Les garçons et Guillaume, à table ! spectacle  autobiographique de Guillaume Gallienne qu’il a également adapté au cinéma. Benjamin d’une fratrie de trois garçons, Guillaume est le chouchou d’une mère introvertie, en mal de fille. Résultat, se crée dans ce « couple » une relation étrangement fusionnelle. Entre aliénation exacerbée au regard d’autrui qui lui renvoie une image féminine de sa personne et  mimétisme de sa mère, Guillaume finit par devenir plus efféminé que son modèle. Et avec force subtilité, le tour est bien joué pour combler la frustration de cette mère tant adulée ! 

Il jubile en se mettant dans la peau de l’archiduchesse Sophie d’Autriche qu’il identifie à sa bourgeoise de mère ; il se délecte en dansant avec grâce le flamenco. Même avant de dormir, Guillaume éprouve comme un viscéral besoin de cheviller à son corps cette identité d’emprunt : couette attachée autour de la taille et pull-over pour envelopper la tête. Au désespoir de son père.

D’une docilité sans faille, le personnage dégouline de soumission devant la dictature de la société, le joug de sa mère. La rébellion ne fait même pas partie de ses usages étant donné que tout est acquis, que les interdits à transgresser sont quasi-inexistants. Cependant sa quête d’identité en solo ne sera pas de tout repos, déboussolé qu’il est. Loin s’en faut !  

Un parcours périlleux fait de tâtonnements à l’issue duquel se fera la renversante révélation qui prendra de court tout son monde, en particulier sa mère. En tout cas, pas la moindre trace de rancœur envers ses « tortionnaires », (dont la mère), n’est visible à l’œil nu tout au long du film. A croire que le syndrome de Stockholm s’applique même à ce genre de rapport. A moins que cette façon de crier sur tous les toits, à qui veut l’entendre, sa déclaration d’amour forcené pour sa mère ne soit, à l‘insu de son plein gré, rien d’autre que cet irrésistible sanglot d‘adolescent, longtemps réprimé. 

Pour son premier long métrage, le réalisateur n’a toutefois pas lésiné sur la pudeur, l’humour ou la délicatesse, ingrédients sans lesquels il n’aurait sans doute pas pu se libérer de tous les démons du passé. Quand les mots manquent, les regards, les souffles, les silences, sont là pour pallier au déficit. La musique aussi. Un peu de Wagner, de Verdi. Assourdissante parfois, sans doute à la mesure de la teneur du message à faire passer. 

En cette période où la théorie du genre fait couler beaucoup d’encre, ce film peut faire réfléchir. En particulier ceux qui veulent nous faire passer l’orientation sexuelle comme une sorte d’option en self service ! Ceux qui préconisent un certain vaccin pour tous à inoculer de manière précoce dès les bancs de la maternelle…   

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