Les violences conjugales

Violences conjugales: Grande cause nationale 2010 !

Ce label a  eté attribué par le Premier ministre, François Fillon. Il permet à des organismes à but non lucratif ou à des collectifs d’associations, qui souhaitent organiser des campagnes faisant appel à la générosité publique, d’obtenir des diffusions gratuites de messages sur les sociétés publiques de télévision et de radio De nombreux comuniqués et spots télévisés sont donc au programme.

Un site internet également: http://www.violencesfaitesauxfemmes.com

De plus,

Notre gouvernement souhaite mettre de nombreuses mesures en place afin d’enrayer ces violences .
Ces mesures porteront sur le renforcement du cadre juridique , la prévention de la récidive ((bracelets électronique…)  ainsi qu’une formation spécifique aux situations de violences au sein du couple sera systématiquement proposée aux professionnels susceptibles de les repérer.
Lutter contre les violences n’est pas chose aisée ..

Afin d’aider une femme victime de violences, encore faut il  le déceler . Et que la personne s’en sente réellement victime. Le déni de la violence est souvent un ultime rempart pour la victime afin de ne pas sombrer dans la détresse morale
L’espoir que l’autre change, la culpabilisation, la peur pour la personne de perdre la garde de ses enfants., de priver ses enfants d’un père,  la peur de représailles, la depression qui pousse à l’immobilisme, la détresse financière, la peur de la réaction de l’entourage sont autant de raisons qui poussent la femme à se taire

un témoignage :
"J’ai ressenti ce que je qualifierai d’espèce de mini-syndrome de stockholms : un sentiment  de fascination macabre pour l’homme qui parvenait à me faire autant de mal. Dans mon imaginaire David était un espèce de sur-homme.
Et puis partir pour aller ou ? Comment etre sure de ne pas etre victime de harcèlement voir de représailles de la part de son bourreau? Voila ce que je répond à tous ceux qui me demandent aujourd’hui pourquoi je ne suis pas partie plus tôt .

J’ai rencontré David alors que j’avais tout juste 16 ans. Il était un peu plus âgé et suivait des études supérieures. Il avait la poignée de main franche quand il saluait les gens en société, le regard droit et l’allure élégante. En privé, c’était un homme charmant bien que très jaloux de la popularité de mes 16 ans .. sourire.  Puis la situation à peu à peu dégénéré .. A la première gifle,deux ans plus tard, j’ai rompu.
Quelques années plus tard, nous nous sommes retrouvés. Au bout de quelques mois, nous nous sommes installés ensemble et nous sommes mis à avoir des projets .. La vie était paisible, David était redevenu le gentil garçon  de mes seize ans .. Je suis tombée enceinte, pour notre plus grand bonheur à tous les deux.
C’est par la suite que les choses se sont gâtées.. Une gifle un soir ou il avait un peu bu, puis rapidement des coups de poings, des coups de pieds, de tringle à rideaux.  J’étais enceinte et je me faisait frapper de plus en plus violemment et de plus en plus fréquemment.

Tout était devenu sujet à violence: un livre qui traîne, un appel d’une amie qui proposait que je la rejoigne boire un café, des dépenses, le fait de me refuser sexuellement à lui .. et surtout cette jalousie maladive qui était revenue crescendo. Les violences étaient accompagnée de pressions psychologiques: Il me jetais régulièrement (enceinte, toujours) dehors de notre domicile, la nuit , en jogging et t-shirt, sans aucun moyen de paiement sur moi.. Il fallait que je supplie pour revenir. Le soir de noël, enceinte de 8 mois, j’ai été jetée à la rue à 2 heures du matin, sitôt la famille partie .. J’ai été autorisée à revenir au domicile, vers 17 heures le lendemain. Il y avait aussi ces petites phrases: "attend que le petit naisse, je te le ferait retirer, ma mère en a le pouvoir, ne l’oublie pas", "enceinte tu ne ressemble plus à rien" et le pompon (j’était alors enceinte de neuf mois) en pleine rue : "je ne veux plus de bébé, attend je rectifie: je ne veut plus de bébé de toi". Un véritable et pervers harcèlement psychologique !

Je me suis rendue au commissariat plusieurs fois.
J’ai fait partie de ces  8 % des femmes victimes de violences  qui osent aller dénoncer leur compagnon à la police. On m’y a répondu qu’il me fallait avant de pouvoir porter plainte une attestation médicale éminent de l’hopital. Bien sur, je ne revenait que très peu porter plainte, exténuée par une nuit de violences, enceinte, désemparée .. Alors je préférais rentrer chez moi ou David m’attendait, rongé par l’inquiétude. A ces moments la, il était gentil, il m’achetait des fleurs, il me promettait d’aller se faire suivre par un psychiatre, se répandait en excuses.. Bien sûr, il était plus facile, dans ma situation de "choisir" cette situation plutôt que l’errance enceinte entre les différentes institutions.. Quand j’avais le visage trop marqué, je ne sortais plus. Personne autour de moi ne se doutait de ce qui m’arrivait.

A l’époque, un slogan m’avait émue:  "1 femme sur 3 est victime de violences conjugales "! Vous qui me lisez, vous avez certainement connu quelqu’un victime de ces violences. Statistiquement, une femme a plus de risques d’être violentée par son conjoint chez elle que par un inconnu dans la rue .
Lorsque mon enfant est né, les violences ont redoublées . Les plaintes que j’avais alors jusque la déposées dans les commissariat pour violences ou menaces de mort  n’avaient jusqu’alors servies à rien. A peine un  policier a sermonné David dans un commissariat .. David faisait parfaitement "illusion" partout ou il allait. J’avais l’impression qu’on ne me croyait qu’à demi-mot.
Le jour meme de mon accouchement, David m’a volé mes papiers d’identité, mon chéquier et ma carte bleue. J’étais devenue sa "chose", formule certes éculée mais tout à fait révélatrice de ce que j’était devenue . La vie continua,  entre les violences, les plaintes au commissariat, les intimidations.. Je vous la fais courte et vous passe les détails..

Jusqu’au jour ou plus énervé qu’à l’ordinaire, pour une futile raison de repas pas
assez assaisonné, David a téléphoné à ma mère sur son cellulaire, la menaçant de nous assassiner mon enfant et moi , si elle ne venait pas tout de suite. Il m’a alors tenue "en joue" un couteau sous la gorge jusqu’à l’arrivée de la police alertée par ma mère..

Cette fois, les choses ont été différentes. Ma mère éffarée d’apprendre mon calvaire insista pour qu’au commissariat je soit éxaminée par un médecin légal qui constata mes multiples ecchimoses, bleus, fractures (doigts).. Cette fois, David est resté au commissariat en garde à vue et a été jugé en comparution immédiate.
Je n’ai pas eu le courage de me défendre . La douleur était trop réçente. J’avais à peine rencontrée mon avocate, un quart d’heure avant l’audience.  Le juge, m’a laissé la jouissance du domicile familial  (mesure qui n’a été possible uniquement parce que j’avais un enfant, sinon j’aurait certainement été à la rue) et a pronnoncé une peine de prison avec sursis, un controle judiciaire  ainsi qu’une  obligation de soin envers David. Pour tout dire, j’étais soulagée de conserver le domicile mais peinée du jugement que j’ai jugé laxiste. Je n’ai pas compris pourquoi une peine de prison ferme n’a pas étée prononçée. Le dernier coup de massue de la journée, je l’ai reçu dans les services de l’AVAD (aide aux victimes
d’actes de délinquance) lorsqu’ils m’ont dit qu’ils avaient des actions pour sensibiliser les délinquants aux sort de leurs victimes, mais qu’en cas de violences conjugales, ils n’intervenaient pas . David n’allait jamais savoir ce qu’était une victime, ce que j’avais ressenti .. Je me suis évanouie.

Par la suite, heureusement pour moi, j’ai trouvé les ressources et le soutien nécéssaire pour me reconstruire. Non sans mal, David est revenu régulièrement chez moi, me menacer voir me battre, créant scandale auprès de mes voisins. Heureusement, il ne s’est plus soucié de notre fils. Je dis bien "heureusement" car j’aurais été alors contrainte de céder à un droit de visite. Connaissant la violence de cet homme, j’aurait eu toutes les craintes à lui laisser notre enfant. Il est très difficile d’obtenir légalement l’autorité parentale exclusive. David est toujours officiellement responsable d’un enfant qu’il n’a pas revu depuis cinq ans.
Depuis, à cause de ses menaces et de ses violences envers moi,  David a été à nouveau jugé et cette fois , il a été condamné à des peines de prison ferme.

Je me félicite d’etre partie. Je préfère ma situation actuelle à la sienne.
Je suis heureuse que mon fils n’ait pas grandi dans ce contexte de violence quotidienne.

J’encourage notre gouvernement à poursuivre la lutte contre les violences conjugales . "

Corine R.

Propos recueillis par Laurence Helaili

Une réflexion sur « Les violences conjugales »

  1. Bonjour Laurence,

    Le récit de Corine est vraiment poignant. Et malheureusement, il n’est pas un cas isolé! 1 femme sur 3…! C’est intolérable!
    Outre la violence physique qui peut médicalement être prouvée, la violence psychologique est plus difficile à démontrer. De nos jours, peu de femmes osent en témoigner. Et bien souvent, ces hommes maltraitants font illusion. Ce sont des manipulateurs, qui font bonne impression à beaucoup de gens et parfois même auprès de la famille proche de la victime, d’autant plus enfermée dans son silence.

    Merci d’avoir retranscrit ce témoignage de Corine. Il fait réfléchir et fait froid dans le dos.
    J’espère qu’aujourd’hui elle a réussi à se reconstruire une vie saine, même si on n’oublie jamais cette barbarie exercée…

    Ange

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