III. Les pratiques ancestrales
Comme nous l’avons vu dans la première partie de cet article (Les pratiques ancestrales des Indiens au XXIe siècle – 1), certaines coutumes ancestrales des Indiens doivent être combattues et s’il semble presque certain que les rituels se terminant par un sacrifice humain ont pratiquement disparus, ils restent d’autres pratiques contre lesquelles nous devons lutter, comme les condamnations à mort par lapidation ou comme celle de l’excision du clitoris, cette dernière coutume étant hélas commune parmi les communautés emberas.
Le gouvernement colombien, épaulé par plusieurs O.N.G. œuvrant pour la protection et la défense des droits de la femme, tente depuis plusieurs années de convaincre les autorités indiennes d’abandonner ces pratiques violentes et barbares, mais semble comme prisonnier de ses propres lois défendant les coutumes indigènes.
En effet, comment convaincre les Indiens d’abandonner ces rituels auxquels souvent ils prêtent des vertus magiques ou protectrices ? Dans le cas de l’excision, par exemple, les chamans emberas affirment que si la femme s’agite durant la copulation, cela peut provoquer un tremblement de terre… d’où la nécessité d’enlever cet organe coupable de provoquer chez les épouses des spasmes incontrôlés.
Mais en 2007, et suite au décès de deux enfants de moins de six mois victimes d’une excision pratiquées dans les circonstances d’hygiène que l’on imagine aisément, les autorités ont haussé le ton et le Haut-commissariat pour la défense des Droits de l’homme de l’ONU est intervenu.
Dès lors a été mis en place un programme dirigé par le FNUAP (Fonds des Nations Unies pour la population dont l’objectif principal est de collaborer avec les pays en voie de développement afin de les aider à fournir des services de qualité en terme de reproduction et de planification familiale dans le respect des choix individuels ; ce Fonds est également chargé d’aider à l’émancipation de la femme en lui permettant un accès élargi à l’éducation, aux services de santé et aux possibilités d’emploi.). Ce programme baptisé Embera Wera (femme embera) et développé en collaboration avec les O.N.G. et le gouvernement colombien s’articule autour d’un processus d’éducation et d’information des autorités indiennes d’abord et des femmes de ces communautés dans un second temps.
Grâce à ce programme, les femmes emberas ont appris à leur grand étonnement qu’elles n’étaient pas « juste bonnes », selon leurs propres termes, à avoir des enfants, à faire la cuisine et à fabriquer des poteries ! Comme toujours dans semblables conditions, elles se sont même révélées curieuses de tout, avides d’apprendre, avec dans le regard une flamme nouvelle comme si leurs yeux guéris de la cécité où les avaient enfermées les hommes voyaient déjà plus loin que les limites de la forêt.
Les cours d’éducation sexuelle, dégagés de tout mysticisme, ont réveillé leurs sens, mais surtout leur sentiment maternel et c’est avec une réticence grandissante qu’elles livraient encore leurs filles au couteau du chaman. La colère grondait, les femmes étaient prêtes à se révolter et c’est sous leur pression que finalement les « sages » ont décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre la pratique de l’excision.
Les autorités emberas, apparemment consciente de la gravité et de la dangerosité d’une telle pratique se sont dès lors engagées à consulter les esprits pour découvrir les origines de cette tradition ancestrale afin de déterminer si l’on pouvait l’abandonner définitivement sans offenser les dieux et donc sans risque pour l’espèce humaine.
Finalement, après trois longues années d’efforts, lors d’un acte officiel qui s’est déroulé mardi passé à Pereira, capital du département, en présence du gouverneur, du maire, des représentants du FNUAP et bien entendu des dirigeants emberas, les Indiens ont formalisé leur décision et ont affirmé abandonner définitivement leur coutume d’ablation du clitoris. Cet acte inédit fait de cette communauté emberas la première communauté indigène à officiellement renoncer à cette pratique mutilante.
Esmeralda Ruiz, responsable du projet Embera Wera a assuré que c’était une grande victoire pour les 130 millions de femmes qui souffrent encore de ces pratiques dégradantes à travers le monde, mais que leur mission ne s’arrêtait pas là et que le programme se poursuivrait pour renforcer les droits des femmes au sein de ces communautés.
IV. Le respect des communautés indigènes, oui mais…
Si on doit reconnaître et protéger les diversités culturelles, cela ne doit jamais se faire au détriment des droits de l’homme… droits bien mal nommés lorsqu’il s’agit de ceux des femmes qui en sont bien plus souvent privées que leurs homologues masculins.
Mais en dehors du renoncement à l’excision du clitoris, quelque chose a définitivement changé au sein de cette communauté : la vision que les femmes emberas ont d’elles mêmes. Ainsi, suite à cette intromission dans les affaires indigènes, il est certain que quelque chose de fondamental a été modifié au sein de leur communauté et leur mode de vie en restera profondément marqué.
S’il est des circonstances où notre monde moderne a un devoir d’ingérence, c’est bien dans celles-là et c’est d’ailleurs là où l’on mesure le mieux la différence qui existe entre sociétés dites « civilisées » et « primitives ».
Sources :
Robert Mykle, Colombia’s Sierra de la Macarena, août 1998
Kate Warburton, Embera fear complete extinction of culture, juillet 2009
Hernández Camilo, Emberás. Territorio y Biodiversidad, Programa Semillas, 2001
Teresa Severino, Creencias , usos y costumbres de los indios Emberás, Programa Semillas, 1989
Davantage d’autochtones déracinés en Colombie, HCR, mars 2009
Indígenas prometen abolir la ablación genital femenina, El Espectador, 23 novembre 2010
A unas 8.000 indígenas embera chamí les han cortado el clitoris, El Tiempo, mars 2007
Embera vow to stop female genital mutilation, Colombia Reports, 23 novembre 2010
Los embera erradicarán la ablación genital en sus mujeres, El Tiempo, 23 novembre 2010
Hélas les « civilisés » se sont toujours précipités avec leurs gros sabots ,leur angélisme…
leur évangélisme….à s’ingérer chez lesdits « primitifs ».
Par contre les Gardiens de la nature (dont certains n’exisent pas leurs femmes,ne lapident pas ,etc…)et bien ils ne faut pas qu’ils s’amusent à s’ingérer chez les « civilisés » donneurs de leçons….alors qu’ils ont tellement à nous apprendre ,mais la spécialité des
« civilisés « c’est l’amalgame …