Les talibans répondent au communiqué de l’OTAN

Le mouvement afghan des talibans a réagi à l’annonce faite par l’OTAN du retrait de ses forces militaires en 2014. "Cette annonce est irrationnelle”, ont relevé les talibans, “l’OTAN devrait commencer le retrait de ses troupes sans tarder un jour de plus, ce retrait est l’unique solution au conflit qui déchire le pays depuis 2001." Les talibans soulignent qu’avec les derniers renforts arrivés cette année, il y a en Afganistan 150.000 militaires dont un tiers d’Américains.

Si on comprend aisément le souhait des talibans de voir disparaître les forces de l’OTAN qui semblent les seules à encore pouvoir assurer un semblant de cohérence à ce pays, on peut se questionner sur les résultats obtenus par les forces internationales.

 

L’objectif principal de la mission dirigée par les États-Unis qui était, on s’en souvient, la capture du leader d’Al-Qaida s’est soldé par un échec, et nul à ce jour n’est en mesure d’affirmer où se trouve Oussama Ben Laden, ni s’il est encore en Afghanistan ou bien s’il s’est réfugié au Pakistan voisin.

L’élimination du mouvement taliban, qui semblait être un objectif secondaire s’est lui aussi soldé par un échec et si les "?étudiants en religion" ont bien été écarté du pouvoir, s’était pour les y remplacer par le gouvernement de Karzaï, reconnu comme étant un des plus corrompus de la planète.

Quant à la condition des femmes, dont la burqa avait été brandie par tous les gouvernements de la coalition comme l’étendard auquel tous devait se joindre, là aussi les troupes de l’OTAN ont failli et tous les analystes confirment que si le voile est semble-t-il moins visible dans les grandes villes où l’accès aux écoles a de nouveau été permis aux jeunes filles, dans les mentalités et dans les régions rurales, c’est-à -dire quasiment l’ensemble du pays, le statut de la femme est resté inchangé tant pour les conditions de vie que pour l’accès à l’éducation ou aux soins de santé… et ce malgré la présence des troupes étrangères.

Les observateurs ont d’ailleurs constaté que les talibans étaient réapparus dans de nombreuses régions, et même si dans certaines ils se font discrets, les menaces et les actes de violences sont suffisants pour rejeter la gent féminine dans un statut proche de celui de l’animal.

À l’heure ou l’OTAN prépare son retrait en abandonnant à son sort un pays encore plus déchiré qu’avant son arrivée, ce constat désolant était hélas prévisible, car la démocratie et la liberté religieuse sont des choses qu’on ne peut imposer, mais qui doivent être conquise volontairement par l’ensemble de la population.

L’histoire nous a pourtant enseigné que vouloir imposer un modèle culturel totalement différent à un pays, sous prétexte de civilisation, est n’ont seulement une hérésie, mais se révèle de plus un acte d’une violence inouïe dont les victimes mettent parfois de nombreuses générations à se relever.

L’exemple de toutes les anciennes colonies aurait dû inciter nos dirigeants à plus de prudence, mais une fois que la flamme de la guerre brille dans le regard des hommes, plus rien semble-t-il n’est capable de les arrêter… et sûrement pas la raison.

Sources :

 

Pakistan cautiously backs NATO’s Afghan plans, Reuters, 21 novembre 2010
No major strategy shift expected from Afghanistan review, CNN, 21 novembre 2010
NATO envisions post-combat world in Afghanistan, CNN, 20 novembre 2010
Australian security firm accused of Afghan corruption, ABC News, 22 novembre 2010
Working to improve women’s health in Afghanistan, The Guardian, 22 novembre 2010
Gilles Dorronsoro, La Révolution afghane, des communistes aux tâlebân, Khartala, 2000
Gilles Dorronsoro, AFGHANISTAN L’échec occidental, Encyclopædia Universalis, juin 2009
Ahmed Rashid, Le retour des talibans, Delavilla, 2009

Une réflexion sur « Les talibans répondent au communiqué de l’OTAN »

  1. Selma Benkhelifa : « Le mariage à neuf ans, même les Talibans n’y avaient pas pensé !

    »novembre 2010
    La liberté des femmes ! Voilà qui aurait – en partie – justifié la croisade états-unienne en Afghanistan. Le pari est-il réussi ? Qu’en disent les premières concernées, alors qu’un tiers de la population afghane est menacée par la faim ? Selma Benkhelifa, avocate et co-fondatrice du Solidarity Shop, une banque alimentaire qui vient en aide aux veuves afghanes, offre un éclairage nécessaire à travers l’histoire contemporaine du pays.

    [url]http://www.michelcollon.info/Selma-Benkhelifa-Le-mariage-a-neuf.html[/url]

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