Par : Taïeb Hafsi
Le fonctionnement économique est un jeu auquel participent des acteurs avertis, notamment les investisseurs et les autorités réglementaires, et tous les citoyens. Ce jeu est dans ses grands principes relativement simple à comprendre.
Il peut être décrit comme étant la poursuite d’objectifs matériels individuels ou de groupe, par tous les moyens disponibles, mais en restant à l’intérieur de règles établies. Cependant, malgré la simplicité de cet énoncé, la multitude d’interactions qui prennent place entre les acteurs, avertis ou non, crée des situations d’une complexité telles que les relations de cause à effet deviennent obscures. Face à une telle complexité, on a historiquement tenté de construire des systèmes de gestion et de coordination qui reflétaient celle-ci. Ainsi, à titre d’exemple, les socialistes soviétiques ont construit des plans de gestion considérables qui, finalement, ont généré justement ce qu’on ne souhaitait pas, la démobilisation des acteurs. C’est comme ça que le système de planification à la soviétique a englouti le rêve socialiste. Dans le monde capitaliste, il y a eu une approche de gestion plus modeste. D’abord, il y avait l’acceptation de l’idée du marché qui peut, en gros, être ramenée à l’idée qu’en situation de complexité, lorsque chacun défend ses intérêts dans un jeu où les règles sont claires, on obtient une bonne coordination globale de l’activité économique, en tout cas meilleure que lorsqu’on tente de faire de la coordination centralisée. Ensuite, pour éviter que le marché ne dérape sous l’influence des acteurs les plus inquiets ou les plus agressifs, on entreprend une planification minimale dont l’objet est seulement de stabiliser le jeu en donnant plus d’informations aux acteurs et éviter des comportements sauvages liés à l’incertitude. Généralement, cette planification prend la forme d’études et de prévisions économiques, souvent réalisées par les universités et par un conseil d’économistes financé par l’Etat.
Un Gouvernement… gestionnaire du jeu
Dans ce jeu où les règles sont établies, le gouvernement peut alors se comporter comme un acteur dont la mission est de maintenir l’intégrité du jeu. Il devient de fait une sorte de gestionnaire du jeu. C’est là que la compréhension du fonctionnement des organisations complexes devient très importante pour ne pas faire d’erreur. Si le jeu était simple, les relations de cause à effet seraient connues et nous aurions une gestion simple, qui permet au gestionnaire une intrusion judicieuse dans le fonctionnement du jeu. Par exemple, le schéma soviétique de gestion de l’économie par le plan a remarquablement réussi tant que l’Union soviétique se comportait comme un système simple où la convergence des efforts était facile et compréhensible pour les dirigeants. Lorsque le jeu devient complexe, les relations de cause à effet sont obscures. En particulier, lorsque le comportement des acteurs devient imprévisible et que ce comportement lui-même crée un contexte et des situations nouvelles pour tous les autres, le gouvernement est obligé de procéder par petites touches, par approximations successives pour éviter que l’économie ne dérape. Pour faire cela, il a besoin d’informations et d’outils.
En situation de complexité, l’information est forcément imparfaite, constamment remise en cause, et les outils sont aussi imparfaits avec des effets eux-mêmes inconnus ou très approximatifs. Alors, la gestion de l’économie devient une expérimentation permanente. Dans cette expérimentation, travailler à générer l’information sur le fonctionnement de l’économie est une action centrale. Les statistiques, les prévisions des économistes et les analyses qui en sont faites sont des intrants essentiels.
Parmi les multiples outils que l’Etat moderne utilise pour faire cette gestion au mieux, il y a la gestion de la fiscalité, la gestion financière et la réglementation. Le ministère des Finances gère généralement la fiscalité, la Banque centrale gère les aspects financiers, notamment les quantités d’argent en circulation et le taux d’intérêt, et tous les deux ainsi que de nombreux autres ministères introduisent les règlements dans leur domaine d’expertise.
Par : Taïeb Hafsi
Le fonctionnement économique est un jeu auquel participent des acteurs avertis, notamment les investisseurs et les autorités réglementaires, et tous les citoyens. Ce jeu est dans ses grands principes relativement simple à comprendre.
Il peut être décrit comme étant la poursuite d’objectifs matériels individuels ou de groupe, par tous les moyens disponibles, mais en restant à l’intérieur de règles établies. Cependant, malgré la simplicité de cet énoncé, la multitude d’interactions qui prennent place entre les acteurs, avertis ou non, crée des situations d’une complexité telles que les relations de cause à effet deviennent obscures. Face à une telle complexité, on a historiquement tenté de construire des systèmes de gestion et de coordination qui reflétaient celle-ci. Ainsi, à titre d’exemple, les socialistes soviétiques ont construit des plans de gestion considérables qui, finalement, ont généré justement ce qu’on ne souhaitait pas, la démobilisation des acteurs. C’est comme ça que le système de planification à la soviétique a englouti le rêve socialiste. Dans le monde capitaliste, il y a eu une approche de gestion plus modeste. D’abord, il y avait l’acceptation de l’idée du marché qui peut, en gros, être ramenée à l’idée qu’en situation de complexité, lorsque chacun défend ses intérêts dans un jeu où les règles sont claires, on obtient une bonne coordination globale de l’activité économique, en tout cas meilleure que lorsqu’on tente de faire de la coordination centralisée. Ensuite, pour éviter que le marché ne dérape sous l’influence des acteurs les plus inquiets ou les plus agressifs, on entreprend une planification minimale dont l’objet est seulement de stabiliser le jeu en donnant plus d’informations aux acteurs et éviter des comportements sauvages liés à l’incertitude. Généralement, cette planification prend la forme d’études et de prévisions économiques, souvent réalisées par les universités et par un conseil d’économistes financé par l’Etat.
Un Gouvernement… gestionnaire du jeu
Dans ce jeu où les règles sont établies, le gouvernement peut alors se comporter comme un acteur dont la mission est de maintenir l’intégrité du jeu. Il devient de fait une sorte de gestionnaire du jeu. C’est là que la compréhension du fonctionnement des organisations complexes devient très importante pour ne pas faire d’erreur. Si le jeu était simple, les relations de cause à effet seraient connues et nous aurions une gestion simple, qui permet au gestionnaire une intrusion judicieuse dans le fonctionnement du jeu. Par exemple, le schéma soviétique de gestion de l’économie par le plan a remarquablement réussi tant que l’Union soviétique se comportait comme un système simple où la convergence des efforts était facile et compréhensible pour les dirigeants. Lorsque le jeu devient complexe, les relations de cause à effet sont obscures. En particulier, lorsque le comportement des acteurs devient imprévisible et que ce comportement lui-même crée un contexte et des situations nouvelles pour tous les autres, le gouvernement est obligé de procéder par petites touches, par approximations successives pour éviter que l’économie ne dérape. Pour faire cela, il a besoin d’informations et d’outils.
En situation de complexité, l’information est forcément imparfaite, constamment remise en cause, et les outils sont aussi imparfaits avec des effets eux-mêmes inconnus ou très approximatifs. Alors, la gestion de l’économie devient une expérimentation permanente. Dans cette expérimentation, travailler à générer l’information sur le fonctionnement de l’économie est une action centrale. Les statistiques, les prévisions des économistes et les analyses qui en sont faites sont des intrants essentiels.
Parmi les multiples outils que l’Etat moderne utilise pour faire cette gestion au mieux, il y a la gestion de la fiscalité, la gestion financière et la réglementation. Le ministère des Finances gère généralement la fiscalité, la Banque centrale gère les aspects financiers, notamment les quantités d’argent en circulation et le taux d’intérêt, et tous les deux ainsi que de nombreux autres ministères introduisent les règlements dans leur domaine d’expertise.
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