Il existe aujourd’hui de nombreux prix littéraires en France, parmi les principaux: le Goncourt, prix Renaudot, Médicis, Interallié, Femina…Le plus prestigieux étant, il faut bien le reconnaître, le   fameux Prix Goncourt.

La remise du prix Goncourt au lauréat fait le buzz à chaque fois, les journalistes présents lors de la remise du prix sont armés de micros, d’appareils photos, de caméras…Le pauvre lauréat du prix Goncourt devenu un emblême médiatique pour la circonstance.

Ce dernier est quasiment toujours incrédule face à ce qui lui arrive, devant ce déferlement et tient la posture de l’écrivain blasé qui prend pour des fous ces journalistes hérétiques, braquant leurs regards hallucinés sur lui !

Cet écrivain, forcément talentueux doit se sentir alors pris à son propre piège d’une notoriété subite mais pas forcément désirée !

Cette année, le prix Goncourt est revenu à Jérôme ferrari pour son livre intitulé : "Le Sermon sur la chute de Rome". Le résultat est un peu surprenant car il était ‘médiatiquement’ admis que le Goncourt devait revenir à Joël Dicker pour son livre ‘La vérité sur l’affaire Harry Quebert’. Peut-être les votants du prix Goncourt, sûrement une élite littéraire, (du moins se présentent-ils comme tels) ont-ils trouvé trop simple le style d’écriture de Joël Dicker. Peut-être son style n’était-il pas assez clinquant pour l’intelligentsia française qui croit que la légitimité d’un lauréat du Goncourt doit toujours correspondre à un style littéraire alambiqué et sophistiqué.          

   

Personnellement, je vois là une pointe d’orgueil de ceux qui ne détiennent pas, comme la plupart des mortels, le secret du livre parfait, que ce soit sur la forme ou sur le fond. Donc, nous ajouterons à ce précieux orgueil une pinçée de jalousie.

De fait, à quoi sert réellement un prix littéraire aujourd’hui ? Aussi prestigieux soit-il ? A donner une plus grande valeur commerciale au livre du lauréat ? A participer à la lutte entre les grandes maisons d’éditions pour savoir laquelle est la plus prestigieuse, celle qui détient le plus de lauréats ou celle qui fera le plus de succès littéraires et commerciaux attendus grâce aux prix gagnés ? Surtout, chez quelle maison d’édition trouvera-t-on le lauréat du Goncourt, l’auteur prodige, le faiseur de miracles ?

Evidemment, la littérature, dans toute sa noblesse, voit avec le cirque médiatique des grands prix littéraires, l’aspect pécunière l’emporter haut la main sur le prestige !

Cetains grands auteurs, pour des raisons simples ou complexes, mais tout à fait personnelles avaient refusé à leurs époques certains prix prestigieux: Julien Gracq refusa le Goncourt en 1951, Jean-paul Sartre le Nobel de littérature en 1964.

Quant à moi, lecteur raisonnable et patenté, il m’arrive de trouver des pépites d’auteurs quasi inconnus dont la lecture de leurs ouvrages me procure un vrai plaisir. 

Finalement, je crois que le vrai prestige d’un livre, c’est surtout le dernier qu’on a pris du plaisir à lire, qui nous a fait vibrer d’émotions, de sensations, de rêves imaginaires…

Mais la satisfaction d’avoir lu un livre qui nous a plus est complètement subjective et dépend de chacun. Peut-être alors qu’un seul livre, fusse-t-il le prix Goncourt, ne peut pas satisfaire l’ensemble de la communauté des lecteurs…