C’est la, dernière mode en matière d’éducation. On en installe partout dans les écoles primaires. Je vais essayer d’expliquer pourquoi je ne partage pas l’enthousiasme de beaucoup pour ces petits bijoux technologiques.
Je précise que je ne suis pas adversaire de la technologie à l’école, bien au contraire puisque j’étais conseiller TICE avant de prendre ma retraite et que j’ai moi-même formé des enseignants à l’utilisation de TBI.
Mes réserves viennent justement de là, je sais de quoi je parle. Les tableaux blancs interactifs impressionnent le visiteur d’une classe parce que c’est beau, presque magique. Mais je ne vois pas en quoi on va résoudre les problèmes des enfants en difficulté avec ce matériel.
On revient à ce qu’on combattu longtemps, c’est-à-dire la pédagogie où l’enseignant « fait un cours » et les élèves écoutent. De temps en temps, on demandera à un élève de toucher à la chose mais sans réelle efficacité pédagogique. On marche à reculons !
En plus, les TBI quand ils sont installés depuis quelques années sont sous-employés : quand les enseignants voient le temps que prend une préparation de cours, ils rechignent d’autant que beaucoup ont vu les limites de l’outil.
J’en appelle à une pédagogie où l’élève travaille et agit. Là où l’ordinateur permet à l’enfant de prendre les choses en main, en menant des recherches, en écrivant ses textes, le tableau blanc ne lui permet que d’écouter et regarder passivement ce que lui propose le professeur.
D’autant plus que l’outil est cher, il doit être couplé avec un vidéoprojecteur et un PC portable qui ne servira qu’à cet usage. A l’heure où on parle de faire des économies, on se demande si cet argent ne pourrait pas être mieux utilisé. La pédagogie du tape à l’œil n’a jamais donné de bons résultats même si ça permet à certains de faire illusion.
J’attends les démentis !
Vous pouvez lire ici l’avis du professeur canadien Gilles Jobin avec lequel je partage la vision de l’enseignement.
De toute façon Luc Chatel ne jure que par la technologie à l’école, comme s’il cherchait à se débarrasser des écoles pour les remplacer par de la visio conférence.
Bonjour, je suis utilisateur de TBI, professeur de mathématique et je souscris en partie à votre avis. Je vais y apporter quelques nuances :
1. L’utilisation d’un ordinateur par les élèves a déjà suscité ce débat et pourtant…
– Le temps gagné par l’utilisation du TBI permet de s’occuper des élèves en difficulté (voir 3.)
– Les élèves sont durablement attirés par le TBI (comme par le PC d’ailleurs)
– Correction et partage d’un exercice réalisé en classe
– Mise à disposition des travaux réalisés via un site internet par exemple
– Manipulation directe des outils de géométrie dynamique via la suppression du clavier et de la souris
– Exploitation de ce qui a été fait lors d’une cours précédent
2. Le TBI est un outil pédagogique, ni plus, ni moins… Aucun outil ne fait de miracle et ne travaille correctement en lieu et place de son utilisateur. C’est le rôle des enseignant et des personnes qui les forment de leur permettre de l’utiliser de manière efficiente.
3. Je suis convaincu que le TBI doit être l’outil d’UN enseignant afin qu’il puisse l’utiliser en permanence, dans le cas contraire, celui-ci deviendra vite un boulet pour le pauvre prof qui s’était décidé à l’utiliser. Imaginez un peu que l’on vous demande de partager le tableau noir avec vos collègues car l’école n’a pas les moyens d’en acheter d’autres pour l’instant… Si dans un premier temps, la préparation des séquences avec le TBI est longue, elle permet d’en gagner énormément par la suite.
A titre d’exemple et il est simple : vous utilisez un manuel, vous le scannez, vous l’intégrez au logiciel du TBI. Plus besoin de recopier les énoncés. J’apprécie au quotidien le gain de temps procuré. Celui-ci me permet de passer auprès des élèves en difficulté.
4. Le TBI ne remplace pas l’ordinateur, il est son complément. Je ne dispose pas d’ordinateurs en classe, il ne m’est pas toujours possible d’accéder au labo d’informatique, je peux par contre inviter les élèves à utiliser les mêmes logiciels sur le TBI. D’autre part, le TBI me permet également de rendre plus efficace une séance au labo d’informatique. Nous pouvons apprendre à utiliser et manipuler les différents outils que nous y utiliserons à l’aide du TBI.
Les élèves ne sont pas passifs (ou ne devraient pas l’être) devant le TBI, ils l’utilisent, présentent leur préparation d’exercice, en discutent, corrigent en fonction des avis donné, etc.
5. Voici le prix d’une solution complète +/- 1350 € (sans PC).
Certes le montant est important mais moins que ce que certains imaginent. D’autre part, en Education, on ne devrait pas compter… Cependant si on y réfléchit bien, l’Enseignement formant les travailleurs de demain est générateur de toutes les richesses et bénéficie pourtant d’un retour peu conséquent !!!
Merci d’avoir suscité le débat, ma réponse est partielle, j’aurais bien des idées à émettre. 😉
Il y a quelques années, on m’a demandé de faire une conférence sur l’apport pédagogique du TBI par rapport au simple vidéoprojecteur.
Je ne m’en suis pas si bien sorti que cela à l’époque.
Depuis, j’ai acquis une meilleure expérience et je vous propose de réfléchir vous-même à la question. Vous verrez que vos arguments ne tiennent pas.
Je vous accorde cependant que 90% des enseignants n’ont pas vraiment réfléchi à cette question et que par conséquent ils utilisent le TBI de la façon dont vous le décrivez.
L’outil d’enseignement magistral, c’est le vidéoprojecteur, pas le TBI, si on veut bien se donner la peine de comprendre son apport.
Je vous laisse y réfléchir.
Cordialement
C’est sûr qu’il y a plein de critiques possibles sur le TBI:
– Au niveau politique, le TBI – les technologies constituent un alibi qui masque une baisse du capital scolaire ([url]http://www.speechi.net/fr/index.php/2008/09/09/des-tice-vues-comme-symptome-de-la-perte-du-capital-scolaire/[/url])
– Il n’y a pas d’étude réellement probante (1) au niveau des gains du TBI pour les élèves eux-mêmes ([url]http://www.speechi.net/fr/index.php/2008/09/09/des-tice-vues-comme-symptome-de-la-perte-du-capital-scolaire/[/url])
– Il y aurait aussi aps mal de choise à dire sur votre photo: le TBI condamnant une grande partie du tableau et obligeant donc le professeur à « switcher » à 100% vers la technologie – quasiment pour moi une « pédagogie forcée ». Alors que la plupart des enseignants souhaitent utiliser en le TBI en plus des usages traditionnels, pas à la place.
– Ceci dit, a minima, je pense que le TBI améliore à tout coup l’usage du vidéoprojecteur. Et que votre condamnation de la pédagogie « frontale « est aussi un a priori, qui ne repose pas sur des études probantes. Il faut garder une certaine humilité vis à vis du frontal, inventé en gros par Aristote et qui reste aujourd’hui, plus de 2000 ans plus tard, une méthode qui fonctionne. Peut être peut-on faire mieux, mais on ne l’a pas prouvé. si le TBI permet d’animer du « frontal », ce n’est déjà pas si mal, vus les pbs auxquels se heurtent les enseignants aujourd’hui.
Je précise que ma société, Speechi ([url]http://www.speechi.net/fr/[/url]) , vend des TBI sur le marché français.
(1) C’est à dire rassemblant une approche statistique rigoureuse, vérifiable et indépendante des constructeurs de TBI. Voir [url]http://www.speechi.net/fr/index.php/2010/06/21/les-tableaux-interactifs-sont-ils-utiles-a-lenseignement/[/url].
Il faut se poser deux questions :
Désire-t-on que l’enseignant enseigne mieux ?
ou
Désire-t-on que l’élève apprenne mieux ?
Il n’y a pas contradiction, me diront certains. Peut-être pas, mais l’angle envisagé influence grandement la réponse.
Si on croit (et là est bien une croyance) qu’un prof qui enseigne bien implique que les élèves apprennent mieux, alors, évidemment, on remettra un TBI au prof car cela risque d’améliorer sa technique d’enseignement.
Si on croit que pour faire des apprentissages signifiants, c’est l’élève qui doit construire ses connaissances, alors il s’agit de voir comment une technologie DANS LES MAINS DE L’ÉLÈVE peut réussir la chose.
Le point de vue est fort différent. Je préfère mettre mes énergies à tenter de trouver une solution à cette deuxième vision qu’à la première (à laquelle, d’ailleurs, je ne crois pas du tout.)
Je sais bien que plusieurs pensent qu’un bon ENSEIGNEMENT permet aux élèves de mieux apprendre, mais cette idée, même vieille de 2500 ans, n’a pas laissé des traces évidentes de son succès. En tout cas, pas au regard d’une grande proportion d’élèves qui décrochent avant d’atteindre leur secondaire (ici, au Québec).
On pourrait comparer les deux paradigmes à la musique.
Dans le premier cas, on croit qu’un prof est un chef d’orchestre qui met tout en oeuvre pour que chaque musicien exécute parfaitement sa partition. Dans le second, un prof est un facilitateur qui met tout en oeuvre pour que chaque élève imagine, crée et joue sa propre musique.
Le TBI est une baguette de chef d’orchestre.
@Gilles G. Les deux vous semblent-ils inconciliables à ce point ???