Les gardiens de prison mettent le holà : interview d’un représentant syndical

 Après le blocage des universités par les étudiants, les gardiens de prisons comptent eux aussi se faire entendre en bloquant les établissements pénitentiaires. Faute d'avoir le droit de grève, ils sont nombreux à avoir pris sur leurs jours de repos pour rejoindre le mouvement. Cette semaine, l’accès aux 194 prisons françaises semble donc compromis. Organisé à l’appel d’une intersyndicale CGT-FO-Ufap, cette mobilisation entend bien dénoncer les conditions de rétention des détenus.

 

 

Pour Ahmed El Hoummas, secrétaire général UGSP-CGT Ile-de-France, il s'agit là de l'expression d'un véritable ras-le-bol général.

En quoi consiste cette mobilisation?
C'est une mobilisation qui regroupe les trois syndicats CGT-FO-Ufap et l'ensemble des personnels pénitentiaires pour dénoncer un ras-le-bol total car les prisons sont en état de surpopulation. Un surveillant gère actuellement 100 à 120 détenus sur une seule coursive à lui seul, il a une énorme responsabilité. Les conditions de travail sont exécrables. C'est pour cela qu'on dit stop car nous sommes nous aussi fonctionnaires, on exerce également une mission de service public. Nous voulons sensibiliser l'opinion afin que les gens soient confrontés à la réalité des faits.

Selon vous, la situation va donc en se dégradant dans les prisons françaises?
Oui, ça ne peut aller qu'en se dégradant. Dans la maison d'arrêt de Fresnes, il y a 1600 places alors qu'ils sont 2400 détenus. Et je ne vous parle pas des autres prisons comme celles de Villepinte ou de la Santé sur Paris… Si on ne change pas la loi pénale, ça ne pourra pas aller en s'améliorant.

Quelles mesures faudrait-il mettre en place afin améliorer à la fois les conditions de travail du personnel pénitentiaire et les conditions de rétention des détenus?
Tout d'abord, on veut une augmentation d'effectifs. Il nous faudrait 2000 personnels de surveillance en plus pour exercer nos missions convenablement. Et surtout on veut une autre loi pénale. Il faut arrêter d'incarcérer à tout va car actuellement les gens ne font que rentrer et sortir, ce qui engendre un fort taux d'occupation des établissements pénitentiaires en France.
Concernant les détenus, la mesure première est l'enfermement individuel. S'il est appliqué, un surveillant aura à sa charge 50 ou 60 détenus maximum, ce sera aussi bien pour le personnel que pour les membres incarcérés.

Concernant l'enfermement individuel que vous évoquez, pensez-vous que la privatisation des prisons soit une bonne alternative?
Non pas du tout. Depuis que les services privés s'occupent de plus en plus des prisons, c'est du bénéfice pour eux. un iquement Cette marchandisation se répercute sur le personnel, que ce soit sur les gardiens ou dans les cantines sur la distribution des repas.

Les syndicats ont rencontré Rachida Dati jeudi dernier. Quel bilan pouvez-vous en dresser ?
On a rencontré la garde des sceaux parce qu'elle voulait désamorcer la bombe avant le mouvement mais cela n'a rien donné. On n'est pas là pour être simplement des caisses enregistreuses et l'écouter parler. On attend des actions concrêtes.

 

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