Alors que l’on célébrait à Cuba la Vierge de la charité et du cuivre, patronne de l’île, Fidel Castro − chef suprême de la révolution − lâchait une bombe médiatique en répondant à une interview accordée au journaliste américain Jeffrey Goldberg pour la revue The Atlantic.

En effet, à la question du journaliste lui demandant s’il croyait qu’il était important d’exporter le modèle socialiste cubain, le Commandante lui aurait répondu que le modèle cubain ne fonctionnait même plus pour eux.

Si Fidel Castro a bien mentionné les effets négatifs dus à l’embargo des États-Unis, il n’a pas rejeté toute la responsabilité sur son puissant ennemi − l’embargo ne concernant en effet que les produits et services américains (voir article : Un mot sur l’embargo américain contre Cuba) −.

Quelques jours plus tôt, le leader cubain avait reconnu, lors d’un entretien pour le journal mexicain La Jornada de México qu’il n’aurait jamais dû autoriser la persécution des homosexuels. Il faut se rappeler que dans les années soixante-dix on avait créé dans l’île de véritables camps de concentration où l’on enfermait les homosexuels pour les isoler du reste de la population.

Lors de cette même interview, Fidel Castro a également reconnu son erreur lors de la fameuse crise des missiles, crise durant laquelle il avait demandé à ses amis soviétiques de lancer une attaque nucléaire contre les États-Unis d’Amérique au cas où ceux-ci tenteraient d’envahir Cuba.

Fidel Castro a également critiqué le président iranien Ahmadineyad (pourtant allié de Cuba et de Hugo Chávez) en lui reprochant de nier l’holocauste et ses trop fréquentes déclarations antisémites.

À la fin du mois passé, le chef de la révolution cubaine avait également critiqué les déclarations d’Hugo Chavez qui affirmait que les États-Unis voulaient attaquer son pays à partir de la Colombie, soulignant que jamais Washington ne lancera une attaque contre le Venezuela.

Comme l’ont relevé plusieurs journalistes spécialistes de la question cubaine, les déclarations du vieil homme politique ont de quoi surprendre et en ont laissé plus d’un pantois. Les opposants au régime castriste n’ont pas manqué cependant de critiquer le mea culpa de Fidel Castro, le qualifiant de « larmes de crocodile » et rappelant que : « Fidel Castro a toujours été implacable. Les deux frères sont les deux faces d’une même monnaie. Nous assistons simplement à l’échec flagrant du modèle castriste, copie des formules néo-staliniennes qui avaient échoué en Europe ».

Jeffrey Goldberg, le journaliste qui a recueilli la déclaration la plus fracassante pense quant à lui que les propos de Fidel Castro sont un soutien inconditionnel à son frère Raúl actuellement fort critiqué par les orthodoxes du Parti communiste cubain.

Ainsi, nombreux sont ceux qui pensent que les déclarations de Fidel sont le feu vert donné à son frère Raúl pour poursuivre les tentatives de libéralisation de l’économie cubaine, tentatives désespérées qui remettent parfois en cause les fondements mêmes du modèle cubain (voir article : Cuba, premiers pas vers le capitalisme).

En réponse aux diverses réactions suscitées par ses déclarations, Fidel Castro a rappelé qu’il ne fallait pas mal interpréter ses paroles et qu’en aucun cas on ne pouvait les utiliser pour prétendre qu’il défendait maintenant le capitalisme !

Par la suite, bien que confirmant ce qu’il avait dit au journaliste américain, Fidel Castro a voulu se rétracter, affirmant que le journaliste américain, bien que n’inventant rien, avait pris au pied de la lettre ses paroles, mais que lorsqu’il disait que le modèle cubain ne fonctionnait même plus pour les Cubains, ce qu’il voulait évidemment dire c’était que le capitalisme ne fonctionnait plus pour les États-Unis et pour le monde… ce que prouvaient les crises économiques répétées.

Ainsi pour dire que le capitalisme ne fonctionne plus, le leader cubain aurait affirmé que le modèle cubain ne fonctionnait plus ! Je crois plutôt que c’est une tentative un peu ridicule de Fidel Castro pour rattraper des paroles qui lui ont probablement échappé.

Hélas, cette mise au point ainsi que le traitement qu’en ont fait les médias cubains laissent augurer qu’en dehors du modèle économique, la dictature imposée par la révolution cubaine reste immuable.

Sources :

Fidel: ‘Cuban Model Doesn’t Even Work For Us Anymore’, Jeffrey Goldberg, The Atlantic, 8 septembre 2010

Soy el responsable de la persecución a homosexuales que hubo en Cuba: Fidel Castro, La Jornada de Mexico, 31 août 2010

Fidel Castro critica a Ahmadinejad por negar que haya ocurrido el Holocausto, La Jornada de Mexico, 8 septembre 2010

Fidel Castro: "el modelo cubano no nos sirve ni a nosotros", El Nacional, Caracas, 11 septembre 2010

Fidel Castro: "El modelo cubano ya no funciona", BBC mundo, 8 septembre 2010

Fidel Castro a Ahmadinejad: "El Holocausto no se puede negar", BBC mundo, 8 septembre 2010

Castro matiza sus palabras sobre modelo cubano, BBC mundo, 11 septembre 2010

Ministro de las Inversiones Extranjeras y la colaboración Económica, La Habana, Cuba.