Les résultats du premier tour de la primaire promettaient de lui êtreplébiscitaires, et pourtant il n’en fut rien. François Hollande est bien arrivéen tête au soir du premier tour, mais son avance est moins grande que prévue. Acela, vraisemblablement, trois erreurs qui ; dans l’hypothèse de leurcorrection, pourraient apparaitre comme autant de marges de progression en vuedu deuxième tour.
Et de fait il fut un temps où les sondages pronostiquaient une candidature Hollande fleurtant avec les 45%. On osa parler, dans certains journaux de possibles victoires au premier tour. Au final l’élu corrézien ne se prévaut que d’un très gros 39%.
Alors erreur des sondages ou brusque saut de conscience des soutiens aubryistes, voire intelligence du corps électoral ayant compris qu’à trop écraser une primaire un candidat n’en tire pas toute la légitimité que l’exercice lui confère ?
A coup sûr un peu de tout ça. Mais plus surement aussi trois erreurs tenant à des maladresses de campagnes, de postures ou de diagnostiques de François Hollande lui-même.
Les trois grosses erreurs du candidat Hollande
Tout d’abord l’argument sentant bon la primaire 2006 du vote utile devant aller au candidat le mieux placé pour battre Sarkozy. Si dans son ensemble l’idée fut efficace (Aubry et Hollande, les mieux placés pour cela, totalisant près de 70% des votes), elle contenait un vice caché : celui d’avantager également celle que les sondages plaçaient en seconde position. Sans compter le sentiment de vote forcé, du coté des votants que ce type d’arguments contient. Sentiment protéiforme dans ses effets, tant il peut inciter à faire croire que les jeux sont déjà fait, diminuant d’autant le nombre de votants, tout comme il peut inciter certains d’entre eux à aller vers des candidats plus faibles dans les sondages, par stricte esprit d’indépendance de pensée.
Ensuite l’erreur du diagnostic d’avant campagne voulant, selon Hollande, que cette primaire s’apparenterait davantage à un « choix d’hommes qu’à un choix d’idées ». Le score d’Arnaud Montebourg attestant que les idées ont bel et bien eu leur place. Par ce diagnostic Hollande montrait, certainement, les quelques restes de « l’homme du compromis », pas complètement mort, qu’on lui a souvent reproché d’être.
Et enfin l’erreur de posture lors des différents débats ou prise de parole du candidat Hollande. Mimant la mimique mitterrandienne jusque dans la façon de s’accouder au pupitre, Hollande n’a eu de cesse de revêtir le costume du candidat pas encore investi mais suffisamment sûr de lui pour se croire déjà porteur de la stature du président. Attitude là aussi du compromis, puisqu’elle vise à aseptiser le débat qui n’a pas lieu d’être au regard de la stature de chacun des candidats. Mais surtout attitude faisant croire à une sorte de dédain de Hollande vis-à-vis des autres candidats qui n’est pas toujours du meilleur effet en politique.
Bref autant d’erreurs qui ont pu irriter, mais qui reste corrigeables. On peut même dire que si Hollande veut gagner il lui faudra les corriger. Cela passe par plusieurs choses :
Tout d’abord la fin de l’argument du candidat le mieux placé. Ensuite l’acceptation du fait que les idées comptent au moins autant que les hommes. Ensuite la fin de cette attitude visant à ne pas réellement débattre. Les adversaires de Hollande sur le terrain corrézien ont toujours dit de lui qu’il pouvait être un redoutable débatteur, tenace et agressif. C’est peut être cette mue qu’il va lui falloir acter. Mais attention au risque des coups trop violents dans l’optique de l’après primaire.
Grégory VUIBOUT le 10-10-2011