Zoom sur les 60% des français qui n’ont pas voté aux Européennes… et sur ceux qui ont voté. L’analyse a été trop vite éludée si ce n’est par les partis relativisant leur débâcle par le mutisme de « leurs » votants. En claire, chacun voulait tirer la couverture de l’abstentionnisme à soi. L’abstentionniste devenant, d’un seul coup, le contributeur en devenir du… Grand Soir. Au-delà des 60% qu’il est facile, sensé, raisonnable d’assimiler à de l’euroscepticisme, les votants ont, si on y regarde de plus près, finalement exprimé plus ou moins le même rejet de l’Europe que ceux qui n’ont pas exercé leur devoir civique. Interprétation et réinterprétation.
1° chute du Modem
Des interprétations ont été faites sur la déconfiture du modem. François Bayrou a affirmé lui-même s’être trompé de combat en focalisant sa campagne sur une critique franco-française tout azimut, alors que les français, contrairement aux précédentes élections dont l’Europe était en arrière plan, auraient manifesté si ce n’est un engouement, du moins un intérêt pour l’Europe Comme déjà dit dans d’autres articles et commentaires, je pense que les résultats du modem viennent avant tout d’un effacement des notions de partis, promu par la plupart des leaders des camps dits modérés. En quelques sortes, le modem perd ainsi sa spécificité. Donnée structurelle amplifiée par une raison conjoncturelle, à savoir la passe d’arme avec Daniel Cohn Bendit auteur d’un fantastique K.O. dans le round des urnes. Pas sûr, finalement, que l’Europe ait eu beaucoup d’importance dans tout ça.
2° succès de l’UMP
Des interprétations ont été faites sur le succès de l’UMP, arrivé je le rappelle, loin devant le 2nd avec 29% des votes (2nd : PS quasi ex éco avec Europe écologie : 14%). Sur les explications avancées, qu’est-ce que l’on peut entendre et retenir?
Il s’agit du vote de la peur. On connait bien le phénomène. Les électeurs ont peu de l’avenir et se replient sur le passé. Et quel parti, mieux que l’UMP, représente le conservatisme (même si c’est une image quelque peu galvaudée) ! Voit-on de l’Europe dans tout ça ? Non. Du nationalisme oui, à rapprocher d’ailleurs avec le score plancher du FN (3%), un holdup de voix hurlait Lepen en 2005.
L’autre motivation, qui aurait incité les français à voter bleu, serait le bilan de la présidence française à la commission européenne. Soit ! Mais qu’est-ce qui reste de ce bilan dans les consciences collectives ? La gestion de la crise au sein de l’Europe et du G20. Sauf, que cette gestion s’est finalement bornée à dire aux autres pays européens : « faites ce que vous voulez, le gendarme Bruxelles fermera les yeux pour cette fois ». Le leitmotiv de la Communauté européenne étant de veiller à l’absence de pratiques anticoncurrentielles entre les pays et aux « équilibres budgétaires » (en vertu des sacrosaints critères de Maastricht), Nicolas Sarkosy a finalement réussi à mettre en pratique ce qu’il a rétorqué à tort et à travers, avant cette présidence : l’Europe n’a pas à s’immiscer dans la stratégie économique et budgétaire de la France. Au passage, c’est grâce à cette cécité que BNP Paribas est devenu, il y a quelques mois, leader européen.
Pour conclure, on pourrait se laisser aller à penser que ce ne sont pas 60% d’eurosceptiques qui ne se sont pas exprimés en France, mais 90% en tout, votants compris.
Et quand il faudra éponger les nouvelles dettes de BNP Paribas, on fera comment ?
En fait, Jef, à part ce qu’elle a dans les paradis fiscaux, qui par définition est inconnu, BNP est un société relativement saine, grâce à une activité « Banque de dépôts » qui l’expose finalement assez peu au fameux effet domino des « subprimes ».