Le mariage traditionnel en Algérie s’inscrit dans la durée. La période annonciatrice est déjà source de joies, et la maison du mariage se pare de bruits, couleurs et odeurs festifs. La maison est nettoyée de fond en comble pour accueillir les invités, même si la fête se déroule le plus souvent dans une salle.

Antérieurement, les familles célébraient le mariage au domicile familial, et c’était une lourde tâche que de recevoir les parents proches parfois jusqu’à une semaine avant le jour fixé. Ils dormaient, mangeaient et buvaient pendant autant de jours qu’il fallait avant, pendant et après la fête. Heureusement, la plupart du temps, cela se passait en été, ainsi on s’accommodait des moyens les plus propices, parfois les plus aléatoires.


Zina, elle, ne s’accommode pas justement de l’aléatoire ; tout doit être bien fait, et tout le monde doit être bien reçu. Pour cela, elle a transformé sa terrasse en vaste salon, avec banquettes et fauteuils à l’appui, et destiné les chambres uniquement au coucher des invités. Parmi ceux-là, des parents vivant hors d’Alger, quelques amis, une sœur et un frère vivant à l’étranger, avec ‘’armes et bagages’’. Ils sont là depuis une semaine, avec leurs enfants. Tous sont heureux d’assister à la fête ; la charge est lourde, mais Zina, avec l’aide de ses deux autres filles non encore mariées, de ses sœurs, et de deux voisines venues donner un coup de main, s’en sort bien. On se lève tôt pour assurer le petit-déjeuner des enfants et des adultes. Le plaisir des yeux commence tôt chez Zina, cafetières dégageant le sublime arôme du café, thermos remplies de lait chaud, madeleines et cakes à volonté ; fleurs et jasmins en parade ; mais on ne touche pas aux gâteaux de la fête, commandés pour la première fois dans une pâtisserie orientale, réputée à Bab-El-Oued.  Pour les fiançailles de sa fille aînée , Zina et sa voisine avaient tout confectionné elles-mêmes : makrouts,  cornes de gazelle, griouèches, dattes fourrées.

Pour le mariage de Rédha, évènement plus conséquent, réunissant un nombre presque incalculable d’invités (250 à 300 personnes, parfois plus), Zina a choisi cette solution, bien que plus coûteuse ; 300 gâteaux aux amandes et noix, de quatre sortes différentes, laarayaches, baklawas, knidlettes, m’khabez, pour mettre dans la boîte à offrir aux invités, sans compter les samsas au miel et les cornets fourrés offerts en fin de cérémonie, ces derniers ayant été façonnés par Zina et ses filles. Et ce n’est pas tout. Il y a les entrées à servir avec les boissons fraîches, ainsi que les dragées importées de Lyon grâce à sa sœur.