Une fois de plus, on constate qu’une grande partie du corps électoral n’est pas très au fait de nos institutions. On est à quelques jours du premier tour des législatives et les candidats ont bien du mal à intéresser leurs électeurs. On prévoit une abstention très importante comme en 2007.

Bien sûr, les Français ont été matraqués pendant des mois et ils estiment qu’en élisant leur président, ils ont fait « le job », mais se rendent-ils comptent que les élections de dimanche sont au moins aussi importantes que le scrutin présidentiel. Du parlement sorti des urnes le 18 juin dépendra le futur gouvernement. Quel que soit le président, il ne peut mener sa politique sans une majorité. Le gouvernement est responsable devant les députés qui peuvent poser une motion de censure à tout moment. La cohabitation n’est pas une bonne solution, on le sait. La situation actuelle est suffisamment compliquée pour ne pas ajouter un handicap supplémentaire.

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il y a concomitance des scrutins. Lionel Jospin qui est à l’origine du quinquennat voulait tout simplement éviter une nouvelle cohabitation. Imaginez Hollande à l’Elysée avec Jean-François Copé comme premier ministre, ça risque de tirer à hue et à dia !

On se demande si une abstention assez forte n’arrange pas les deux principaux partis car elle limiterait le nombre de triangulaires et désavantage le Front National qui voudrait jouer les troubles fêtes. On fait croire que les députés sont surtout utiles dans leur circonscription alors que son vrai travail consiste à rédiger et voter des lois. On sait que le scrutin majoritaire est particulièrement injuste car il exclut de fait la représentation nationale de plusieurs partis qui n’ont pas d’ancrage local ce qui fait que de nombreux électeurs ne se sentent pas représentés. Mais on sait qu’une chambre constituée complètement à la proportionnelle risque bien de ne dégager aucune majorité stable. Il faudra trouver une solution intermédiaire. François Hollande l’a promis, ça pourrait redonner de l’intérêt à cette élection.