Les peuples dans les rues manifestent et hurlent contre l’austérité

seront-ils entendus pour une autre politique Européenne ?

 

 

Qui aurait pensé lors de l’accord entre les 27 pays qui ont créés la zone euro ou qui y ont souscrits dans le cadre d’une Union Économique et Monétaire, et qui ont adopté l’euro en 1999 comme monnaie unique avec un taux de change MCE II, conçu pour maintenir la stabilité de l’euro avec les monnaies des États, que de tels dégâts, ferait cette discipline budgétaire, imposée par le Pacte de Stabilité et de Croissance ? Qui aurait pensé qu’une gestion saine des finances publiques limitant les risques d’inflation conformément aux critères de convergence de Maastricht aurait conduit dans les rues autant de peuples criant leur désespoir ? Qui aurait pensé que les États membres qui ont accepté un déficit annuel ne dépassant pas 3 % de leur PIB aurait conduit à une telle révolte de leurs citoyens ? Qui aurait pensé que les États qui ont construits cette Europe ne pourraient respecter que leur dette publique ne dépasse pas 60 % de leur PIB ?

 

Aucun des pays membres qui se sont tous emballés du bienfait de cette monnaie unique y voyant le commerce inter Europe, comme facteur d’échange et de croissance, n’a pesé les contraintes budgétaires qui en découlaient. La Grèce en a largement profité au début pour ensuite s’écrouler à la crise des subprimes, il était simple de se rendre compte que les États sont tous différents. Que leur gestion budgétaire leur est propre et différente de celle des autres, que leurs ressources sont également différentes, et que leurs citoyens sont différents. Comment dans ces conditions chaque État peut avoir la même politique de gestion de ses finances que celle des autres, c’est à dire respecter les critères de Maastricht ?

 

Mais peut-on refuser un pays qui demande d’intégrer la communauté, s’il s’engage à respecter le cahier des charges de cette Union, non ? Le problème est que les contraintes budgétaires ne sont pas adaptées à accueillir tous les pays. La rigidité de l’euro constitue l’handicap, pour que tous puissent coexister au sein de cette zone euro. Ces manifestations montrent que telle qu’est régie la zone euro, les peuples du sud la rejette.

 

Prenons la Grèce qui intégra la zone euro en 2002, un pays essentiellement agraire 12 % du PIB, peu industrialisé 22 % de son PIB, et 68 % de services, vivant principalement du tourisme et qui doit acheter beaucoup, donc potentiellement faible. Comment peut-il rembourser sa dette et retrouver un équilibre de ses finances ? Au vu des différents plans de rigueur engagés les uns après les autres, impossible s’il ne peut dévaluer. Quant à rembourser sa dette, il ne faut pas rêver.

 

Pouvait-on prévoir ? Oui, en se rapportant aux parités des monnaies avant d’engager l’Union économique et monétaire.

 

Si l’on peut globalement considérer la richesse d’un pays avec la valeur de sa monnaie, bien que ce ne soit pas exact, comparons quelques parités avant le change avec l’euro au 1er janvier 1999 pour avoir une image.

 

Pour la Grèce, au 01/01/2001, avant qu’elle intègre la zone euro la Drachme grecque valait 1/ 340,750 euros c’est dire la faiblesse de cette monnaie. Si l’on compare avec le Deutsch Mark qui vaut 1/1,95583 euro on constate que la Drachme vaut 0.0057397 Deutsch Mark, presque rien.

 

Pour l’Espagne la Peseta valait 1/166,386 euros, soit 0.011754 Deutsch Mark. Pour la France, le Franc valait 1/6,55957 euros, soit 0,29816 Deutsch Mark. Quant à l’Italie le raisonnement est encore moins exact, la lire n’était pas une monnaie qui exprimait la richesse du pays, une lire valait 0,003387 Franc. En fait le Franc était cent fois le Franc ancien. Si on rapporte la valeur de la lire au Franc ancien elle valait, 0, 3387 ancien franc. L’handicap de l’Italie est le sud, c’est un peu la Grèce, ne vivant que par la richesse du nord, c’est ce que l’on appelle le Mezzogiorno. De ce fait, l’Italie ne pourra, avec ses 61 millions d’habitants, tenir les critères de Maastricht malgré les sacrifices qui lui sont demandés.

 

Ces pays sont donc potentiellement moins puissants que l’Allemagne, la France étant moins affectée, l’euro est donc pour eux une monnaie trop forte. Lorsqu’ils ont adopté l’euro, ils ont monté une marche trop haute, il leur faudrait dévaluer pour avoir du souffle. Or, l’Union économique et monétaire ne le permet pas. De plus, cela reviendrait à l’abandon de l’euro comme monnaie unique, ce que s’opposent de nombreux pays dont la France et l’Allemagne.

 

Qu’ont-ils comme possibilités pour retrouver un équilibre budgétaire autre que réduire les dépenses structurelles ? C’est donc l’austérité qui s’instaure et plus elle est forte et plus la croissance chute et la dette augmente. Il faut bien faire face aux dépenses inévitables et incompressibles. Ce sont des constations simples, l’austérité sans croissance ruine.

 

Chose curieuse, la journée Européenne contre l’austérité eu lieu après la conférence de presse de François Hollande coïncidence ou hasard du calendrier ? François Hollande avait déjà comprit la leçon puisqu’il augmenta les impôts des plus aisés, ce que les autres n’ont fait. Comment sans cela réduire la dette ?

 

C’est l’Europe que nos dirigeants ont construit qui défilait dans les rues, pour qu’ils écoutent les cris de Rome, de Madrid, de Lisbonne, d’Athènes, de Paris….. La faute d’Angela Merkel, pas complètement, par ce que les gouvernements n’ont pas été suffisamment rigoureux. Il est évident, puisque l’on ne peut dévaluer l’euro, il faut que l’étau de Maastricht se desserre afin que ces pays respirent. Mais surtout il faut arrêter cette austérité, d’ailleurs le FMI a tiré la sonnette d’alarme. Il faut que le MES intervienne puisque doté de 700 milliards par l’intermédiaire de la BCE pour réduire voire éponger les dettes qui ne pourront pas être remboursées.

 

En Espagne,

 

Une manifestation monstre a envahi les rues de Madrid. Des centaines de milliers de personnes au moins, selon des estimations de l’AFP, défilèrent dans la capitale Espagnole, à l’appel des syndicats ou rassemblés par la mouvance des indignés face aux barrages de police qui protégèrent la chambre basse du Parlement. Plus tôt, la police anti-émeutes dispersa des centaines de manifestants à coups de matraque et en tirant en l’air des balles en caoutchouc. En début de soirée, 82 personnes furent interpellées et 34 blessées dans des incidents isolés.

 

En Italie,

 

Plusieurs milliers de personnes à Turin, Rome et Milan. Une grève de quatre heures fut organisée à l’appel de la principale confédération syndicale, la CGIL. C’est à Turin, dans le nord du pays, que les affrontements les plus sérieux éclatèrent, lorsque des autonomes ont roué de coups un policier, brisant son casque et lui cassant un bras. Cinq autres policiers furent légèrement blessés à Milan en marge des manifestations.

 

En Grèce,

 

Environ 5 000 manifestants se rassemblèrent à Athènes selon la police. Mais le fait le plus marquant au cours de cette journée fut la charge contre l’austérité du banquier Charles Dallara, sorte de patron des patrons chez les banquiers de la planète. Devant un parterre de banquiers Grecs, l’Américain qui dirige l’Institut de la finance internationale, organisme installé à Washington qui représente les 400 plus grandes banques du monde, estima qu’il était «temps de reconnaître que l’austérité seule condamne non seulement la Grèce, mais l’intégralité de l’Europe à la probabilité d’une ère douloureuse». M. Dallara critiqua sévèrement les cures d’austérité imposées à la Grèce depuis 2010 par ses créanciers, qui n’ont que fait plonger l’économie du pays dans une récession historique cumulée équivalente à une chute de 20 % du PIB. Données tirées du Monde.fr.

 

C’est une claque à ceux qui s’obstinent à clamer cette politique et la rigidité d’Angela Merkel est condamnée par ces manifestations. L’Europe est dans une impasse, les positions de certains pays sont incompatibles, le dernier sommet des 27 sur le budget à montré ses limites. Il avait pour but de financer puis de répartir près de 1.000 milliards d’euros. Les divergences sont apparues entre les Anglais et les Français. Pour David Cameron ce n’était pas le moment de faire du bricolage, il faut tailler dans les dépenses que l’on ne peut se permettre. La PAC fut le sujet de discorde puisqu’elle représente 1/3 des dépenses de l’UE, et profite surtout à la France. François Hollande fixa une ligne rouge, «les agriculteurs Français n’ont pas à être la variable d’ajustement de la négociation» déclara un diplomate Français.

 

Depuis 1984, le Royaume-Uni bénéficie d’un rabais sur sa contribution. Un chèque de 4 milliards d’euros pour 2012 financé par… la France mais aussi des pays en pleine cure d’austérité, Italie, Espagne,….. Visant le Premier ministre Britannique, David Cameron, Hollande a donc fustigé les pays qui «viennent chercher leur chèque, leur rabais, leurs ristournes». De quoi crisper Angela Merkel, qui bénéficie elle aussi d’un rabais. On n’est pas prêt de résoudre les problèmes de cette Europe d’autant que la Pologne et la Croatie envisagent d’intégrer les 17 pays la zone euro. L’Europe devient un machin comme le clamait le général de Gaulle au sujet de la Société des Nations.