L’économie mondiale est tantôt présentée comme la solution salvatrice pour notre avenir tantôt comme un monstre sans nom broyant tout sur son passage. Qu’en est-il  vraiment et est-il excessif de comparer cette mondialisation à une nouvelle forme d’esclavagisme ? Je vous apporte quelques éléments de réponse à travers une série d’articles, consacrés à cette économie.

 

Nous avons tous appris à l’école le sens du commerce triangulaire, symbole effrayant de l’esclavagisme traditionnel. Nous nous effrayons de ces bateaux partant vers le nouveau monde et dont les cales s’emplissaient d’êtres humains, condamnés à mourir pour permettre la culture des productions nécessaires au développement de nos sociétés occidentales.

On a fait notre mea culpa et on reconnait (heureusement) nos torts et pourtant l’histoire ne semble pas avoir joué son rôle pédagogique puisqu’aujourd’hui encore nous laissons faire et taisons ce drame de la mondialisation. Il serait même trop facile de dénoncer les enfants qui travaillent pour que nous puissions profiter de la technologie de points. Une petite phrase « Tu as vu, j’ai réussi à avoir le dernier iPhone avec une super réduction » et voilà un enfant de 10 ans à peine contraint d’entamer sa 11ème heure de travail quotidien pour pouvoir nous satisfaire.

 

Les échanges mondiaux, une nouvelle forme d’esclavagisme triangulaire : 

Le système est bien plus pernicieux, et les esclaves ne sont plus aussi facilement identifiables. Entrez quelques minutes dans le jeu de l’économie mondiale. Un producteur chinois commercialise des téléphones portables. A force de sacrifice (de la part de ses employés) et de renoncement (de la part de ses mêmes employés), cet industriel réussit à produire ces bijoux de technologie à 10 euros H.T.

Achetés par une société américaine, suisse ou française, ces téléphones vont être conditionnés puis transportés en France et dans tous les pays occidentaux. Au passage, 5 euros sont venus alourdir la facture et nos téléphones sont désormais vendus aux commerçants à 15 euros.

Ces derniers, motivés par le développement de leur entreprise, entendent vendre ses téléphones à 60 euros H.T., leur assurant ainsi une belle marge. Rien n’est condamnable à ce niveau sauf que :

·        Premièrement, on doit s’assoir sur les principes et sur les conditions de travail.

·        Deuxièmement, on peut s’alarmer que ces entreprises tirent des marges considérables sur des produits dont la fabrication ne paie même pas à sa juste valeur le travail humain.

·        Enfin, ces mêmes entreprises vont pouvoir faire pression sur les salariés occidentaux en vantant les téléphones chinois à 10 euros H.T., en laissant entendre de la sorte que la main d’œuvre occidentale peut revoir ses prétentions à la baisse.

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La main d’œuvre bon marché, nouvel enjeu des esclavagistes modernes:

 

Certains (devinez où se situent les groupes de pression) expliquent (et souvent à raison) que les conditions de travail s’améliorent en Chine, que les salaires y sont régulièrement augmentés. On ne peut pas contester cette réalité. A l’inverse, on passe sous silence, que de plus en plus d’entreprises délocalisent passant de la Chine à l’Afrique ou au Vietnam.

L’esclavagisme réside aussi dans cette course effrénée aux conditions les plus avantageuses pour attirer entreprises et investisseurs. Les pays se lancent dans cette course aux dépens des travailleurs et des habitants.

La Chine apparait moins attractive, alors les usines fleurissent sur le continent africain. Le Bengladesh voit fuir les investisseurs suite au drame des immeubles qui s’effondrent et c’est la Thaïlande qui promet à ces mêmes entreprises des rentabilités supérieures encore.

Et vous, de quel côté êtes-vous ?

  Au bout du compte, la misère se déplace et les esclavagistes aussi. Car si l’entreprise recherche à faire le plus de profit, elle n’est pas la seule à blâmer. Vous lisez cet article sur un ordinateur acheté à un prix défiant toute concurrence. Félicitations, mais savez-vous dans quelles conditions il a été produit.

Ne nous voilons pas la face, nous sommes tous responsables. On peut se cacher derrière notre baisse de pouvoir d’achat. Nous achetons les produits les moins chers. D’accord, mais alors on se doit de fermer les yeux et de ne pas condamner ce système. Cela reviendrait-il à dire, que nous sommes dans une impasse, et que seuls les mieux lotis peuvent se dresser contre ces dérives inexcusables.

Le débat fait rage et il ne m’appartient pas d’apporter une réponse. Force est de constater que dans bien des cas, nous n’avons pas le choix. Pouvons-nous à notre tour supporter de tout payer 20, 30 ou même 40 % plus cher au motif que nous voulons lutter contre cet esclavagisme des Temps modernes ? Une telle augmentation de nos dépenses alors que les revenus stagnent voire baissent pour la majorité.

Nous sommes donc bien privés de notre liberté (de décision), en devant appliquer les schémas imaginés par les entreprises les plus puissantes. Certes nous n’appartenons pas à ces sociétés capitalistes au sens propre, mais avouez quand même que nous ne sommes pas loin de la définition même de l’esclavagisme.