Les hypothèses fondamentales de l’économie sont basées sur le postulat d’un comportement rationnel des agents économiques.
Il n’y a rien d’étonnant à cela, quand on songe qu’elles datent du célèbre livre d’Adam Smith, "Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations", publié en 1776, si fondamental qu’il est encore étudié de nos jours. Cet ouvrage a fondé l’économie politique au siècle des Lumières , 5 ans avant que Kant finisse de faire triompher la rationalité avec sa "Critique de la raison pure".
Bref, l’Histoire nous enseigne que
Les hypothèses fondamentales de l’économie sont souvent fausses
Adam Smith affirma que tous les agents économiques (personnes, entreprises, banques, Etats…) se comportent constamment de manière rationnelle, en recherchant leur profit maximum dans un marché régi par des lois déterministes.
Selon sa théorie rationaliste, basée sur l’hypothèse d’une concurrence pure et parfaite : La loi de l’offre et de la demande définit rationnellement les prix et quantités échangées.
La main invisible du marché conduit automatiquement à l’équilibre de l’offre et de la demande, et à l’efficacité optimale dans l’allocation des ressources rares et coûteuses que sont la terre, la main d’oeuvre, le capital, etc.
"La théorie économique de l’équilibre général de Léon Walras (« Eléments d’économie politique pure ou théorie de la richesse sociale » de 1874) traduit les écrits d’Adam Smith et son principe de la main invisible en termes mathématiques. Un système d’équations d’offre et de demande décrit les comportements des agents, producteurs et consommateurs. L’égalité entre offre et demande sur les différents marchés correspond à une situation d’équilibre général. Cet équilibre est atteint par un mécanisme de tâtonnement."
C’est cette hypothèse de rationalité des agents économiques qui a présidé à une modélisation de l’économie calquée sur la modélisation de la réalité physique par des lois scientifiques déterministes, modélisation triomphante depuis Newton.
C’est sous l’influence – purement idéologique et sans preuve rationnelle – du modèle triomphant de la prévisibilité des événements physiques, due à la stabilité des lois de la nature,
que les économistes ont schématisé la concurrence réelle sur un marché en l’assimilant à la concurrence pure et parfaite ; c’est aussi pourquoi ils supposent que les prédictions d’évolution des agents économiques suivent le modèle déterministe stochastique des anticipations rationnelles.
Mais ces hypothèses sont souvent fausses. Elles ne peuvent expliquer certains comportements irrationnels comme :
Les investisseurs qui achètent des titres dont le cours en hausse est déjà très supérieur à la valeur économique réelle sous-jacente, cours qui sont voués à baisser lorsque la bulle correspondante éclatera.
De nombreux particuliers américains spéculaient sur une hausse du prix des maisons qui se poursuivrait indéfiniment, leur permettant d’en acheter une très au-dessus de leur capacité de remboursement en espérant la revendre peu après avec bénéfice. Leur confiance en un prix de marché déconnecté du prix de construction et de la capacité de remboursement était aussi irrationnelle et irresponsable que celle des vendeurs de prêts hypothécaires, qui les persuadaient de contracter un tel prêt même si ses échéances seraient au-dessus de leurs moyens deux ans après, ou si les taux d’intérêt montaient.
Les investisseurs qui cèdent à la panique ou à l’euphorie qu’ils éprouvent en pariant sur le fait que d’autres investisseurs réagiront comme eux.
L’absence d’autorégulation des marchés, qui a présidé à la spéculation immobilière et à sa contrepartie bancaire jusqu’à ce que la bulle des spéculations basées sur les produits financiers adossés à des prêts subprimes éclate.
La crise des subprimes a montré que la confiance aveugle en l’autorégulation des marchés financiers est une erreur d’origine idéologique.
Seul un contrôle par une autorité neutre qui a le support de l’Etat et des lois peut empêcher des comportements irrationnels ou irresponsables, comme seule la peur du gendarme peut rendre nos automobilistes prudents. La sagesse consiste alors à doser correctement cette régulation pour empêcher les excès sans décourager l’initiative.
Le libéralisme n’a jamais supposé l’absence de lois et de contrôles, indispensables dans toute société.
Non seulement la concurrence n’est jamais pure et parfaite, mais elle est particulièrement faussée en France.
Dans notre pays, la plupart des politiciens au pouvoir, droite et gauche confondues, et la plupart des syndicalistes, pensent comme M. Sarkozy et beaucoup de Français que la concurrence est nécessairement « sauvage » et profite seulement aux capitalistes ; ils réclament – et obtiennent – de nombreux prix imposés par l’Etat et des interdictions d’installer ou d’agrandir des magasins à grande surface. Cette attitude irrationnelle est basée sur l’ignorance généralisée des mécanismes économiques, ignorance entretenue et exploitée par certains politiciens et syndicalistes.
Le peur des incertitudes : lorsqu’on ne peut évaluer avec précision la valeur du titre d’un fonds parce qu’il contient un pourcentage inconnu d’autres fonds basés sur des prêts subprimes, on n’achète aucun titre à aucun prix. Cette paralysie irrationnelle de la grande majorité des investisseurs laisse le champ libre – et les bénéfices ! – à quelques investisseurs plus entreprenants, qui acceptent d’acheter ces titres à prix cassé à des détenteurs si affolés qu’ils les cèderaient à n’importe quel prix, nous l’avons vu.
Autre exemple de paralysie irrationnelle : on trouve souvent, en bourse, des titres d’entreprises bénéficiaires dont le cours, très inférieur à la valeur des actifs, ne tient même pas compte du potentiel commercial de leur vaste portefeuille de clients. La plupart des investisseurs n’en achètent pas parce qu’ils constatent que les autres investisseurs n’en achètent pas non plus, comportement moutonnier s’il en est. Un investisseur avisé étudie le bilan de l’entreprise, puis l’avis motivé des agences de notation ; et il se souvient que le bon moment pour acheter un titre est justement celui où une majorité d’investisseurs le boude.
La vision mécaniste, déshumanisée, du comportement des agents économiques.
En postulant, par keynésianisme mal compris, qu’il suffit d’injecter X milliards dans l’économie d’un pays pour qu’elle reparte, cette vision oublie que la condition la plus importante du redémarrage d’une économie est la confiance ; c’est cette condition psychologique qui fait que les consommateurs se remettent à dépenser, les banquiers à prêter et les entreprises à investir.
En injectant ponctuellement 168 milliards de dollars (1.2 % du PIB 2007 des Etats-Unis) au moyen de chèques envoyés aux ménages au printemps 2008, l’administration Bush n’a fait repartir l’économie que pendant un trimestre. Dès l’automne, la crise était revenue et le chômage explosait : l’injection ponctuelle n’avait provoqué qu’un feu de paille. Comme le prévoyaient beaucoup d’économistes et des statistiques le confirmèrent, une grande partie de ce cadeau fiscal ne fut pas consacré à des dépenses qui stimulent l’économie : elle servit à payer des dettes ou fut épargnée par précaution.
Pour relancer une économie par injection keynésienne d’argent il faut cibler des secteurs à fort contenu en main d’oeuvre et y financer des commandes pour faire travailler les entreprises en sous-capacité pendant au moins un an ; leurs salariés d’abord, puis les entreprises chez qui ils dépensent leur salaire ensuite, reprendront alors confiance. Il faut aussi que les montants injectés remettent au travail la grande majorité des entreprises de ce secteur, pas quelques-unes : voyant qu’on travaille autour d’eux, ceux qui ont retrouvé du travail croiront la crise finie bien plus que s’ils font partie d’une minorité qui travaille alors que la majorité chôme.
Plusieurs études ont montré que les experts professionnels de la prévision économique ou boursière se trompent très souvent.
Leurs prévisions concernant les évolutions d’indicateurs macroéconomiques ou boursiers, ou l’évolution du cours de bourse d’un titre particulier sont en général redoutablement fausses. On constate que ces prévisions varient beaucoup d’un professionnel à un autre, bien que tous disposent des mêmes informations de base, ce qui ne devrait pas être le cas s’il s’agissait de prévisions scientifiques ; pour s’en convaincre, il suffit de comparer les prévisions de l’indice CAC40 de la bourse de Paris publiées 6 mois à l’avance.
On constate aussi que ces professionnels pèchent toujours par excès de confiance dans leurs propres prédictions, malgré leurs échecs répétés et les pertes qu’ils font subir aux investisseurs qui leur ont fait confiance.
"Plusieurs études confirment l’excès de confiance des investisseurs professionnels [dans leur aptitude à prédire des cours]. C’est ainsi qu’une étude récente a montré que 68 % des analystes financiers se considèrent comme meilleurs que les autres en matière de prévision des bénéfices [des entreprises cotées en bourse] ! J’ai moi-même trouvé que 75 % des gestionnaires de fonds se croient meilleurs que la moyenne des professionnels dans leur activité."
[La confiance d’un gestionnaire de fonds dans sa supériorité sur les autres l’incite à prendre des risques, à parier contre eux des millions de dollars ou d’euros. C’est ainsi qu’ils perdent parfois tant d’argent qui ne leur appartient pas que les media s’en émeuvent, oubliant que les particuliers et les entreprises qui leur confient leurs capitaux dans l’espoir de gains spéculatifs sont aussi coupables ou inconscients qu’eux.]
Adam Smith n’a jamais écrit celà, et cofondre ses travaux avec l’école marginaliste de l’équilibre général de Walras est une erreur et un abus.
Smith ne nie pas la nécessité de l’Etat et du protectionnisme et n’a jamais parlé de « concurrence pure et parfaite » qui est une expression qui apparait dans les travaux e l’école néo-classique de Samuelson (1948) puis avec Arrow et Debreu.
pas un na vus venir la crise, pas un ne peut prédire l’avenir
perso Mme irma et sa boule de cristale feras largement l’affaire