Dans le cadre d’une chronique sur le web 2.0 Sur le site Neteco.com, Michel Fantin propose de se pencher sur les liens entre la recherche sur le web et …la recherche scientifique Neteco.com

D’un côté un algorithme qui intéresse les physiciens. De l’autre un logiciel d’intelligence artificielle… Que ce soit Google ou Accoona, serait-on entré dans l’ère du marketing scientifique de la part des moteurs de recherche en quête d’une nouvelle légitimité ?


Baisse de pertinence sous le poids des index, procès pour cybersquatting, fraude aux clics ou « blacklistage » sauvage : malgré un vrai succès économique, les moteurs de recherche ont besoin d’un second souffle. C’est peut-être sur le terrain du « progrès scientifique » qu’ils pourraient se refaire une virginité. Google fait en effet l’objet de travaux dépassant le cadre de l’Internet : largement diffusé parmi les chercheurs, intelligemment publié dans des revues primaires, son algorithme acquiert une aura qui renforce sa crédibilité. Le nouveau venu Accoona se place aussi sur ce terrain ; criant haut et fort que l’intelligence artificielle est l’avenir du search, il affiche sa différence scientifique. Tous deux exploiteraient-ils un nouveau filon marketing ? Le PageRank fait des découvertes L’info témoigne de la puissance de l’algorithme de classement de Google : selon un article publié dans la très sérieuse revue Physics au mois d’avril, le moteur vedette serait tout simplement un nouvel outil pour mesurer… l’intérêt d’une découverte ! En deux mots, la communauté scientifique a pour pratique d’évaluer l’importance d’un travail publié lors de sa sortie, par le nombre de citations dont il fait l’objet dans d’autres articles. Cette technique de comptage manuel, qui aboutit à des indices, n’est pas infaillible : certains « papiers » majeurs ont pu être longtemps « oubliés ». Pour « déterrer » de telles perles, des chercheurs ont appliqué la formule du « PageRank » du moteur de recherche (PR) à la totalité des articles de Physical Review et de leurs citations pendant dix ans, représentée comme un réseau de « nœuds » et de « liens » (respectivement les articles et les citations entre articles). L’algorithme de Google semble plus puissant et plus adapté que la méthode classique. Par exemple « Photon correlations », publié en 1963, se trouvait enfoui dans la littérature avec un indice de citation faible, bien que couronné par un Prix Nobel ! Il vient d’être retrouvé grâce à son PR très élevé. Google pourrait ainsi devenir un nouvel outil très utile à la communauté scientifique pour ne rien laisser passer des travaux majeurs. L’intelligence artificielle classe mieux Accoona joue aussi la carte de la science, « pionnier dans l’usage de l’intelligence artificielle appliquée à la recherche d’information » selon ses dirigeants. L’« IA » concerne la sémantique. « Nous favorisons le sens des mots, ce qui rapproche notre système du cerveau humain » explique Steven Schwartz, CTO. Le moteur essaie en effet de comprendre la requête d’un internaute en considérant bien sûr les mots clés saisis, mais aussi en élargissant de lui-même aux mots apparentés tels que synonymes, éponymes et autres antagonymes… Accoona s’est adjugé la collaboration des deux champions d’échecs russes Anatoli Karpov et Garry Kasparov pour développer (et promouvoir) sa technologie. « Je participe à la recherche en tant que testeur actif en soutien des équipes. Mon expérience des échecs, science où le raisonnement peut être parfaitement modélisé et en permanence affiné, est un atout précieux pour aider à traduire de façon formalisée les étapes d’un raisonnement. » m’a confié dernièrement Anatoli Karpov. Résultat, les liens relatifs aux mots apparentés sont affichés dès les premières pages. « De tels liens, bien que pertinents, n’apparaissent pas chez les autres moteurs de recherche ! » Google qui passe du rang d’outil de recherche à celui d’outil « pour la recherche » ; Accoona qui crée une différence bien réelle par l’intelligence artificielle… La science, caractérisée par sa modestie, son désintéressement et sa remise en question permanente, est synonyme de progrès dans l’esprit commun : le marketing scientifique façon Google et Accoona pourrait apporter à cette industrie un petit supplément de fraîcheur.