A force de faire des calculs sans arrêt, les professeurs de mathématiques sont-ils tombés sur la tête?

En effet, leurs méthodes pour enseigner une matière qui n’est pas la préférée de tous sont de plus en plus surprenantes: bientôt, les élèves devront eux-mêmes faire les cours!

Depuis quelque temps, les professeurs de mathématiques se mettent à faire les exercices avant même de faire les cours. Ce mouvement a été initié il y a maintenant de longues années avec les activités proposées en début de chaque chapitre. Ces activités ont pour but de tester les pré requis et de faire deviner, à l’aide d’exercices censés décortiquer tout un raisonnement pas toujours accessibles aux élèves, des notions nouvelles avant même de faire le cours dessus.

 

Cela peut paraître sensé de ne pas laisser les collégiens subir les cours et de leur faire plus prendre part au chapitre, mais qu’en est-il exactement ? La plupart du temps, les élèves ne comprennent pas les énoncés ou ne se souviennent pas des notions requises, quand encore ils les ont vues ! De plus, ces activités ne sont pas toujours très claires même pour une personne connaissant bien les programmes scolaires : en effet, on se demande souvent ce qu’il faut répondre exactement, même en connaissant très bien les notions que l’exercice est censé faire découvrir !

  Plus grave encore, les élèves peuvent se mettre en tête de fausses règles, propriétés ou théorèmes. Comme on garde toujours en mémoire la première impression, si celle-ci est fausse il est plus difficile d’apprendre correctement et de retenir des notions pas forcément évidentes !   Ainsi, l’utilité des activités en début de chapitre reste douteuse. Mais maintenant, une partie des professeurs se met à faire tous les exercices du chapitre avant de faire le cours dessus. Il n’est pas rare de voir un élève faire des exercices destinés à des élèves maîtrisant parfaitement le chapitre alors qu’ils n’ont même pas vu les bases en cours ! Pour le moment, cette nouvelle façon d’enseigner reste assez marginale, mais de plus en plus de professeurs commencent à s’y mettre. Sans parler de ceux qui font les contrôles avant les cours ! Cela peut paraître aberrant mais cela arrive plus souvent qu’on ne le croit.   En outre, ces méthodes surprenantes ne sont pas l’apanage des jeunes professeurs, qui, manquant d’expérience, pourraient croire que c’est mieux pour la pédagogie d’agir ainsi. Non, même des professeurs expérimentés s’y mettent ! Et quand les parents d’élèves se plaignent que leurs enfants n’y comprennent rien car aucun cours n’a été fait, la réponse est toujours la même : ils n’ont qu’à travailler plus !  

Depuis plusieurs années, on entend parler d’un malaise dans l’Education Nationale et qu’il faut donner plus de moyens aux enseignants. Mais l’Education nationale sait-elle se remettre en question ? Ne faudrait-il pas en revenir à des méthodes plus classiques et faire un cours puis des exercices d’application directe et enfin des exercices d’approfondissement pouvant se préparer au contrôle plutôt que de faire l’inverse ? Au lieu de se battre pour inclure le mercredi dans le pont du jeudi de l’Ascension, alors que le mois de mai compte déjà de nombreux ponts, ils feraient mieux de se demander si leur façon de faire permet réellement de transmettre un savoir aux jeunes. Sans quoi, il ne faut pas s’étonner que de nombreux parents préfèrent faire donner des cours particuliers à leurs enfants.