C’est la nuit, à Montfermeil (Saine Saint Denis). Deux véhicules de police sont en patrouille. Une  quarantaine d’individus décident de s’en prendre aux voitures et à leurs occupants en les criblant de pierres. Rien que du banal dans cette zone sensible de banlieue. Ce qui l’est un peu moins, c’est la présence d’un des occupants de la voiture : Henri Guaino lui-même, conseiller spécial de Nicolas Sarkosy, souhaitant se confronter à la réalité du terrain.

Bilan de l’incident quelques bosses pour les véhicules, les occupants atteints d’une surdité légère (ils n’avaient qu’à penser à prendre leurs bouchons antibruit), mais aucune interpellation. Voila pour le fait divers. Sauf que depuis lundi, cette mésaventure, qui arrive difficilement à trouver grâce aux quotidiens dans les rubriques prévus à cet effet tant elle est courante, est revenu dans l’espace médiatique sous la rengaine « …ah oui la délinquance… ».

Un peu comme on reparle d’un pays africain qui vient de subir un coup d’Etat. C’est loin ; la plupart de ceux qui en parlent ne sont pas touchés ; il est intellectuellement correct d’en débattre ; une démocratie ne peut fermer les yeux sur les excès quels qu’ils soient ; c’est loin, mais ça se rapproche et ça peut nous péter à la figure. Comme tous sujets d’actualité, au (sur)lendemain du bac, on se penche sur les incontournables causes et conséquences. C’est la question des causes qui m’amène enfin à ma théorie.

Quelle température faisait-il à Montfermeil, lors du caillassage des deux véhicules de police ?   Entre 15 et 20°C. Il faisait donc plutôt doux et le ciel était clair. Quand il fait beau et chaud, que font les jeunes sans emploi dans les banlieues ? Ils trainent. Les interventions de policiers d’astreinte en sont un bon indicateur. J’ai pu m’entretenir avec eux, récemment. Et les jours d’astreinte quand il fait beau, ils interviennent beaucoup plus que quand il pleut. L’été, ils interviennent beaucoup plus que l’hiver. Toutes les statistiques sur le sujet le confirment. Par ailleurs, la délinquance dans les pays du sud, à niveau de PIB comparable, est plus importante que dans ceux du nord. Le climat n’est pas le seul enjeu, mais une donnée à ne pas sous-estimer. Alors, amis politiques, quand vous cherchez des moyens d’enrayer durablement la délinquance, sachez que vos décisions font face à un adversaire que vous ne prenez pas en compte aujourd’hui, 1000 fois plus fort que la meilleure des politiques keynésiennes : la chaleur et la sécheresse portés au nu par l’inexorable diminution de la couche d’ozone. Vive le froid ! Vive la pluie !