Voilà bien une info qui passe inaperçue et pourtant, il s’agit d’un petit évènement. Les inspecteurs de l’éducation nationale sont  des fonctionnaires zélés qui ne font jamais parler d’eux et qui ne font jamais grève. Pour avoir travaillé pendant 6 ans dans une inspection départementale, je peux vous parler de ces cadres de l’éducation, rouages indispensables de la machine.

Souvent, le rôle de l’IEN est très mal connu car on les confond avec les inspecteurs d’académie dont le rôle est pourtant totalement différent.

Les IEN sont les supérieurs hiérarchiques des profs d’école qu’ils inspectent régulièrement tous les trois-quatre ans. Ils pilotent une circonscription de 40 à 50 écoles, soit environ 300 enseignants. Ils ont souvent en plus des missions départementales comme la sécurité ou l’informatique. Ils sont eux-mêmes inspectés par les inspecteurs généraux.

Les IEN sont souvent des anciens « instits », ce qui leur permet de rester en phase avec les collègues sur le terrain. Leur passion, c’est la pédagogie, mais ils sont souvent frustrés car ils passent plus de temps à régler des problèmes, des conflits et à remplir des enquêtes inutiles qu’à conseiller les enseignants. Leur salaire est correct, de l’ordre de 3 000 euros par mois, mais c’est souvent mal payé par rapport au travail démentiel qu’ils abattent chaque semaine.

Alors de quoi se plaignent-ils ? Chargés de faire « passer » les consignes ministérielles, ils ont l’impression d’être pris entre deux feux : entre des réformes qu’ils désapprouvent et des enseignants de plus en plus en colère.

« Malgré les tentatives de la hiérarchie pour nous instrumentaliser, faire de nous les rouages de la politique du gouvernement, je résiste. » explique l’un d’entre eux.

Je suis étonné de voir qu’ils ont attendu si longtemps pour se manifester. Il faut que la coupe soit pleine car combien d’entre eux ont essayé de nous faire croire que la dernière lubie de tel ministre était géniale, souvent en contradiction avec ce qu’ils ont prêché pendant des années.

Combien ont jeté aux orties la méthode globale qu’ils avaient encensée peu de temps auparavant. Et ils sont obligés de nous faire passer la pilule avec force conviction.

Beaucoup adorent leur métier et le gouvernement actuel a réussi à en écœurer beaucoup comme il a écœuré les magistrats et les policiers.