Il n’est pas dans mes habitudes de relayer ici les infos du Post (.fr), encore moins de reprendre la « propagande » (les « éléments de langage ») du PS. Petite exception cette nuit pour la page de « Militante », du groupe « Actif et militant », et afin de cerner un peu la portée du vocable « Woerthgate ».
Bon, d’accord, d’accord, j’avoue. Cette contribution n’est pas tout à fait exempte de « publicité » puisqu’initialement j’ai cru que le « post » de « Militante » était dû à « Nicolina », autre membre du groupe du Post « Actif et militant », qui me fait l’amabilité de me lire régulièrement. Voilà, faute avouée… Mais je ne connais absolument pas « Militante ». En revanche, je trouve que la peine qu’elle se donne pour présenter agréablement ses reprises d’infos mérite d’être saluée. Les limites des possibilités des interfaces des sites de presse en ligne qui proposent des gabarits simplifiés aux contributrices et intervenants sont parfois astucieusement utilisées. Militante n’est pas non plus une godillot lambda du Parti socialiste, et son billet « Pourquoi je ne voterai pas pour la rénovation du PS » (intitulé, avant intervention de la rédaction du Post « Le PS nous prendrait-il pour des imbéciles ? »), mérite aussi d’être consulté. Cette militante n’est pas bécasse.
Le problème du Post, c’est qu’hormis de rarissimes infos exclusives, il ne fait que reprendre et commenter ce qui est paru ailleurs, souvent bien mieux. Là, il s’agit de la reprise textuelle d’un argumentaire de Pierre-Alain Muet, député du Rhône, ancien président-délégué du Conseil d’analyse économique du PS, ancien prof’ à Polytechnique, déjà publiée sur le site du PS. Et c’est un peu sommaire, car répondant aux préceptes de la com’ qui veut qu’il vaut mieux éliminer la complexité, diffuser des messages courts et percutants.
Bien évidemment, Sarközy n’a pas proféré que huit mensonges patents. Ce ne sont que les plus gros, les plus éhontés. Et le Woerthgate, qui ne se réduit pas aux personnes des époux Woerth et consorts, qu’il serait réducteur de personnaliser en utilisant plutôt le néologisme de Sarkogate, c’est tout un ensemble qui, hier plus ou moins toléré, est ressenti à présent insupportable.
Qui recensera, région par région, localité par localité, intervention par intervention, les multiples promesses de campagne du candidat Sarközy non tenues par l’élu Sarközy ? Personnellement, je ne m’en souviens que de deux. L’une, à destination des Savoyards, affirmait que la fréquentation des poids lourds sur les voies de montagne serait considérablement réduite. L’autre, c’était un engagement signé de faciliter rapidement la relocalisation du Cabinet des Poinçons de l’ex-Imprimerie nationale (privatisée par le ministre du Buget du gouvernement Balladur, N. Sarközy). Pour la première, je ne sais. Pour la seconde, j’ai cru comprendre que Jack Lang, bénéficiant ou non d’un coup de pouce élyséen, pourrait, enfin !, mais on ne sait trop quand ni vraiment comment, trouver une solution de compromis, bien en-deça des espérances initiales. Le Woerthgate, c’est qu’on a constaté les priorités de l’action gouvernementale et que l’opinion a l’impression que l’UMP l’avait abreuvée d’idées simples alors que son véritable objectif était de favoriser à tout crin le secteur privé, la bancassurance.
On le voit avec, par exemple, le projet d’imposer une « assurance dépendance », bien sûr par capitalisation privée, qui « garantirait » une somme qui paraîtra peut-être dérisoire aux futures générations du troisième et quatrième âge. C’est là que se situe, que s’expose, le Woerthgate, et toutes les vérités du procureur Courroye ne suffiront pas à l’endiguer.
On le voit avec, par exemple, le projet d’imposer une « assurance dépendance », bien sûr par capitalisation privée, qui « garantirait » une somme qui paraîtra peut-être dérisoire aux futures générations du troisième et quatrième âge. C’est là que se situe, que s’expose, le Woerthgate, et toutes les vérités du procureur Courroye ne suffiront pas à l’endiguer.
Ce qui a peut-être mis le groupe Le Monde et ses actuels repreneurs dans le collimateur de Nicolas Sarközy, c’est peut-être moins de voir le quotidien échapper à l’influence des Alain Minc restés en place ou à proximité que de constater que Le Post reprenait en page d’accueil un argumentaire Militante (pas celui de Pierre-Alain Muet, resté sur la page « perso » de la même ou celle de son groupe).
Qui achète encore Le Monde (passé à 1,40 €), et qui consulte assidûment le site du quotidien ? Le « quotidien de référence », qu’on le veuille ou non, pour de très nombreuses électrices et électeurs, c’est devenu Le Post ou d’autres titres en ligne. Certes, je préfère consulter AgoraVox ou Rue89, ou encore Bakchich Info. Mais ils reflètent moins les battements du pouls de l’électorat. Et c’est encore mieux sur Le Post, ou bien évidemment Come4News, que s’exprime, surtout en réactions et commentaires aux articles ou infos brutes, l’exaspération. L’essentiel du Woerthgate est là. Le phénomène n’est d’ailleurs pas gênant que pour l’UMP, et même le FN le redoute. Le retour d’une expression « collective » d’un genre nouveau, non contrôlé par les relais d’opinion habituels, dérange. Et si des supports tels les quotidiens Le Monde, Libération, ou Le Figaro peuvent feindre de l’ignorer ou en minorer l’importance et la portée, c’est beaucoup plus difficile pour leurs sites « participatifs ».
La lecture muette, parfois grommelante, des quotidiens ou hebdomadaires a en partie vécu. La lectrice, le lecteur lambda qui n’aurait su ciseler un courrier de lecteur et se doutait bien que le sien n’avait aucune chance d’être publié, se lâche. Elle ou il mélange tout, se souvient tout à coup que David Douillet avait été débouté de sa plainte relative à la publication, par Backchich Info, d’une information titrée « Touristes fiscaux aux Liechtenstein ». Rien à voir avec l’affaire du couple Woerth. Le dossier fiscal de Douillet est prescrit ? L’auteur du commentaire n’en a cure. Ce n’est plus d’actualité (avril 2008), mais il se contrefiche de la hiérarchie de l’information, du prima du récent. Il se souvient que Woerth avait demandé à son porte-parole du ministère du Budget de démentir l’information, en bottant en touche. Le Woerthgate, c’est aussi cette mémoire collective qui ressurgit inopinément. Et le Woerthgate gratte là où cela démange le plus…