Avec la crise dont on nous rebat les oreilles on pouvait imaginer que les Français attendaient avec impatience ces périodes de grands rabais pour "faire le plein".
Hélas pour les commerçants, il n’en est rien. Malgré une attaque massive dès les premiers jours allant parfois jusqu’à -80%, la France reste frileuse. Les clients étaient 70% à profiter des soldes d’hiver en 2009, ils ne sont plus que 58% cette année. Pour continuer avec les chiffres, 10% l’ont fait bien au chaud derrière leur écran, ce qui représente un point de plus par rapport à l’an dernier, 24% en boutique exclusivement (moins 10 points) et le même nombre ont fait les deux (moins 3 points).


Il est indéniable que le pouvoir d’achat, autre grand sujet d’actualité, a certes légèrement baissé, mais le cercle devient plus que vicieux : les plus touchés par ces soldes boudées sont les petits commerçants, loin d’être les plus riches, qui voient donc, en toute logique, leurs propres possibilités financières s’effondrer. Les achats se sont donc massivement orientés vers les grandes surfaces. 

En premier lieu, la proximité du début des soldes avec les fêtes de fin d’année, pourtant traditionnelle, a forcément joué un rôle important dans cette baisse importante. Les Français, et on ne peut que les comprendre, n’ont pas voulu sacrifier leurs réveillons et beaucoup ont économisé dans ce dessein. Pas question de se priver d’un grand repas ni de frustrer les enfants, l’argent est forcément passé dans ces plaisirs annuels.

De plus, de nombreuses d’entreprises ont profité de "LA crise" pour supprimer les primes de fin d’année et autres bonus contractuels, même si leur secteur d’activité n’a pas été touché. Cette malhonnêteté manifeste a joué avec la peur du licenciement, revendiquer son dû revient souvent à être "blacklisté" et à risquer son emploi. Sans ces extras, adieu l’écran plat ou le nouveau réfrigérateur, alors que le patron, lui, ira augmenter les statistiques avec l’argent économisé sur le dos des employés…

On peut également noter une prise de conscience massive (enfin !) de l’impact de l’euro sur l’augmentation des prix. Avant le passage à la monnaie unique, à titre d’exemples, le minimum pour une couse en taxi était de 20 francs. Aujourd’hui, il vous en coûtera 6€, soit environ 39 francs : du simple au double ! 7 minutes de séchage dans une laverie ? De 2 francs à 0,50€, soit environ 3,20 francs. Un ticket de bus en province ? De moins de 5 francs à 1,50€. Les transports vont-ils deux fois plus vite pour expliquer le doublement de leurs tarifs ?? Et tout à l’avenant, d’où le boom des "produits blancs" (sans marque et premier prix) et des hard dicounters.

Mais au final, qu’en est-il vraiment ? La baisse du pouvoir d’achat, dénoncée par les commerçants, n’est pas réellement en cause ! C’est plutôt la peur qui l’emporte. Personne aujourd’hui ne sait ce dont demain sera fait, alors même si l’envie et l’argent sont là, les Français préfèrent thésauriser plutôt que de dépenser, même pour des produits soldés… De plus, les premiers jours étaient sous le signe de la neige et du froid, ce qui a également découragé nombre d’acheteurs potentiels.

Que faire ? Peut-être attendre l’été, ses nouvelles soldes et une crise en régression, ce que promettent tous les économistes. Comme dirait une célèbre enseigne, "Positivons !"