenech, et je suis tenté de conclure cet article avec les mots de la télévision espagnole qui avait déjà qualifié l’équipe de France d’équipe la moins aimée lors de son arrivée en Afrique du Sud, et qui suite à la prestation de nos joueurs et au geste de Domenech concluait que les Français partaient en laissant une opinion pire que celle qu’ils avaient en arrivant.

Si nous avons montré une chose lors de ce tournoi, c’est que nous sommes bien les champions de l’incivilité, du manque de respect, des « forts en gueule » qui font mal le travail pour lequel ils sont grassement payés… car qu’on le veuille ou non, en raison de sa couverture médiatique la coupe du monde de football est l’événement sportif le plus important de la planète et nombre de gens qui n’ont pas les moyens de voyager sont convaincus que tous les Français sont semblables à cette horde hautaine et mal éduquée qui portait nos couleurs en Afrique du Sud.