On n’arrête plus le progrès. Ainsi, l’Education Nationale se prépare à adopter des évaluations, devant détecter les élèves en difficulté d’apprentissage. On ne peut que s’en féliciter, sauf que ces évaluations sont prévues pour les élèves de maternelle.

Certes, plus on détecte une difficulté précocement, et plus les possibilités d’éradiquer ces difficultés sont grandes. On comprend aisément ce genre d’arguments.  Je me sens néanmoins très mal à l’aise avec un tel type d’évaluations, puisque cela me rappelle (aussi étrange, que cela puisse paraître) les arguments, justifiant de la détection de la délinquance parmi les plus jeunes. C’était une proposition, faite par notre président, si je ne m’abuse, il y a quelques mois.

Les tests, si ils sont adoptés, auront donc pour finalité de détecter les élèves en difficulté d’apprentissage. Quelle belle ambition, surtout lorsque la Maternelle reste une spécificité française, qui n’est, du reste, pas obligatoire.

Je ne suis pas un spécialiste ni de l’éducation, ni même de la psychologie des enfants. Néanmoins, je suis, à titre personnel, hostile à ce genre de comportements :

·         Pour commencer, en maternelle plus qu’ailleurs dans le suivi de la scolarité, la différence d’âge des enfants peut être énorme. Ainsi, un(e) élève, née en septembre, sera évalué(e) au même moment qu’un élève, né en juin. A cet âge là, 10 mois de différence restent énormes et seront donc un lourd handicap pour l’enfant.

·         D’autre part, un élève, à 5 ans, se comparera à ses camarades, et quel traumatisme pour un enfant de, découvrir qu’il est « à risques ». C’est tout à fait le genre de signe, pouvant amener l’élève à tout laisser tomber, avant même qu’il ne soit rentré au C.P.

·         Au risque d’en faire hurler certains, je continue de croire, que le comportement de l’enfant à l’école et par conséquent ses facultés d’apprentissage reste de la responsabilité et de l’attitude de ses propres parents. (Il y aurait beaucoup à dire, mais l’enfant s’est construit auprès de ses parents, et il serait illusoire de croire, que l’école peut d’un simple coup de baguette magique tout remplacer).

 

C’est donc, à mon avis, une très mauvaise (bonne) idée, qui a du sortir de l’esprit de technocrates. Ces derniers devraient peut être se pencher sur un impératif bien plus impérieux à mon sens : les classes surchargées. Avec 32, voire 33 élèves en petite section, une maitresse a déjà beaucoup de mal à s’occuper de tous ses élèves. Doit –elle prendre en plus le temps de repérer ces futures difficultés ?

Attention, dans quelques années, on demandera peut – être aux futures mamans de produire les résultats des tests génétiques, pour démontrer que le QI de l’enfant à naître ne présentera pas de dangers pour la société ? Et, si on les laissait vivre un peu, et que comme nous, tous les enfants puissent grandir avec le plus beau des présents : l’innocence et l’insouciance.  Croyez – moi, ils seront, ensuite, tout au long de leur vie, soumis à des stress intenses et variés ?