La saison s’y prête et les vacances ont déjà commencé dans certaines régions, les sports d’hiver sont la destination prisée de chaque début d’année. Les magasins de sports ou même de grande consommation, ont déballé et mis en avant, en tête de gondole, toute la panoplie adéquate pour partir en famille à la montagne. Une fois la réservation effectuée, les paires de gants, de bottes, la combinaison, les skis et les forfaits achetés, c’est parti pour déferler les pentes enneigées.

 

Afin d’en savoir un peu plus sur le sujet, une petite rétrospective s’impose. L’attrait pour les paysages blancs commence à éclore dans les cœurs des gens qu’à partir du XVIIIème. Les plus fortunés partent en montagne par plaisir, afin d’y faire généralement une petite cure de santé. Prendre l’air frais, c’est tellement revigorant. L’hiver fait toujours peur et c’est seulement en été que les premiers visiteurs pointent leur bout de leur nez. 

 

Les skis ne sont pas une création récente. On constate leur apparition dans des peintures rupestres scandinaves datant de plus de 4000 ans. Cependant pas, ils ne revêtent pas la même forme, le gauche est plus court que le droit, il sert d’appui pour se propulser vers l’avant. Marco Polo en fait mention dans ces récits de voyage. Homme de son temps où mysticisme flirte avec  réalité dès qu’une chose ne fait pas partie de son entendement, il dresse un portrait des skieurs comme étant des créatures bizarres ayant des chaussures maléfiques. 

 

Lors de l’Exposition Universelle de Paris de 1878, les premiers skis s’offrent à la vue de tous. Ils séduisent Henri Duhamel qui en commande plusieurs en Scandinavie et fonde le "Ski club alpin". En 1903, l’Armée voit dans les skis un moyen de faciliter les longues marches à travers des sentes de montagne escarpés et difficiles d’accès. Elle développe ses propres corps tels que les des chasseurs et les fantassins alpins. En 1924, les JO de Chamonix ne sont pas étrangers à son essor et fournissent aux sports d’hiver une publicité internationale. Toutefois, ce type de loisirs restent réservé à une minorité de personnes aisées.

 

Tout comme pour les centrales nucléaires, il existe plusieurs générations de stations où sont pratiqués les différentes activités sportives. La première naît dans ces décennies et prend la forme d’un village noyau, situé à une altitude de 900 à 1200 mètres autour duquel se développent les structures nécessaires pour recevoir et amuser les visiteurs. Ensuite vient la deuxième avec création de toutes pièces de stations. Elles sont placées un peu plus en hauteur, entre 1600 et 1800 mètres.

 

Dans les années 1960, les travailleurs connaissent de meilleures conditions de travail et les salaires sont à la hausse, une situation contraire à celle d’aujourd’hui, par conséquent de plus en plus de familles partent en vacances. Les sports de montagnes connaissent une vague de démocratisation, de ce fait, alors que certains choisissent la plage pour d’autres ce sera la montagne. La troisième génération est née, aidée par une volonté gouvernementale. L’État vient en aide aux promoteurs qui souhaiteraient y installer des infrastructures en facilitant, par exemple, les procédures d’expropriation. Le ski à l’ancienne est remplacé par le ski moderne et technique. La société de consommation appose son hégémonie dans le calme alpin. Le succès est au rendez-vous et plus de 200.000 skieurs d’un jour affluent.

 

Dès 1975, la quatrième génération arrive, les stations deviennent de vrais villages sortis de neige. Les pelleteuses et les bulldozers montent des chalets et des hôtels flambant neufs à côté des villages traditionnels qui tirent profit des retombées économiques importantes ou non selon les épisodes climatiques. Heureusement que des canons à neige sont là pour pallier le manque de neige.

 

Tout est fait pour que les voyageurs se sentent comme chez eux. Basé sur le modèle économique du tertiaire, les restaurants, les établissements d’hébergement, les différents lieux de loisirs et tous les autres aspects techniques pour que le séjour soit des plus agréables sont présents. Parfois cela frôle l’indécence quand on aperçoit les prix prodigués dans les boutiques d’alimentation. Les mêmes produits peuvent varier du simple au triple entre la ville et le site de plaisance.

 

De nos jours, plus de  6 millions de personnes vont taquiner la poudreuse chaque année. Tout cela à un impact nocif sur l’environnement. L’espace de nature qui était encore jusqu’à là immaculé par sa blancheur est souillé par l’activité touristique. La sérénité des paysages alpins est altérée par l’arrivée en masse des touristes.  Le béton a recouvert la neige, les maisons en bois ont remplacé les forêts et les skieurs amateurs ont repoussé les animaux hors de chez eux.

 

L’histoire est pleine d’ironie, alors que pendant des siècles, la montagne n’a inspiré que peur et crainte, le relief constitué de cols, de pics, de crêtes, de ravins, de gouffres et de pentes permettant par la même occasion de prêter refuge aux vagabonds et aux hors la loi, son image a bien changé. Pour des milliers de foyers, elle est devenue l’endroit idéal pour aller s’amuser et passer ses vacances… tout en évitant de se faire une entorse et passer la totalité du séjour cloitré dans le chalet.