Que peuvent bien signifier les vagissements d’un nouveau-né ?
Cette question reste une énigme que la médecine en dépit de ses progrès ne peut élucider. La cote d’ivoire a connu les pires moments de son histoire ces 10 dernières années, avec au sommet une guerre qui a fait plus de 3000 morts et de nombreux réfugiés. A Duekué, ville située dans l’ouest du pays, les massacres ont été encore plus atroces. Une épuration ethnique s’est opérée sous les yeux de la mission de l’ONU qui a préféré regarder ailleurs. Des villages entiers sont partis en fumée et des hommes ont été brûlés vifs, des femmes enceintes éventrées et leur foetus égorgés. Les images rapportées par les journalistes sont insoutenables et mieux vaut vous les épargner. Les rares survivants doivent leurs vies à la mission catholique de la ville devenue pour la circonstance un camp de rescapés.
Dans ce camp trop exigu pour contenir toutes ces loques humaines fuyant les tueries, des bébés ont vu le jour. La nature ne s’étant pas dérobée à sa tradition d’accomplir la parturition qui survient après la gestation, faisant fi de l’incommodité de l’endroit peu ordinaire qui accueillait ces héros vagissants. Ainsi jusqu’au mois de janvier dernier, 17 bébés avaient vu le jour dans le camp, dont la plupart sont nés posthumes, leurs pères ayant perdu la vie dans les massacres. Aujourd’hui, nous ne savons pas combien ils sont exactement à cause de l’opacité que les nouveaux dirigeant ont mise autour du véritable génocide qu’il y a eu à Duekué.
D’après les nouvelles qui nous parviennent pèle mêle, c’est une vraie chaîne de solidarité qui s’est mise en place autour de ces cas humanitaires. Toutes les associations de défense des droits de l’homme et de la dignité humaine ont fait et continuent de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour sauver ces bébés et leurs mères. En effet une épidémie de cholera fait en ce moment parler d’elle dans les zones les plus sinistrées par la guerre et ces nouveaux-nés sont exposés, surtout à cause des conditions dans lesquels ils sont nés.
Toutes nos pensées sont dédiées à ces héros en miniature qui ont bravé bruits de canon et de missiles pour la vie. Une vie qui s’annonce sans doute difficile pour eux, car leurs mères désormais sans maris devront batailler dur afin d’assurer à leurs progéniture une existence décente dans un pays où tout est à refaire. Et pour ceux qui ont une âme d’humanitaire, sachez que de l’autre coté de la mer, dans le Golfe de Guinée, il y a des bébés dont l’adoption parait être la seule chance de survie.