Venu d’Espagne où il a pris une certaine ampleur, le mouvement dit des « indignés » arrive en France de façon un peu timide pour l’instant.

Les révolutions des pays arabes ont donné aux jeunes espagnols l’envie de crier leur désarroi. On retrouve en effet bien des similitudes entre les jeunes tunisiens « chômeurs diplômés » et leurs homologues espagnols.   C’est aussi le rejet de la classe politique incapable de résoudre leurs problèmes qui poussent ces jeunes dans la rue. Même le premier ministre espagnol reconnaît que ces manifestations sont justifiées.  44,5 % des jeunes de moins de 25 ans au chômage et ceux qui travaillent ont des contrats précaires, c’est insupportable. C’est une génération entière qui est sacrifiée. En France, c’est un peu moins mauvais avec 25 % de chômage chez les 15-24 ans mais avec de grosses disparités selon les zones géographiques. C’est ce qui explique peut-être le moindre impact de ce mouvement. Par contre si de tels mouvements pouvaient naitre dans plusieurs pays européens comme la Grèce, le Portugal ou l’Irlande, il pourrait y avoir un effet d’entrainement. On peut aussi penser que ce mouvement n’en est qu’à ses débuts, mais la proximité de l’été risque de freiner les ardeurs. Les étudiants et les lycéens, prompts à manifester, sont occupés par l’imminence des examens. Ce genre de mouvement non structuré aura de toute façon du mal à prendre. Internet reste le passage obligé pour coordonner les manifestations. Pour l’instant une bonne vingtaine de villes est touchée. Je pense donc que ceux qui croyaient qu’ un mai 68 était de nouveau possible se trompent. Mais que le gouvernement ne se réjouisse pas trop vite, la colère gronde et la jeunesse en France finira bien un jour par réclamer sa part. Stéphane Hessel, l’auteur du désormais fameux « indignez-vous », rappelle qu’on peut aussi manifester son mécontentement par le bulletin de vote.