LES PETITS MOUCHOIRS
GUILLAUME CANET
EMBRASSADES, RIRES, LARMES, VIN, VACANCES, PLAGES, ETC
UN FILM BATEAU : Ce film dépasse les 3 millions d’entrée. On se demande par quels aveuglements rétiniens et intellectuels ce film a du succès. Il s’agit d’un salmigondis pseudo sentimental des valeurs de la petite bourgeoisie. On sait que le consumérisme, la faculté de se regrouper en association, s’est substitué aux grands groupements politiques et syndicaux dans la mesure où la petite bourgeoisie ne pouvait s’y développer et y trouver son prestige, son aura et son modèle qu’elle éternise, couve, reporte, reproduit bien qu’il s’étiole de plus en plus.
La référence à Claude Lelouch ou à Claude Sautet pèse avec une lourdeur de plomb sur ce film. En effet au lieu d’un homme et d’une femme, s’y composent et s’y décomposent plusieurs couples. Toutes les idéologies les plus conformistes, les fantasmes les plus éculés, les idées les plus reçues circulent et se renforcent au cours de plus de deux heures de pensum. A savoir qu’à l’instar de Claude Lelouch, Guillaume Canet reconduit cette croyance que la petite bourgeoisie présente un modèle incontournable et un objet de désir pour les autres couches, voire les classes socioculturelles.
Cette prétention insupportable trouve sa réalisation dans le jeu des acteurs, dans la répétitivité de leur comportement, dans leurs excès pitoyables, dans leur fausse liberté sexuelle, dans la relation morbide et ratée aux femmes, dans la culpabilité collective due à l’abandon d’un ami et, au-delà de la mort, dans l’assomption faite au groupe sur cette mort même.
Les gros plans abondent de façon à ce que le spectateur puisse décoder sur le champ les éléments affectifs qui déterminent les rapports inter-individuels. Ces rapports baignent dans une sorte de bouillie asexuée fabriquée à partir de confessions, de crises, de rires, de larmes, de rejets ou d’attraits, le tout arrosé de vin de bordeaux.
Le pire provient de la touche homosexuelle présente pour faire ressortir l’hétérosexualité apparente des protagonistes mâles. En effet là où Zabou Breitman avait réussi à introduire le trouble grâce à son film L’Homme de sa vie, Guillaume Canet répète les clichés les plus stupides.
Benoît Magimel, alias Vincent, a dit à François Cluzet, alias Max, l’attirance que ce dernier exerçait sur lui. Lorsque sa femme l’interroge sur le froid qui soi-disant flotte entre les deux hommes, le mari culbute sa femme en guise de réponse, de même qu’il retrouve une soi-disant hétérosexualité en cognant son ami. Le fantasme homosexuel plane sur le film comme faire-valoir de l’hétérosexualité. C’est navrant.
J’ai vu ce film et je ne l’ai pas trouvé aussi formidable que l’annonce la pub. ça me rappelle tout ce qui a été dit et fait pour que « les Chtis » ait le succès incroyable qu’il a eu. personnellement, je n ‘ai pas compris cet emballement excessif pour un film drôle, sans plus. il y a sûrement une raison pour qu’on décide par avance que tel film doit av osi un succès phénoménal.