Il a finalement été inhumé, contre toute attente, le jeudi 29 mars au soir. "Il était Français, qu’il soit enterré et qu’on ne fasse pas de polémique avec ça", déclarait Nicolas Sarkozy quelques heures plus tôt, lors d’un déplacement de campagne dans l’Hérault. Des propos intervenus alors que l’incertitude persistait autour des obsèques de Mohamed Merah.
Dans l’après-midi, la mairie de Toulouse avait en effet annoncé leur report de 24 heures. Et voilà qu’en début de soirée, alors que ni la municipalité toulousaine ni la préfecture de Midi-Pyrénées ne confirmaient la date ni l’heure, on apprenait que Mohamed Merah avait finalement été enterré dans le carré musulman du cimetière de Cornebarrieu, près de Toulouse.
Une crainte : que la tombe de Merah ne devienne un lieu de pèlerinage
"Il y a eu des négociations, nous nous sommes entendus", a brièvement indiqué à l’AFP le représentant du recteur de la Grande mosquée de Paris Abdallah Zekri, peu avant 18h30. C’était sans le maire de Toulouse Pierre Cohen, qui conteste toujours cette décision : "La loi m’oblige à autoriser l’inhumation de Mohamed Merah sur le territoire de la ville de Toulouse. (…) J’ai demandé à l’Etat et à la famille de me proposer une autre solution. En l’absence de réponse, je suis contraint d’appliquer la loi et regrette qu’il soit inhumé à Toulouse" déplorait-il en fin de journée.
La perspective d’un enterrement de Mohamed Merah près de Toulouse a en effet suscité des inquiétudes contradictoires. Beaucoup ont craint que sa tombe ne devienne soit un exutoire pour les expressions de haine, soit un lieu de pèlerinage. Au point d’alimenter un feuilleton à rebondissement depuis que la dépouille du défunt a été rendue à sa famille.
Obsèques d’abord annulées en France jeudi
Ce jeudi midi, tout semblait enfin en ordre de marche pour un enterrement annoncé à 17 heures au cimetière suburbain de Cornebarrieu, situé dans la banlieue de Toulouse (ville dont il dépend administrativement). Il était entendu que Mohamed Merah serait enterré sous une pierre tombale anonyme dans le carré musulman, délimité par des haies et des buissons. En début d’après-midi, une trentaine de gendarmes étaient déjà présente, les uns surveillant l’entrée du cimetière, d’autres plus particulièrement le carré musulman.
Mais vers 15h30, rebondissement. Le maire de Toulouse Pierre Cohen annonce le report des obsèques de 24 heures. Jugeant qu’une "inhumation sur le territoire de la ville de Toulouse n’est pas opportune", il "a interpellé l’Etat à ce sujet", indique alors la mairie dans un communiqué. C’est la deuxième annulation, après le refus de l’Algérie d’accueillir le corps du défunt.
Obsèques également annulées en Algérie jeudi
Car la veille, mercredi soir, c’est encore un autre scénario qui semblait validé : celui d’un enterrement en Algérie. Un choix souhaité d’abord par les parents de Mohamed Merah, soucieux d’inhumer leur fils au pays de leurs ancêtres ; et plus particulièrement par la mère, qui redoutait que la tombe de son fils ne soit saccagée en France.
D’autres voix, dont des proches de la famille Merah, craignaient inversement que la sépulture ne devienne un lieu de pèlerinage. Bien que Mohamed n’y ait pour ainsi dire jamais vécu, de nombreux musulmans pensaient donc qu’il valait mieux l’enterrer de l’autre côté de la Méditerranée.
Le départ pour l’Algérie de la dépouille du jeune homme était annoncé par la famille sur le vol régulier Toulouse-Alger d’Air Algérie, le jeudi 28 mars à 13h15. Mais au petit matin, coup de théâtre : les autorités algériennes refusent de délivrer les autorisations nécessaires.
Un dispositif de sécurité a été mis en place
Raisons invoquées : la sécurité et l’ordre public, a expliqué à l’AFP Abdallah Zekri, le représentant du recteur de la Grande mosquée de Paris. A ce titre, les autorités locales de Medea, la province comprenant le village familial de Bezzaz où Merah aurait pu être enterré, auraient selon lui émis un avis défavorable.
Or la religion musulmane veut que l’on enterre les morts le plus vite possible. Immédiatement avec le refus d’Alger, vers 10h45 jeudi, les proches ont donc formulé une demande d’inhumer auprès de la ville de Toulouse. Le maire a émis les mêmes réserves, estimant que cette décision "est susceptible de troubler l’ordre public et va à l’encontre des efforts qu'(il a) entrepris depuis les événements odieux qui ont endeuillé (la) ville pour rassembler les Toulousains." Mais la préfecture de Midi-Pyrénées assure jeudi soir au "Nouvel Observateur" qu’un dispositif de sécurité a été mis en place. Sans plus de précisions.