considérations sur la détermination du nombre de manifestants.

 

Je n’ai pas la prétention de résoudre ce problème ou tant de méthodes ont été et sont misent en œuvre par des organismes qui y ont, et depuis très longtemps réfléchit. Ces nombres portent tant de controverses que je veux y apporter ma contribution. Il faut bien admettre qu’entre les syndicats et le ministère de l’intérieur les chiffres annoncés sont tellement différents qu’il devient ridicule même de vouloir faire une comparaison, ce n’est pas le même problème qui est traité quand les écarts sont de 300 %. A Paris c’est même, supérieur puisque les syndicats ont annoncé dernièrement 330.000 manifestants et la police 89.000, c’est 370 %, honteux que syndicats et policiers ne s’accordent pas pour régler une fois pour toute cette divergence. Le site Médiaparte conscient du paradoxe créé par ces chiffres à entrepris sur Paris une expérience afin d’y voir plus clair, et quelle fut sa surprise de constater que 76.000 manifestants auraient défilés à Paris lors de la manifestation du 12/10/10. Bien sûr, Médiaparte n’a pas l’expérience, et le comptage des manifestants est délicat quand ils sont sur un large front. La police et les syndicats sont habitués depuis des années à cette comptabilité. Médiaparte est un site sérieux qui a cherché une vérité, et dans le contexte actuel son initiative ne peut être que bienvenue, il faut le souligner.

Son chiffre est inférieur à celui de la police, ce qui voudrait montrer une exagération des syndicats ce qu’ils refusent d’admettre. De plus, on ne peut accuser Médiaparte de partialité pour les syndicats dans ce cas. Qui a raison, tout porte à croire que finalement la police serait dans une réalité, pas la réalité. Bien sûr on peut toujours contester, d’autant que ce comptage est influencé par l’aspect politique des manifestants et par le gouvernement. Pourtant, il semble aisé d’obtenir une valeur du nombre de manifestants sans chercher des complications tout simplement en les comptants pour le temps de la manifestation à différents endroits du parcours afin de déterminer un débit par unité de temps.

Que sont ces manifestants sinon des molécules dans un mouvement orienté de vidange d’un réservoir. C’est un écoulement élastique, sans bornes précises qui peut être considéré à un tube bordé et ouvert à une extrémité, sa sortie, l’autre étant le réservoir, c’est à dire le lieu du rendez-vous. Le dessin ci-dessous résume ma pensée.

Si l’on place le long du parcours des compteurs à égale distance les uns des autres, et qu’ils comptent le nombre de manifestants passant dans un temps donné sur leur ligne de visée qu’ils représentent, on peut déterminer le débit des personnes passant sur cette ligne. Si le temps pris correspond à celui du cortège sur cette ligne, on a son débit en divisant le nombre de manifestants obtenu dans le temps de comptage qui serait celui de la manifestation à la ligne considérée. Attention, ce temps n’est pas le même pour tous les plans de comptage, puisque eu égard à la longueur du parcours et à la configuration de la chaussée, il y a des variations de densité de manifestants. Au point zéro départ de la manifestation la densité est forte, puis à ce même point, elle se réduit au fur et à mesure que le flot des manifestants s’écoule, pour, peut être s’annuler avant que la tête du cortège arrive au point «n». A l’arrivée au point «n» lorsque la tête de la manifestation est passée, les manifestants se dispersent et la densité de la tête se réduit. Ce seraient les compteurs qui jugeraient à chaque ligne de mesure si la manifestation est terminée, ce qui donnerait des temps différents les uns des autres, d’où des débits, différents tenant compte à la fois du nombre de manifestants et du temps mesurés. Ces débits étant obtenus pour chaque ligne de mesure, il convient d’en faire leur moyenne arithmétique pour uniformisation. Il convient ensuite de déterminer le temps moyen de la manifestation. Ce temps ne peut être que la moyenne arithmétique des temps pris par chaque compteur pour calculer le débit passant par sa ligne. Le nombre total de manifestants de la manifestation serait obtenu par le produit du temps moyen par le débit moyen.

Il n’est nul besoin de monter sur la Tour Effel pour photographier la manifestation, il suffit simplement d’être rigoureux dans le comptage et d’apprécier correctement l’évolution de la manifestation sur la ligne de chaque visée. Pour assurer une meilleure fiabilité au comptage, il suffit d’y placer plusieurs compteurs, de part et d’autre du flot des manifestants à chaque ligne de comptage. Des applications permettraient d’affiner cette méthode qui n’est qu’un raisonnement qui n’a aucune prétention. Plus il y a de comptages plus la précision serait grande, c’est une évidence. Il faut comprendre que le temps de la manifestation n’est pas le temps mis entre le départ et l’arrivée du cortège à l’extrémité du parcours. Au départ il y a un trou et à la fin une queue, et que cette queue n’est pas égale au trou. Il faudrait aussi que chaque personne effectuant le comptage note le temps écoulé entre le début de la manifestation du point zéro et l’arrivée du cortège à sa hauteur ce qui permet de faire un recoupement et de suivre l’écoulement des manifestants de manière à corriger si nécessaire. Les décalages de temps devraient être semblables, eu égard au fait que les compteurs sont également espacés, Les manifestants marchent à une vitesse stable. Si l’appréciation de l’arrivée des manifestants est aisée par contre la fin du cortège ne l’est moins. En outre, en cours de parcours, il y a des personnes qui s’intègrent et d’autres qui quittent la manifestation, la détermination des débits en tient compte si le nombre de compteurs est bien choisit en fonction des rues rejoignant celle de la manifestation. C’est donc un travail minutieux et difficile que de compter les manifestants.

Pendant l’écriture de cet article la manifestation du 15/10/10 s’est effectuée, et les premiers chiffres donnés montrent toujours l’aberration entre ceux de la police et ceux des syndicats. Ils sont pour les syndicats de 3.000.000 et pour la police de 825.000, selon le Monde.fr,soit 363 % d’écart. Pour le gouvernement cette manifestation a le plus bas niveau depuis le 07 septembre, tandis que pour les syndicats, c’est le contraire faisant état d’une mobilisation comparable à celle du 02 octobre. Il serait temps de faire des comptages incontestables.

Pour fixer les idées, on peut, pour un ordre de grandeur, considérer que sur une chaussée de 20 m de large en moyenne peuvent se placer de front 30 personnes occupant une bande de largeur 0,8 m de moyenne. Pour 100.000 personnes dans cette densité, cela représente un cortège d’environ 2.700 m. De la République à la Nation en passant par la Bastille par le boulevard Beaumarchais et la rue du faubourg Saint-Antoine, la distance est légèrement inférieure à 4 km. Cela signifie que 100.000 personnes devraient largement y contenir si la largeur de la chaussée est de 20 m en moyenne. Pour 310.000 personnes à Paris selon les syndicats le 16/10/10, le cortège devrait être de 8370 m et mettre environ 4 heures à une moyenne de 2 km/heure. En partant à 14h30 il arrive à 18 h 30 à la Nation. C’est peut être cette méthode la plus simple et la plus représentative du nombre de manifestants.